Immersion au cœur des sélections des Groupes d’observation surveillance
- Par le capitaine Tristan Maysounave
- Publié le 20 mars 2025

Implantés dans toute la France, les Groupes d’observation surveillance (GOS) ont vocation à réaliser des missions d'observation-surveillance nécessitant la mise en œuvre de compétences techniques et tactiques complexes (filatures, poses de balises, sonorisations, etc.). Participant à la matérialisation des preuves, notamment dans le domaine de la criminalité organisée, ils agissent de façon autonome, bénéficiant éventuellement du soutien des unités pour lesquelles ils interviennent, et peuvent agir en appui du GIGN. Les équipiers de ces unités particulières font l’objet d’une sélection spécifique qu’une équipe de Gendinfo a pu découvrir.
Dimanche 19 janvier 2025, Camp de Frileuse, Beynes (Yvelines). Au pied de l’un des bâtiments d’instruction, des gendarmes piétinent dans le froid. Ils sont 140 candidats, officiers et sous-officiers, répartis sur deux semaines, à avoir été retenus. Leurs pensées oscillent entre anxiété et impatience. Des instructeurs leur donnent les premières consignes, vérifient leurs paquetages et récupèrent leurs téléphones portables. Désormais coupés de l’extérieur, ils s’apprêtent à se confronter aux sélections permettant d’intégrer les Groupes d’observation surveillance (GOS). Ils savent déjà qu’une partie d’entre eux ne terminera pas la semaine. Certains abandonneront, quand d’autres seront remerciés, en raison de résultats insuffisants, de fautes éliminatoires ou d’un état d’esprit incompatible avec le métier d’équipier GOS.
Des tests de sélection adaptés au niveau d’adversité
Les tests de sélection, qui ont lieu une fois par an, sont organisés par le Centre national de formation au renseignement et à l'investigation (CNFRI) et le Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). Ils disposent du concours d'instructeurs, commandants et équipiers de GOS, venant de toute la France. Cette année, le contenu a été profondément remanié, comme l’explique la lieutenante Sandrine Caron, directrice des sélections.
« J’ai repris en main les sélections avec le concours de mes camarades de GOS. J’ai souhaité les refondre afin de les adapter à l’adversité à laquelle nous devons faire face sur le terrain. Le niveau de criminalité augmente et les délinquants se montrent de plus en plus déterminés. Afin d’être en mesure de répondre à cette situation, nous cherchons à hausser notre niveau d’exigence, notamment en matière de rusticité. Par ailleurs, pendant de nombreuses années, nous avons recherché des savoir-faire chez les candidats. Schématiquement, nous leur mettions un appareil photo entre les mains et nous leur demandions de prendre une photo lors d’un cas pratique. Ils ne savaient pas forcément utiliser nos outils, et cette méthode induisait une iniquité en fonction de l’unité d’origine des candidats. Aujourd’hui, nous recherchons avant tout des savoir-être. »
Deux marqueurs irriguent ainsi les sélections : la rusticité et le caractère imprévisible des épreuves.
« Les semaines de sélection ont été organisées en janvier afin de tester l’endurance des candidats au froid », précise la lieutenante. Il s’agit de conditions, parfois extrêmes, qu’ils pourront avoir à affronter s’ils sont amenés à servir en GOS. Les équipiers doivent en effet fréquemment effectuer de longues surveillances, embusqués dans la végétation ou sur un toit par exemple. Ils ne peuvent pas bouger, au risque d’être « détronchés » (mot employé dans le jargon policier pour exprimer le fait de se faire repérer, NDLR), et peuvent avoir à supporter des conditions d’humidité ou de froid particulièrement difficiles. Il en est de même lorsque ces surveillances sont effectuées à bord d’un soum (cette abréviation de sous-marin désigne un véhicule servant à la surveillance discrète de suspects, NDLR). Les équipiers sont alors enfermés dans « la caisse » pendant de longues heures, parfois de manière très inconfortable, sans possibilité de se rendre aux toilettes, de dormir ou de se dégourdir les jambes. Bien qu’éprouvés par la fatigue et l’attente, ils doivent rester concentrés et lucides afin de ne manquer aucun détail utile à l’enquête. Cette situation est rendue d’autant plus difficile que les délinquants connaissent les techniques employées par les enquêteurs et tentent fréquemment de les déjouer.
Les candidats sont également confrontés à l’inconnu. En effet, bien que certains thèmes soient incontournables de la formation (engagement physique, ateliers d’observation surveillance, entretien avec les instructeurs, etc.), ils ne connaissent pas le déroulé de la semaine, ni les épreuves auxquelles ils seront confrontés. Il leur est donc difficile de gérer leur fatigue ou leur engagement, ce qui induit du stress supplémentaire. Ce sont justement des contraintes que connaissent les équipiers en GOS.
