Coupe du Monde de rugby : la gestion des flux au cœur de l’action de la gendarmerie

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 26 octobre 2023
Hélicoptère de la SAG de Saint-Nazaire survolant le stade de La Beaujoire.
© GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE

La gestion des flux à l’occasion d’événements majeurs est essentielle. En effet, elle participe à la sécurité des personnes et des biens et permet de réduire les risques d’embouteillages, les concentrations trop massives de spectateurs ou encore les retards de match. Une mission délicate que Gendinfo vous fait (re)découvrir à l’occasion des deux matchs de phase de poules disputés à Nantes (Loire-Atlantique) les 7 et 8 octobre 2023. Force est de constater qu’une gestion des flux réussie exige une véritable capacité de coordination et un engagement total des forces au sol et dans les airs.

À l’occasion de la coupe du Monde de rugby 2023, la France accueille pas moins de 2,5 millions de spectateurs, dont 600 000 étrangers. Les jours de match, les stades reçoivent de 33 150 personnes (Stadium de Toulouse, dans le département de la Haute-Garonne) à 81 338 places (Stade de France, dans le département de la Seine-Saint-Denis). Les amoureux de l’ovalie se retrouvent dans les enceintes sportives et aux abords de celles-ci, mais également dans les centres-villes, et notamment dans les fan zones et les villages rugby, pour suivre les matchs. Autant de flux qu’il est nécessaire de sécuriser.

Si les stades de la compétition se trouvent tous habituellement en zone police, un système de répartition a été défini entre la gendarmerie et la police nationales à l’occasion de la coupe du Monde. Ainsi, les villes hôtes ont été réparties entre les deux forces de sécurité intérieure. Lors des matchs accueillis par la métropole de Nantes, celle-ci est ainsi placée sous la compétence de la gendarmerie. Outre le stade de La Beaujoire, paré de jaune et de vert le reste de l’année, et pouvant accueillir jusqu’à 35 322 spectateurs, l’agglomération nantaise se caractérise notamment par son boulevard périphérique, par des offres de mobilité (bus et tramways) fournies par la Société d’économie mixte des transports en commun (SEMITAN) et par un tram-train exploité par la SNCF.

Pour gérer ce maillage complexe et étendu, la gendarmerie peut s’appuyer sur deux structures décisionnelles.

La gendarmerie partie prenante de la gestion coordonnée des flux

Installé en préfecture, le Centre opérationnel départemental (COD) est un outil de gestion de crise à disposition du préfet, qu’il active quand un événement majeur se produit dans son département. À Nantes, il rassemble la gendarmerie et la police nationales, le Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) et l’ensemble des acteurs de la sécurité civile, l’Agence régionale de santé (ARS), la Délégation militaire départementale (DMD), l’Armée de l’Air et de l’Espace, ainsi que les représentants de la métropole et de la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM).

Centre opérationnel départemental.
© GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE

À l’occasion de la coupe du Monde de rugby, les acteurs du COD s’activent à fluidifier les réseaux de transport, en s’assurant de la disponibilité des ressources (taux éventuels d’absentéisme ou de grévistes parmi les agents de la SEMITAN et les agents de sécurité employés par France 2023 à l’occasion de la coupe du Monde) et en étant en permanence renseignés sur l’état des réseaux. Le COD peut compter sur les renseignements fournis par les moyens engagés au sol, notamment grâce à la mobilité des gendarmes de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) par exemple, et à la présence dans les airs des hélicoptères des Sections aériennes de gendarmerie (SAG). Le taux de remplissage des parkings et les embouteillages cumulés sur les axes routiers à proximité du stade sont autant d’indicateurs suivis par le centre opérationnel, qui permettent d’orienter l’engagement des forces de l’ordre en fonction des difficultés rencontrées. Outre les militaires de la gendarmerie, le COD peut également s’appuyer sur la présence de médiateurs répartis dans le centre-ville, qui sont en mesure d’inciter les supporters détenteurs de billets à rejoindre le stade à l’approche du match, afin d’éviter l’engorgement des accès dans les minutes qui précèdent le coup d’envoi. À l’issue des rencontres sportives, les spectateurs doivent pouvoir quitter le stade facilement. Une régulation des réseaux de transport s’avère alors indispensable.

