FOCUS interview de reconverti accompli

  • Par la rédaction du site gendarmerie nationale
  • Publié le 13 novembre 2023, mis à jour le 13 novembre 2023

Ancienne officière de gendarmerie pendant 15 ans, Gaelle quitte l’uniforme pour la robe d’avocat. Sa volonté : défendre les intérêts des personnes en pratiquant le droit. Son témoignage met en valeur son envie de servir une cause juste, qui lui a permis de dépasser sa crainte du changement. Un nouvel engagement au sein d’un cabinet d’avocats jusqu’à posséder son propre cabinet… ses projets sont ambitieux, et inspirants !

Que faisiez-vous en gendarmerie ?

J’ai fait une carrière de 15 ans en gendarmerie, je suis rentrée en 2007 en tant qu’aspirant de gendarmerie, à un poste de juriste car j’avais un master en droit. A l’époque, l’objectif de mon chef était de remettre de l’ordre dans l’utilisation des fichiers judiciaires et administratifs. La même année, j’ai passé le concours des officiers que j’ai réussi. J’ai choisi à l’issue de ma formation la dominante Police Judiciaire.

J’ai été affectée à la brigade de recherche de Chantilly en tant que commandant de brigade de recherche pendant 4 ans : une première étape passionnante notamment sur l’aspect de criminalité organisée. J’ai ensuite intégré le Bureau de Police Judiciaire à la DGGN où je travaillais sur la doctrine d’observation et de surveillance, le suivi des évolutions réglementaires et législatives.

Quelles sont les raisons qui ont motivé votre envie de changement ?

Sur ce poste à la DGGN, je me suis remise à la pratique du droit ce qui a été une première étape dans mon choix de transition professionnelle : j’avais envie d’exercer le droit. A la suite de la DGGN, j’ai pris le commandement d’une compagnie en Charente-Maritime et j’ai eu un deuxième déclic en côtoyant cette compagnie à taille humaine : j’aimais le contact avec la population et défendre leurs intérêts, ainsi que ceux de mes gendarmes.

Le croisement entre ces deux postes a construit ma réflexion sur une reconversion dans le civil, autour de la pratique juridique et la défense des intérêts des personnes.  C’est ainsi qu’après avoir exercé au sein de la section de recherche à Grenoble, en tant que commandant en second, mon projet s’est concrétisé.

Quelle a été votre démarche de reconversion ?

J’ai utilisé une passerelle pour devenir avocate en passant un examen de déontologie et de pratique professionnelle. Cela nécessitait d’avoir un diplôme en droit et une expérience d’au moins 8 ans consécutifs en juridique ou judiciaire. Disposant de ces deux critères, j’ai pu en bénéficier.

Il m’a fallu ensuite trouver un cabinet d’avocat qui accepterait de me prendre en tant que collaboratrice, à l’issue de l’obtention de mon examen. C’est une belle marque de confiance de la part du cabinet ARMAJURIS que d’avoir appuyé mon dossier de demande, ce qui m’a permis d’obtenir l’autorisation de passer l’examen en mai 2022. J’ai ainsi pu commencer à pratiquer chez ARMAJURIS dans la foulée, dès le 1er juin 2022.

En quoi consiste votre activité d’avocate aujourd’hui ?

Collaboratrice au sein de ce cabinet, je développe ma propre clientèle et ouvre ma propre structure en parallèle. Je fais beaucoup de droit pénal et de droit de la famille (divorce, juge pour enfant, etc.). J’assiste des personnes en garde à vue, lors des audiences et dans le cadre d’informations judiciaires. Au-delà de la défense, c’est tout un travail de suivi du début de la procédure jusqu’à la réinsertion sociale, mon rôle est aussi de prévenir la récidive.

Au sein du cabinet, où nous sommes trois avocats, nous traitons en moyenne 90 nouveaux dossiers chaque mois. Pour ma part, si le pénal m’occupe beaucoup évidemment, j’ai également de nombreux dossiers longs d’affaires familiales. C’est passionnant, et il s’agit d’un travail très prenant. Nous avons également des permanences : cela ne me change pas de la gendarmerie !

Avoir été gendarme est-il une valeur ajoutée ?

Le facteur de confiance du cabinet a été de voir la démarche d’un gendarme qui veut devenir avocat, avec cette expérience d’enquêtes et de police judiciaire ainsi qu’une culture militaire. J’étais inquiète sur l’image que cela risquait de renvoyer, mais l’ancienneté en gendarmerie rassure finalement les clients.

Mon expérience dans l’Institution a développé mon sens du contact et des relations humaines ainsi que ma connaissance des procédures, un apport non négligeable : je reste gendarme dans ma façon d’aborder les choses.

J’ai tenu à être référente auprès de la protection fonctionnelle pour assister des gendarmes lorsqu’ils sont mis en cause ou victimes. Cela me permet de continuer à défendre les gendarmes avec mon nouveau statut d’avocat. J’ai également le projet de mettre en place, avec la région de gendarmerie Rhône-Alpes, des permanences juridiques de consultation pour que les gendarmes aient accès à un avocat. L’avantage de ma transition professionnelle est de comprendre leurs problématiques militaires tout en leur apportant l’expertise juridique.

Quel est votre conseil pour des candidats en démarche de reconversion ?

J’ai eu moi-même très peur d’une reconversion dans le monde civil : c’est un saut dans le vide, mais il y a beaucoup de satisfaction à la fin. Il ne faut pas hésiter à se faire peur et à prendre des risques. Nous avons la chance d’avoir un accompagnement en gendarmerie que d’autres n’ont pas. Cet accompagnement bienveillant est un soutien, ayant participé à la réalisation de mon projet.

Le jour où j’ai prêté serment était très important, ce fut un moment inoubliable. Je me suis de nouveau engagée, mais avec un nouvel uniforme.

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