« En GOS, la principale contrainte est la disponibilité, confirme Tess, affecté au GOS d’Île-de-France. Les heures et les missions sont imprévisibles. On sait quand on commence, mais on sait rarement quand on finit. C’est la target (l’individu qui fait l’objet de la surveillance, NDLR) qui dicte le rythme. »
Rechercher un savoir-être
« À mon sens, l'observation surveillance, ce n’est ni plus ni moins qu'une opération militaire réalisée en décontraction la plus totale afin de passer inaperçu aux yeux de tous, dont l’objectif principal est la quête du renseignement pénal, explique Forest, affecté au GOS d’Île-de-France. On recherche un candidat qui a des connaissances en police judiciaire, qui va savoir se positionner sur le terrain, qui est capable de communiquer et de mettre en œuvre des actes propres à une opération militaire dans le respect du cadre légal. »
La semaine de sélection est jalonnée d’exercices pratiques et de mises en situation dont l’objet est justement de détecter un savoir-être indispensable à la formation du gendarme appelé à servir en GOS.
« Cette année, nous avons remis des épreuves en piscine, explique le lieutenant Gaël, commandant le GOS de Pontcharra. Sans dévoiler leur contenu, je dirais que le très bon nageur nous intéresse peut-être moins que celui qui ne sait pas très bien nager mais qui se dépasse en se confrontant aux épreuves. C’est cette forme d’engagement que nous recherchons et pas nécessairement la performance extrême. »
Cette capacité à se dépasser fait partie des qualités majeures recherchées chez un candidat tout au long des sélections. « Au cours de la semaine, les candidats sont confrontés à une épreuve de boxe, explique le major Joey, affecté au GOS de la Section de recherches des transports aériens (SRTA) de Paris-Charles-de-Gaulle. Il s’agit clairement d’une épreuve d'engagement physique où nous cherchons avant tout de la combativité. Nos missions impliquent une prise de risque. L’équipier en GOS doit être capable de se défendre si ça tourne mal sur le terrain, c’est aussi ce qu’on souhaite leur faire comprendre à travers cette épreuve. L’avantage de la boxe, c’est qu’il s’agit d’un sport noble qui véhicule des valeurs de résilience et de combativité. Bien que les candidats doivent se dépasser individuellement, nous demandons aux adversaires de veiller l’un sur l’autre à l’issue de la confrontation. La cohésion est fondamentale au sein des GOS, elle se crée notamment dans l’adversité. Nous leur faisons toucher du doigt que le groupe importe autant que l’individu et que, même s’il s’agit de sélections, l’esprit de camaraderie est également important. »
« Par ailleurs, nous n’évaluons pas spécifiquement les connaissances des candidats, mais nous recherchons avant tout celui ou celle qui fait preuve de curiosité et qui semble capable de progresser, notamment en suivant les formations indispensables afin de devenir équipier en GOS, précise le chef d’escadron Christophe Ciszewski, conseiller observation surveillance au sein de la Direction générale de la Gendarmerie nationale (DGGN). Il s’agit en effet d’une qualité importante en GOS, notamment en ce qui concerne le domaine des nouvelles technologies. Celles-ci sont en effet devenues incontournables dans ce métier de « Gosman » (nom donné à l’équipier en GOS, NDLR) et présentent une technicité de plus en plus élevée. »
Intégrer une filière d’excellence
Pour les futurs équipiers de GOS, les sélections ne constituent que le début d’un long parcours du combattant. En effet, les candidats sélectionnés devront ensuite suivre une formation de dix semaines ainsi que plusieurs formations complémentaires à leur arrivée en unité.
« En général, ils sont environ une trentaine à obtenir le brevet à l’issue des sélections sur les 150 candidats initiaux, explique le capitaine Bill, affecté à la Force observation recherche (FOR) du GIGN. Le GIGN conduit, en partenariat renforcé avec le CNFRI et les formateurs GOS, l'ensemble des actions de sélection et de formation des militaires (officiers et sous officiers) des GOS. Le GIGN enseigne les modules dits d'expertise liés à l'observation surveillance, aux infiltrations, au camouflage, à la pose de capteurs dans des milieux sensibles, ainsi que les modules interpellation, conduite de véhicule, filature moto, comportement non policier (consistant en des cours de théâtre permettant d’apprendre aux stagiaires à adapter leur comportement aux endroits dans lesquels ils se trouvent). Il assure également la formation des équipiers et des chefs d'équipe amenés à effectuer des opérations relevant du champ des techniques spéciales d’enquête. Cette année, à la demande du CNFRI, le GIGN a mis à disposition son expertise (acquise durant plus de 30 ans) en matière de sélection et de formation de militaires hyper spécialisés, répondant en tout point aux attendus de ce métier extrêmement exigeant. »
« Auparavant, ils auront dû effectuer un pré-choix de GOS, précise le lieutenant Gaël. Ils auront obligatoirement dû classer les 21 GOS métropolitains. En passant ces sélections, ils font avant tout le choix d’intégrer une filière, celle de l’observation surveillance. Ils sont susceptibles de servir dans n’importe quel GOS. »
Dans GOS, il y a groupe !
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