Représentant la gendarmerie au sein du COD, le colonel Gilles Granier, commandant le groupement de gendarmerie départementale de la Loire-Atlantique, garde un œil attentif sur les unités engagées à l’occasion de cet événement ainsi que sur les interventions pouvant avoir d’éventuelles répercussions sur celui-ci, notamment dans le domaine des flux.

Le Colonel Granier, commandant le groupement de gendarmerie départementale de la Loire-Atlantique.

Point de situation effectué au COD, en présence du colonel Gilles Granier, commandant le groupement de gendarmerie départementale de la Loire-Atlantique.

© GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE

Tout au long de la manœuvre, le COD est appuyé par le Poste de commandement (P.C.). Installé sous les tribunes du stade de La Beaujoire et relevant également d’une gestion interministérielle, il réunit les responsables des forces de sécurité intérieure engagées dans le stade et à ses abords, et les responsables des services de secours. Il dispose d’une salle de crise, qui réunit les services précités ainsi que les services de la préfecture, le représentant du parquet local et les renseignements territoriaux. Cette salle de crise est chargée de la partie tactique de l’événement (déclenchement d’une intervention dans le stade en cas de menace identifiée par exemple) et suit l’actualité en temps réel, notamment en ce qui concerne la gestion des flux. 

À Nantes, deux autorités majeures de la gendarmerie sont positionnées au sein du P.C. En premier lieu, le colonel Mathias Cazajous, commandant du groupement de gendarmerie mobile I/3 de Rennes et employé en tant que Groupement tactique de gendarmerie (GTG) pour l’événement. Ainsi, sur la plaque nantaise, les forces de gendarmerie mobile et les moyens spécialisés (lutte anti-drone, unités cynophiles, Antenne GIGN, etc.) sont placés sous ses ordres. Le commandant de l’AGIGN de Nantes est le second acteur majeur à prendre place au poste de commandement. Bien que placé sous le commandement du GTG à l’occasion des matchs, il dispose d’une analyse tactique et opérationnelle qui le rend incontournable, notamment en cas de menace avérée justifiant l’engagement des militaires de l’AGIGN dissimulés dans le stade.

GEND/ SIRPA-G/ V.MARTIN

COD et P.C. effectuent des points de situation fréquents ainsi qu’un Retour d’expérience (RETEX) en fin de match. Un bilan global aura également lieu à l’issue de la compétition, afin d’en tirer tous les enseignements dans la perspective des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024.

Un engagement total sur terre...

Gendarmes mobiles patrouillant dans le village rugby à Nantes.
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Sur terre, de nombreuses unités de gendarmerie sont déployées afin de gérer au mieux les flux occasionnés par la coupe du Monde de rugby. Ainsi, pas moins de quatre escadrons de gendarmerie mobile sont employés à l’occasion des matchs se déroulant à Nantes. Le capitaine Frédéric Voisin, commandant de l’escadron 27/1 de Drancy, engagé aux abords du stade de La Beaujoire, explique que la mission principale de son unité « consiste à contrôler les flux et à fluidifier l’accès au stade ».

GEND/ SIRPA-G/ V.MARTIN

Outre les gendarmes mobiles, spécifiquement déployés à l’occasion de la coupe du Monde de rugby, la métropole de Nantes dispose d’une unité permanente, unique en France : la Brigade de contact mobile, métropolitaine et multi-rôles (BC3M).

 

Enfin, la gendarmerie peut compter sur l’engagement des militaires de l’EDSR de la Loire-Atlantique afin de sécuriser les différents axes routiers de l’agglomération nantaise. En s’appuyant sur leurs différents moyens (voitures et motocyclettes), ces spécialistes de la sécurité des mobilités interviennent pour fluidifier les flux sur les axes principaux et secondaires, mais aussi pour escorter les équipes engagées à l’occasion de la coupe du Monde de rugby, de leurs camps de base jusqu’aux lieux d’entraînement et stades de la compétition.

