Une conférence sur les LGBTphobies organisée à la direction générale de la gendarmerie

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 17 mai 2023
Le GDI Gesnot, au pupitre, s'adresse à une assemblée, tandis que trois personnes sont assises sur l'estrade à côté.
© Sirpa-G - BRI T. Doublet

Ce 17 mai, dans le cadre de la semaine des discriminations, et plus particulièrement à l’occasion de la journée mondiale contre les LGBT-phobies, c’est-à-dire les actes et agissements de haine et de discrimination envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans, la direction générale de la gendarmerie nationale a accueilli une conférence intitulée « LGBTphobies, non merci ! », avec la participation de nos trois associations partenaires, FLAG !, SOS homophobies et l'Autre Cercle, et l’intervention, en clôture, de Madame la préfète Fadela Benrabia, haut fonctionnaire à l'égalité des droits.

 

En ce 17 mai, journée mondiale contre les LGBT-phobies, c’est-à-dire les actes et agissements de haine et de discrimination envers les personnes lesbiennes, gays, bi et trans, la direction générale de la gendarmerie a organisé une conférence intitulée « LGBTphobies, non merci ! », avec la participation de partenaires associatifs, FLAG !, SOS homophobies et l'Autre Cercle, qui contribuent à la formation initiale et continue des gendarmes en la matière.

En préambule, le général de division Jean-Pierre Gesnot, adjoint au Directeur des personnels militaires de la gendarmerie nationale, a présenté très succinctement le dispositif d’égalité diversité de la gendarmerie et son évolution, rendant hommage à cette occasion à « notre réseau égalité diversité. (…) Je tiens vraiment à (…) les féliciter pour leur engagement au quotidien, au profit de la cause de l’égalité diversité. » Et de rappeler que « ce réseau est structuré et étoffé au plus près du terrain » et « qu’il est animé par une référente nationale(...), chargée de décliner au sein de la gendarmerie la politique égalité diversité du ministère, et d’animer notre réseau de référents. » Un réseau composé de 26 formateurs relais, 43 coordonnateurs en région et 571 référents en groupement, « soit une communauté de pratiquement 600 personnels, tous volontaires », dont la mission est de mener des actions de prévention auprès des personnels de la gendarmerie pour lutter contre toutes les formes de discrimination, de violence ou de harcèlement.

« Cette semaine, c’est justement l’occasion d’échanger, de nous sensibiliser à certains stéréotypes, pour mieux les comprendre, pour évoluer, en prenant conscience de ce qui peut être perçu comme des préjugés, a insisté le GDI Gesnot. car un stéréotype mal interprété peut générer un préjugé et conduire à une discrimination. Et celle-ci dépasse largement le sexisme ou le racisme. On recense en effet aujourd’hui 25 critères de discrimination, sans compter le harcèlement moral et sexuel, le cyberharcèlement ou encore la mise à l’écart des lanceurs d’alerte, accusés bien souvent de délation par leurs pairs. »

« Il faut continuer de travailler sur ces sujets et pas uniquement le 17 mai. »

Puis, devant un auditoire notamment composé des formateurs RED (Référents Égalité et Diversité) et des Coordonnateurs égalité diversité (CED), qui participent également à la formation continue, cette conférence, ouverte à tout le périmètre du ministère de l’Intérieur et des outre-mer et également accessible en « visio », a permis d’aborder plus en détail certains sujets liés à cette thématique.

Après avoir communiqué l’an dernier sur la signification des nouveaux termes, comme « queer », « outing », etc., la gendarmerie a fait le choix cette année d’axer sa communication sur la transphobie. Les trois tables rondes, animées par Thierry Jadot et Bruno Makary, ont particulièrement évoqué l’accueil et l’audition des victimes transgenres, notamment lorsqu’elles sont en cours de transition, en précisant notamment la différence entre identité et expression de genre. Elles ont également permis d’apporter un regard extérieur sur la prise en compte du prisme LGBT sur le lieu d’emploi, avec l’exemple du secteur civil et des témoignages sur l’importance de l’accompagnement des managers. La troisième table ronde a abordé le rôle de la chaîne des référents, « convaincus et investis, qui sont le cœur de notre dispositif », a souligné le GDI Gesnot. Ces échanges ont été enrichis par le témoignage de Stéphanie, une gendarme transgenre.

