Que faisiez-vous en gendarmerie ?

A l’école de gendarmerie à Châteaulin, je suis sortie parmi les majors de promotion (parmi les filles, j’étais première). Par la suite, j’ai intégré la compagnie de Clermont-Ferrand, dans la COB de Billon, brigade de Saint-Dier-d'Auvergne, où je suis restée un peu plus de 2 ans. Puis, j’ai intégré la compagnie de Montluçon, brigade de Commentry, où je suis restée jusqu'à la fin de mes 5 ans de GAV. J'ai terminé maréchal des logis.

Comment en êtes-vous venue à envisager une transition professionnelle ?

Mon mari est agriculteur, un autre métier très prenant, et nos vies professionnelles respectives devenaient difficiles à concilier : nous avions envie de plus de temps ensemble, de construire un nouvel équilibre. J'ai décidé de mettre un terme à ma carrière en gendarmerie, avec regret car c'est un métier que j'aimais faire et que j'aime toujours. Pour autant, c'est un travail prenant, vous devez avoir de l'endurance mentale et physique car vous enchaînez les heures, vous travaillez les week-ends et les jours fériés, vous passez plus de temps avec vos collègues qu'avec la famille mais à côté de ça, vous savez pourquoi vous le faites. On ne va pas à la gendarmerie parce qu'on a vu de la lumière, c’est un métier qui a du sens. Sans oublier la bonne ambiance que j’ai pu connaître en brigade, et qui joue un rôle essentiel.

Concrètement, comment s’est déroulée votre reconversion ?

J’ai eu un rendez-vous avec le COR de Clermont-Ferrand pour leur expliquer mon projet professionnel, qui était de travailler dans les ressources humaines. J’avais déjà un baccalauréat communication et gestion des ressources humaines, j'ai donc profité du dispositif de reconversion pour obtenir un titre professionnel niveau 3 « assistante ressources humaines », que j'ai passé et obtenu à Beaumont en décembre 2015.

C’était une formation financée par la gendarmerie, qui a duré 6 mois et au cours de laquelle j’ai pu faire un mois de stage : ce dernier a été déterminant, j’ai senti que j’avais trouvé ma voie !

Comment s’est déroulée votre transition professionnelle après l’obtention de votre titre ?

Après avoir obtenu ce titre professionnel, j’ai envoyé des candidatures dans plusieurs entreprises. Avec un peu de chance, mon frère était chauffeur routier à la Scacentre et m’a informée que cette société en cours développement, recherchait une RH. J’ai donc postulé et ma candidature a été retenue.

En février 2016, je suis embauchée à la Scacentre à Yzeure en tant qu’assistante ressources humaines. Il s'agit de la centrale d'achat des magasins Leclerc de la région Auvergne et de trois départements limitrophes (Cher/Nièvre/Saône et Loire). Il n'y avait pas de service Ressources humaines, il a été créé à mon arrivée. Avec de l'ambition, de la rigueur et de l'implication, je suis devenue Responsable du service Ressources Humaines en 2018. Aujourd'hui je travaille en semaine, je ne compte toujours pas mes heures, je suis libre de mon organisation. 

En quoi consiste votre activité aujourd’hui ?

Quand vous êtes RH, vous faites partie de la Direction mais vous êtes aussi proche des collaborateurs. Vous devez veiller à ce qu’ils respectent leurs devoirs envers l'entreprise mais aussi que leurs droits soient respectés. Il faut trouver le juste milieu. Le service RH est un service support, nous sommes là pour aider l'ensemble des services à atteindre leurs objectifs en les conseillant. Pour cela, il faut de la curiosité pour comprendre en quoi consiste leur travail. La Scacentre est une centrale logistique essentiellement, il a fallu que j'apprenne les bases du métier d'un préparateur de commande, un réceptionnaire, un cariste...si vous ne vous intéressez pas au métier de vos collègues vous ne pouvez pas être de bon conseil.

Aujourd’hui, mon poste est très polyvalent avec des missions très variées :

- Réalisation de la paie de 300 collaborateurs

- Négociation et suivi des contrats mutuelles et prévoyances

- Gestion des besoins en personnel, recrutement et gestion des agences d’intérim

- Pilotage de projet divers (en 2020, ouverture d'une seconde plateforme, par exemple)

- Gestion de l'organisation du CSE, participation aux réunions

- Veille à la sécurité des collaborateurs (équipements de protection individuelle, plan d'action, DUER...), etc.

Avoir été gendarme est-il une valeur ajoutée dans votre entreprise ?

Mon expérience en gendarmerie m'a réellement aidée car sur le CV, qui dit gendarme dit « être carré » et dans le métier des ressources humaines, c'est primordial ! De plus, dans ce métier nous faisons beaucoup de juridique, ce qui n’était pas anodin pour moi car j’en ai pratiqué, je sais où aller chercher si une question juridique se présente. Être RH, c’est aussi avoir de la rigueur, tout comme en gendarmerie : chaque écrit est important et doit être vérifié afin de ne pas mettre à porte-à-faux l’entreprise.

Quel est votre conseil pour des candidats en démarche de reconversion ?

Je peux leur conseiller de choisir une branche qui leur plaît et pour ceux qui sont indécis quant à leur future voie professionnelle, faites des stages de découverte en entreprise !

Il ne faut pas hésiter à prendre contact avec un conseiller en reconversion qui peut vous aiguiller dans votre projet professionnel. En plus, les démarches peuvent être longues donc il est préférable de ne pas s’y prendre au dernier moment.

Ne vous mettez pas de barrières, même si vous n’avez pas la formation adéquate pour postuler à une offre, vous avez été gendarme et un gendarme, cela touche à tout. En fonction de votre parcours en gendarmerie et le temps passé, votre profil peut être intéressant pour une entreprise. Vous pouvez avoir le profil pour être « chef d’équipe » ou encore « responsable sécurité ».

Être gendarme est une plus-value pour une entreprise : vous renvoyez une image positive et vous inspirez confiance. Vos compétences sont recherchées, par exemple, votre réactivité, votre bonne gestion du stress… prenez conscience de votre valeur. J’ai quitté ce métier à regret mais je suis heureuse d’avoir pu trouver une voie où mes compétences sont encore mobilisées au quotidien.