En 2019, alors en poste à Nantes en tant que conseiller aux affaires métropolitaines (ce poste a depuis pris l’appellation de conseiller aux affaires territoriales), le colonel Richard Pégourié, désormais chef de la division de la formation à l’École de gendarmerie de Châteaulin (Finistère), constate que deux axes majeurs peuvent contribuer à structurer l’offre de sécurité sur la métropole : la sécurisation des transports en commun nantais et le contact avec la population dans un territoire marqué par de multiples flux (trajets pendulaires, activités économiques et commerciales, etc.).

Compte tenu de l’empreinte de la gendarmerie sur le territoire métropolitain (la gendarmerie est responsable de la sécurité sur 70 % du territoire, soit 19 communes sur les 24 que compte l’agglomération, représentant 30 % de la population résidente), l’idée lui vient de proposer la création d’une unité capable de remplir ces deux missions et de répondre aux attentes exprimées par la collectivité Nantes métropole, dans l’esprit du contrat de sécurité intégrée ayant pour objet la lutte contre l’insécurité, qui était en projet. Une convention est alors signée entre la métropole de Nantes, la gendarmerie nationale et la Société d’économie mixte des transports en commun de l’agglomération nantaise (SEMITAN).

La Brigade de contact mobile, métropolitaine et multi-rôles (BC3M) voit le jour.

Un nom qui en dit long

Se déplaçant en empruntant les bus et tramways nantais, et parfois sur le vecteur fluvial (bac de Loire), cette unité a vocation à sécuriser les transports en commun reliant les vingt-quatre communes de la métropole, en zone police comme en zone gendarmerie. L’action des militaires de la BC3M doit également permettre de renforcer le lien qui unit la gendarmerie à la population, en allant au contact de celle-ci sur les lignes, mais aussi à la descente et aux abords des différents arrêts et stations. Ce large champ missionnel leur permet ainsi de sécuriser, en plus des transports, les événements locaux (marchés, braderies, compétitions sportives, etc.) se trouvant sur le réseau.

Cette diversité de missions n’est rendue possible que parce que le financement de cette unité est partagé entre la gendarmerie nationale et la SEMITAN. Ainsi, cette dernière finance deux tiers des missions et la gendarmerie le tiers restant. Les élus sont étroitement associés au projet, sous couvert du représentant de l’État.

Afin d’inscrire son action dans la complémentarité avec les unités territoriales, la BC3M est exclusivement armée de réservistes, tous volontaires, fidélisés et spécialement formés aux spécificités du contact dans l’écosystème de la métropole.

Les réservistes en première ligne

Présentant des résultats encourageants à l’issue d’une expérimentation de plusieurs mois, la BC3M a connu une montée progressive en puissance, passant d’une vingtaine à une cinquantaine de réservistes. Composée pour un quart d’anciens gendarmes d’active et pour le reste de personnels issus du monde civil, la BC3M est employée cinq jours sur sept, alternant missions de sécurisation des transports en commun et missions de contact. L’unité peut être employée le week-end et en horaires décalés, en fonction des prévisions de fréquentation et des plages horaires faisant l’objet d’une délinquance plus forte, identifiées par la SEMITAN.

Cette flexibilité a ainsi permis d’employer la BC3M à l’occasion des matchs de la coupe du Monde de rugby 2024 se déroulant à Nantes. Les réservistes de cette unité ont ainsi été engagés 48 heures avant le début des matchs et jusqu’à la fluidification du réseau à leur issue. À l’approche des rencontres et à la fin de celles-ci, ils se sont notamment positionnés aux différents arrêts de tramway et de bus situés à proximité du stade de la Beaujoire, afin de faciliter la descente et la montée des voyageurs et d’éviter tout trouble à l’ordre public pouvant être causé par le flux de supporters. Divisés en plusieurs équipes, les réservistes de la BC3M ont également embarqué de manière aléatoire dans différentes rames reliant le stade au centre-ville afin de dissuader la commission d’éventuelles incivilités.    

