La capitaine Marie-Ange Détey : « un stéréotype mal interprété peut conduire à une discrimination »

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 16 mai 2023
La capitaine Marie-Ange Détey, référente nationale égalité diversité pour la gendarmerie, se tient devant les locaux de la DGGN.
La capitaine Marie-Ange Détey, référente nationale égalité diversité pour la gendarmerie.
© Gendarmerie/SIRPA/C.Proudhon

À l’occasion de la semaine de lutte contre les discriminations, la capitaine Marie-Ange Détey, référente nationale égalité et diversité de la gendarmerie nationale depuis 2021, revient sur son engagement et évoque les dernières actions menées en la matière par l’Institution.

 

Si l’égalité professionnelle et la diversité font partie des priorités de la gendarmerie, et plus largement du Gouvernement, comment vous êtes-vous intéressée pour votre part à ce sujet ?

À vrai dire, cela s’est fait en plusieurs étapes. Tout d’abord, en 2012, alors que j’étais affectée au bureau communication de l’École des officiers de la gendarmerie nationale, j’ai eu la chance d’être formée à l’écoute active. Cela m’a appris à « écouter » et non pas à me contenter « d’entendre », mais surtout à reformuler pour m’assurer que je comprenais bien les attentes des personnes qui me contactaient. Puis, en 2014, j’ai participé à un groupe de travail pour élaborer le premier plan d’action de la gendarmerie nationale sur l’égalité professionnelle. Nous nous sommes vite aperçus que les femmes gendarmes n’osaient pas aller vers certaines spécialités, ne se sentant pas assez légitimes. Nos échanges avec elles ont porté leurs fruits et il y a eu un réel déclic, beaucoup ayant postulé ensuite dans ces métiers (motardes, plongeuses, pilotes, etc.). En 2016, la gendarmerie a créé un réseau de coordonnateurs égalité diversité, au niveau des régions, et de référents égalité diversité, au niveau des groupements, avec à leur tête une référente nationale (NDLR : à l’époque, la colonelle Valérie Florent). J’étais alors adjointe au bureau de l’accompagnement du personnel de la région Île-de-France, et j’avais à cœur d’aider les personnes se sentant « en mal-être » ou s’estimant discriminées, en imposant notamment un respect mutuel de la condition de l’autre. Je me suis donc formée pour devenir d’abord coordonnatrice, puis formatrice relais en matière d’égalité et de diversité. Finalement, en 2021, j’ai été nommée Référente nationale égalité et diversité (RNED) de la gendarmerie.

Qu’en est-il aujourd’hui du réseau égalité et diversité de la gendarmerie nationale ?

Affectée à la direction générale, j’ai pour mission de décliner notre politique d’égalité et de diversité au plus près du terrain, avec l’aide d’un réseau structuré et étoffé. Celui-ci est composé de 26 formateurs relais, 43 coordonnateurs en région et 571 référents en groupement. Ils sont tous volontaires pour exercer ces fonctions, et le nombre de candidatures ne cesse d’augmenter, ce qui est un très bon signe pour l’Institution. Les référents mènent des actions de prévention auprès des personnels de la gendarmerie, afin de lutter contre toutes les formes de discriminations, de violences ou de harcèlements. Cette semaine, c’est justement l’occasion de parler de nos stéréotypes, de les faire évoluer en comprenant quels sont nos biais personnels. Car un stéréotype mal interprété peut générer un préjugé et conduire à une discrimination. Et celle-ci dépasse largement le sexisme ou le racisme. La loi compte aujourd’hui 25 critères différents de discrimination, sans compter le harcèlement moral et sexuel, le cyberharcèlement, ou encore la mise à l’écart des lanceurs d’alerte, accusés bien souvent de délation par leurs pairs.

Au cours de cette semaine a également lieu, le 17 mai, la journée mondiale contre les LGBT+phobies. Quelles actions sont menées par la gendarmerie nationale en la matière ?

Afin de lutter contre les LGBT+phobies au sein de l’Institution, mais aussi en dehors, pour mieux protéger la population, nos personnels reçoivent une formation initiale et continue en la matière. Celle-ci est dispensée en lien avec nos trois associations partenaires : FLAG !, SOS Homophobie et L’autre cercle, qui nous a rejoints récemment. Par ailleurs, le 17 mai est à chaque fois l’occasion pour nous d’aborder plus en détail certains sujets liés à cette thématique. L’année dernière, nous avions communiqué sur la signification de nouveaux termes employés, comme « queer », « outing », etc. Connaître les bonnes définitions et les comprendre permet de mieux appréhender l’autre et d’échanger avec lui sans préjugé. Cette année, nous avons fait le choix d’axer nos communications sur la transphobie, en revenant sur l’accueil des victimes, notamment lorsqu’elles sont en cours de transition, en précisant notamment la différence entre identité et expression de genre. Des discussions qui seront enrichies par le témoignage d’un gendarme transgenre et par une vision extérieure, avec l’approche du prisme LGBT sur son lieu d’emploi dans le secteur privé.

Plus globalement, quelles sont les dernières actions de la gendarmerie en matière d’égalité et de diversité ? Y a-t-il encore des pistes d’amélioration ?

La gendarmerie nationale est régulièrement auditée par l’AFNOR et a obtenu, en début d’année, le renouvellement de ses labels « égalité professionnelle » et « diversité ». Dans cette perspective d’évaluation continue du dispositif, un Observatoire de la gendarmerie en matière d’égalité et de diversité, rattaché à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), vient d’être mis en œuvre pour établir un diagnostic et analyser les risques en la matière, que ce soit dans le fonctionnement interne de la gendarmerie ou dans le cadre de ses missions auprès de la population. Le plan d’action de la gendarmerie en matière d’égalité et de diversité va également être renouvelé prochainement. Il fixera les objectifs pour les trois prochaines années. Il s’agira notamment d’améliorer l’équilibre des temps de vies professionnelle et personnelle, en portant une attention particulière à la parentalité (grossesses, congés, moyens de garde, etc.). Il conviendra également de fidéliser nos talents et de rester attractifs face à la jeune génération, en prônant ces valeurs d’inclusion. C’est d’ailleurs le cas dans notre dernière campagne de recrutement ayant pour slogan « Une même flamme nous anime ». Enfin, je souhaite me déplacer cette année dans toutes les régions, afin de toujours mieux faire connaître le réseau et répondre aux questions au-delà du chatbot existant (NDLR : un chatbot égalité et diversité a été créé sur l’Intranet de la gendarmerie, à destination de tous les personnels, pour répondre à leurs questions). Nous poursuivrons également les actions communes avec les référents des autres directions du ministère, à l’instar de cette conférence inter-périmètre prévue le 17 mai, au sein de la région de gendarmerie Nouvelle-Aquitaine, ou encore au sein de la préfecture de l’Ain, en juin prochain.

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