Stage forêt, épisode 3 : les gendarmes engagés en Guyane apprennent à lutter en sécurité contre l’orpaillage illégal

Stage forêt, épisode 3 : lutter en sécurité contre l’orpaillage illégal
  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 26 mars 2024
Stagiaires s'exerçant au combat en forêt.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Suite et fin de notre reportage en Guyane sur le stage forêt, dont la finalité est de permettre aux gendarmes nouvellement affectés dans le cadre de l’opération Harpie de lutter efficacement, et en sécurité, contre l’orpaillage illégal, et ainsi d’œuvrer à la protection de l’intégrité du territoire national et à la préservation de la forêt équatoriale.

Il est 7 heures du matin devant le carbet de la gendarmerie de Guyane, rebaptisé carbet Blanka, en hommage au major Arnaud Blanc. Les stagiaires sont réunis pour la levée des couleurs. Au plus profond de la forêt équatoriale, cette cérémonie symbolise tout le sens de l’engagement que vivront les gendarmes ces prochains mois. Au milieu de la canopée, le bruit du drapeau tricolore qui flotte en tête de mât fait écho aux paroles prononcées par le général Jean-Christophe Sintive, commandant la gendarmerie en Guyane, lors de son allocution d’accueil : « Cette mission a un sens profond, protéger la forêt équatoriale. Vous vous en souviendrez toute votre vie. Vous serez positionnés à l’ouest de la Guyane. Il s’agit de la zone la plus orpaillée, là où la pression est la plus forte. »

Cérémonie des couleurs en forêt.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

« Un maximum de résultat avec une prise de risque limitée »

Avec l’opération Harpie, la France protège ses richesses et son territoire, même dans les endroits les plus reculés du monde. Le stage forêt permet aux gendarmes d’acquérir les savoir-faire nécessaires à la mission, en leur permettant de lutter efficacement, et en sécurité, contre l’orpaillage illégal.

Le capitaine Bastien, adjoint au commandant de l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Cayenne, et directeur du stage, sensibilise les stagiaires à la notion d’acceptation du risque. « Vous aurez à effectuer des missions conventionnelles. Les missions de deuxième niveau qui se caractérisent par une dangerosité, une sensibilité ou une technicité plus élevées sont réservées aux unités spécialisées. Contrairement à la tuerie de masse, qui justifie que vous acceptiez un niveau de risque maximal pouvant aller jusqu’au sacrifice de votre vie, les missions de lutte contre l’orpaillage illégal impliquent une acceptation du risque plus faible. Votre objectif est d’avoir un maximum de résultat avec une prise de risque limitée ». La majeure partie du temps, les garimpeiros se montrent collaboratifs. Néanmoins, la prise à partie ne pouvant être totalement exclue, à l’image de celle ayant coûté la vie au major Arnaud Blanc, une simulation est consacrée à cette éventualité. En forêt, les gendarmes apprennent ainsi à localiser la menace, à la neutraliser et à s’en soustraire de manière coordonnée le cas échéant.

Militaires de l'EGM 13/5 s'entrainant au combat en forêt.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Destruction du matériel et contrôle des pirogues logistiques

Un module tactique permet également d’apprendre à aborder un chantier et à s’en emparer efficacement en prenant possession des vecteurs (quads et pirogues) pour interdire toute retraite aux garimpeiros.

« Papi », de son véritable prénom Romain, de l’AGIGN, s’attelle à initier les stagiaires à la destruction des matériels nécessaires à l’orpaillage, qu’ils auront à réaliser après s’être emparés du chantier. « On veut leur faire assimiler les points clés. Avant de mettre le feu, ils devront recourir à l’utilisation des équipements de protection, que sont les gants et les lunettes, et systématiquement tester le contenu des bidons présents sur les lieux afin de séparer l’essence du gasoil. L’essence est particulièrement dangereuse, elle est volatile et peut exploser facilement. Un responsable destruction doit être identifié. Il y a des choses qu’on ne détruit pas comme les bonbonnes de gaz. La destruction a lieu en fin de mission, les accidents peuvent survenir à ce moment là avec la fatigue et l’euphorie. »

Militaire arrosant les éléments à détruire d'huile pour faciliter la mise à feu.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Dans le cadre de l’enseignement au maniement des pirogues, l’AGIGN apprend également aux gendarmes à contrôler une pirogue logistique (pirogue utilisée par les garimpeiros pour transporter le matériel nécessaire à l’orpaillage, NDLR) en sécurité. « On ne s’en rend pas compte mais la pirogue, c’est comme une moto, on va très vite sur l’eau et il n’y a pas de carrosserie, décrit Romain. Il y a déjà eu des blessés. S’il y a un refus d’obtempérer lors du contrôle, la mission est de jalonner. Ne vous mettez jamais en face d’une pirogue adverse ». Équipés de gilets de sauvetage balistiques, les stagiaires effectuent ainsi des manœuvres sur l’eau en remplissant à tour de rôle les fonctions de piroguier, d’éléments de contrôle ou de takariste.

Militaires s'entrainant au maniement des pirogues.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Une synthèse éprouvante mais indispensable

Le dernier jour du stage est consacré à un exercice de synthèse, « qui permet de mettre en application tous les modules, souligne le capitaine Bastien à la veille de celui-ci. Les stagiaires seront déposés à quelques kilomètres de leur objectif, qu’ils devront atteindre en marchant après avoir franchi une coupure humide. Ils auront à mettre en place une embuscade et à s’emparer d’un site d’orpaillage. Des incidents surviendront au cours de l’exercice, comme la prise en compte d’un blessé et la mise en place d’une évacuation sanitaire. Lors de la synthèse, ils auront déjà deux nuits en forêt dans les pattes et donc un peu de fatigue. Le stage se veut progressif et pédagogique afin de leur permettre d’assimiler correctement les connaissances, tout en les confrontant à la réalité de la forêt. »

Stagiaires réalisant l'exercice synthèse.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

A l’issue de cette synthèse, la maréchale des logis-cheffe Julia, affectée en mission de courte durée en Guyane, nous livre ses impressions sur le stage. « Il est absolument nécessaire. Je me sens mieux préparée. Je ne connaissais absolument rien à la forêt. La synthèse était particulièrement éprouvante. Nos corps ne sont pas encore bien acclimatés, et entre la transpiration, la matériel et le sac, on est vite en difficulté. J’appréhendais aussi de me mettre à l’eau, car on ne voit rien, mais ça l’a fait ! Dormir en forêt, ce n’est pas évident. Au cours du stage, j’ai dormi une nuit sur trois. Le plus pénible c’est de monter le bivouac, c’est un vrai coup de main à prendre. »

Mieux préparés, les gendarmes sont désormais prêts à remplir leur mission de lutte contre l’orpaillage illégal, au profit de la population guyanaise, et pour la préservation de cette richesse inestimable que constitue la forêt amazonienne.

Photo montrant l'ntégralité des stagiaires et des cadres.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

 

Retrouvez le portrait du capitaine Bastien, directeur du stage forêt.

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