Afin d’intervenir en sécurité sur le réseau et d’être en mesure de faire face aux différentes situations auxquelles ils peuvent être confrontés, les réservistes de la BC3M font l’objet de formations spécifiques, comme l’explique le major Gardinot.

La retraite attendra

En tant que commandant de la BC3M, le major Gardinot est en charge du service, des relations avec les différents partenaires mais aussi de la formation.

« Plusieurs fois par an, nous simulons des interventions pouvant avoir lieu dans les transports en commun, comme la prise en compte d’une personne en ivresse publique manifeste. »

En retraite depuis six ans, après trente-six années passées au sein de la gendarmerie nationale, le militaire a repris du service en qualité de réserviste il y a quatre ans, lorsque la BC3M a été créée. Vivant dans l’une des communes de la Métropole de Nantes et ayant terminé sa carrière comme commandant de la Communauté de brigades (CoB) de Saint-Philbert-de-Grand-Lieu (Loire-Atlantique), c’est assez naturellement que celui-ci s’est vu proposer le poste de commandant de la BC3M. Son emploi du temps est depuis lors bien rempli.

« C’est avec une certaine fierté que je commande la BC3M. C'est très enrichissant d'être toujours au contact de la population, comme je l'ai été durant mes années d'active en gendarmerie départementale. Il m'est agréable de côtoyer au quotidien des camarades issus de l'arme, mais aussi de différents milieux professionnels. Les retours positifs de nos différents interlocuteurs, notamment en mobilité, qu'ils soient conducteurs, contrôleurs ou usagers, me confortent dans la légitimité de la BC3M. »

La complémentarité au cœur de l’engagement de la BC3M

Les militaires de la BC3M partagent leur mission de sécurisation des transports nantais avec la Police métropolitaine des transports (PMTC). Créée en octobre 2019 à l’initiative de la municipalité de Nantes, cette unité, composée de vingt-cinq agents, est également compétente sur les vingt-quatre communes de la métropole.
Dès novembre 2020, une coordination a été mise en place entre la BC3M et la PMTC afin de couvrir le réseau des transports en commun de manière efficiente. Des opérations communes sont réalisées par des patrouilles mixtes sur les lignes et à la descente des bus et tramways (opérations de contrôle). Des missions de sécurisation des établissements scolaires sont également organisées occasionnellement.

Pour le chef de service de première classe, Gérald Souliard, responsable de la PMTC, « la complémentarité entre les deux unités est très satisfaisante. Nous nous réunissons fréquemment afin de nous coordonner et le major Gardinot nous transmet systématiquement le planning de ses équipes la semaine qui précède la mission. »

Les échanges entre les responsables de la SEMITAN et le major Gardinot sont également nombreux. Les réunions mensuelles permettent ainsi d’orienter l’action de la BC3M sur des secteurs particuliers qui font l’objet d’incivilités et de problématiques de délinquance plus fortes. « Les patrouilles de la BC3M apportent de la sécurité et de la sérénité auprès de nos clients et de nos conducteurs dans des zones sur lesquelles nous n'avions pas de déploiement de forces de l'ordre, précise Monsieur Gaborieau, responsable du département lignes et supports d’exploitation de la SEMITAN. Les relations de la BC3M avec le personnel de la SEMITAN sont fréquentes et très appréciées. »

De bon augure pour les J.O.

À l’occasion des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024, Nantes Métropole accueillera les compétitions féminines et masculines de football au stade de la Beaujoire. Une impression de déjà-vu pour les militaires de la BC3M après leur engagement réussi à l’occasion de la coupe du Monde de rugby. Dans cette perspective, un appel à volontaires visant à densifier le vivier de réservistes de cette unité a déjà été lancé.

Interrogés par Gendinfo à l’occasion des matchs Pays de Galles – Géorgie et Japon – Argentine s’étant déroulés les 7 et 8 octobre, les supporters ont confié apprécier « le sentiment de sécurité » qu’engendre la présence des gendarmes dans les transports en commun et aux abords des arrêts. « Ils sont accessibles et sympathiques, on a envie d’aller vers eux. »

Autant dire que la BC3M a encore de beaux jours devant elle.