… Et dans les airs

Lors des matchs de la coupe du Monde de rugby relevant de la responsabilité de la gendarmerie, une unité opérationnelle des Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN) est systématiquement engagée au plus près de l’événement. Ainsi, les 7 et 8 octobre, c’est à la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Saint-Nazaire (SNZ) qu’était dévolue cette mission, avec pour objectif principal « d’observer et renseigner les forces au sol et les autorités gendarmerie sur les flux routiers rentrant sur la ville de Nantes par les grands axes, afin de réguler une éventuelle densification subite et d’empêcher tout blocage, notamment sur le périphérique nantais, en mesure de pouvoir réagir à tout événement ou sollicitation en conduite de mission », explique l’adjudant-chef Benoît Carrez, pilote et commandant de cette unité aérienne composée de huit militaires au total. Aux commandes d’un hélicoptère « AS 350 -  Écureuil », il est accompagné, pour cette mission, de l’adjudant Olivier, mécanicien avionique de l’unité et mécanicien de bord treuilliste.

De gauche à droite, l'adjudant Olivier, mécanicien de bord et l'adjudant-chef Carrez, commandant la SAG de Saint-Nazaire. Hélicoptère écureuil en arrière plan.

De gauche à droite, l'adjudant Olivier, mécanicien de bord et l'adjudant-chef Carrez, commandant la SAG de Saint-Nazaire.

© GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE

Deux passionnés qui savourent encore d’embarquer à bord de cet appareil démuni d’assistance au pilotage. « On est dans ce qui se fait de plus rustique mais fiable de nos jours, le pilotage dans sa forme la plus traditionnelle. » Plutôt habitués à évoluer sur le littoral, les deux « aéro-gendarmes » décollent du tarmac environ deux heures avant le début du match. « Notre action doit permettre de réarticuler les forces au sol en fonction de l’état du réseau. » L’appareil, particulièrement maniable, dispose d’une autonomie d’1 h 30 pour cette mission. L’équipage est en mesure de ravitailler rapidement à l’aéroport de Nantes-Atlantique afin de poursuivre sa mission après ce délai ou de stationner jusqu’à la fin de la rencontre sportive. À l’issue de celle-ci, la mission est identique mais dans le sens des retours. Afin de réaliser correctement sa mission, l’hélicoptère gendarmerie de la SAG SNZ doit évoluer dans une zone faisant l’objet d’une interdiction temporaire de vol pour tout aéronef civil (ZIT). En effet, à l’occasion de la coupe du Monde de rugby, les espaces aériens situés au dessus et à proximité des stades font l’objet de restrictions pour tout aéronef non autorisé.

 

Ainsi, à Nantes, les aéronefs d’État sont les seuls à pouvoir pénétrer dans cette zone après autorisation de l’Armée de l’Air et de l’Espace. L’adjudant-chef Carrez s’évertue à respecter une hauteur de vol comprise entre 500 et 1 000 pieds, soit 150 à 300 mètres, et à ne jamais dépasser la hauteur maximale, afin de se maintenir sous le niveau de décollage des avions de ligne, tel qu’ordonné par la tour de contrôle. Survolant l’ensemble du réseau routier, il effectue son circuit au-dessus des axes les plus conséquents et laisse le soin à l’adjudant Olivier de renseigner les autorités au sol par le biais de photos et de points de situation en temps réel. Au-delà de cette mission, l’équipage est également en mesure de renseigner le COD et le P.C. sur d’éventuels rassemblements de personnes, notamment s’agissant de manifestations pouvant perturber le bon déroulement de la compétition.

Enfin, capable de se réarticuler en permanence en fonction des besoins opérationnels, la SAG de Saint-Nazaire est également en mesure de s’engager sur d’autres missions plus prioritaires (recherche de malfaiteur, disparition de personne, pénétration d’un aéronef piloté ou télé-piloté dans la zone interdite de vol, etc.), en mettant alors éventuellement en œuvre ses moyens optionnels embarqués (caméra, phare, treuil, etc.)

  • Mécanicien de bord de la SAG SAINT-NAZAIRE prenant en photo le stade de la Beaujoire à Nantes.
    © GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE
  • Pilote de la SAG Saint-Nazaire pointant du doigt un élément du terrain.
    © GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE
  • Hélicoptère de la SAG Saint-Nazaire survolant un péage.
    © GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE
  • Mécanicien de bord de la SAG SAINT-NAZAIRE prenant en photo le stade de la Beaujoire à Nantes.
    © GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE
  • Pilote de la SAG Saint-Nazaire pointant du doigt un élément du terrain.
    © GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE
  • Hélicoptère de la SAG Saint-Nazaire survolant un péage.
    © GEND/ SIRPA-G/ GND LAPOINTE

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