« Il y a des transformations qui sont à l’œuvre, ça évolue dans plein de secteurs, ça évolue dans la compréhension des notions. Mais ce n’est pas parce qu’on a réussi à faire ce travail remarquable d’écoute, d’accompagnement, de respect de votre dignité et de votre personnalité à vous qu’on a réglé le problème de la LGBTphobie au sein de lInstitution ou de l’homophobie, a déclaré Madame Fadela Benrabia, haut fonctionnaire à l'égalité des droits, à l’issue du témoignage de Stéphanie. Donc il faut continuer de travailler sur ces sujets et pas uniquement le 17 mai. (…) On doit aussi avancer au quotidien pour faire connaître ces sujets, ces enjeux et ces notions à d’autres moments, peut-être sur des thématiques particulières, peut-être arriver aussi à faire des formations intersecteurs. (…) L’enjeu, c’est d’emmener tout le ministère sur ces questions-là. » Une mission que la préfète accomplit avec les équipes de référents des différentes administrations. Mais pour elle, l’existence de ce réseau ne suffit pas en soi, « il faut l’animer, être à l’écoute », et surtout « il faut que des situations comme celles-là remontent, que des initiatives qui sont prises ou des opérations qui se déroulent bien, des démarches qui sont bien suiviessoient valorisées, pour pouvoir servir à tout le monde. »

En fin d’après-midi, à l’issue de la présentation du rôle des CED, l’un d’entre eux a été récompensé pour s’être particulièrement investi au cours de l’année écoulée. Un trophée lui a été remis par Madame Fadela Benrabia : « un trophée qui honore votre engagement et votre rigueur sur ces enjeux qui sont majeurs. »

Madame Fadela Benrabia remet un trophée à un coordonnateur égalité diversité s'étant particulièrement investi.
© Sirpa-G - BRI T. Doublet

La gendarmerie pleinement engagée

La gendarmerie est en effet pleinement engagée de longue date dans la lutte contre les stéréotypes et toutes les formes de discrimination, que ce soit au sein de l’Institution ou en dehors. Tous ses personnels reçoivent ainsi une sensibilisation durant leur formation initiale et continue, « afin de lutter contre les LGBTphobies au sein de l’Institution et aussi en dehors, pour mieux protéger la population », a souligné le GDI Gesnot. À son niveau, le Réseau égalité et diversité (RED) coordonne également des actions de prévention auprès des gendarmes, où la question de la haine anti-LGBT+ est abordée, au même titre que les 23 autres critères de discrimination définis par la loi. (lgbt c’est orientation sexuelle et identité degenre donc 2 discri ;-)

Un engagement consacré par l’AFNOR, qui a renouvelé, en début d’année, les labels « égalité professionnelle » et « diversité » de l’Institution, au terme d’un nouvel audit. Cette dernière a également reçu le Grand Prix du jury « diversité et inclusion 2022 », en novembre dernier, pour ses diverses actions dans l’ensemble de ce périmètre.

Par ailleurs, dans la perspective de l’évaluation continue du dispositif, un Observatoire de la gendarmerie en matière d’égalité et de diversité, rattaché à l’Inspection générale de la gendarmerie nationale (IGGN), vient d’être mis en œuvre. Il permettra d’établir un diagnostic et d’analyser les risques en la matière, que ce soit dans le fonctionnement interne de la gendarmerie ou dans le cadre de ses missions auprès de la population. Enfin, le plan d’action de l’Institution en matière d’égalité et de diversité va également être prochainement renouvelé.

Légère augmentation des atteintes « anti-LGBT+ » en 2022

Une mobilisation d’autant plus importante à tous les échelons que les atteintes « anti-LGBT+ » enregistrées en France par les forces de sécurité intérieure, affichent une hausse de 3 % en 2022, indique le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI), dans son bilan annuel relatif à cette thématique, publié ce 17 mai. Ce sont ainsi 4 040 atteintes (2 420 crimes ou délits et 1 620 contraventions) qui ont été traitées par les unités de gendarmerie et de police au cours de l’année passée.

Le rapport précise que l’augmentation des crimes ou délits, de l’ordre de 13 % par rapport à 2021, est compensée en partie par la baisse des contraventions (-9 %). Toutefois, depuis 2016, les actes « anti-LGBT+ » enregistrés ont fortement augmenté : + 129 % pour les crimes et délits et + 115 % pour les contraventions. Dans le même temps, le dépôt de plainte reste encore marginal : seules 20 % des victimes de menaces ou de violences et 5 % des victimes d’injures y ont recours, selon l’enquête du SSMSI, laissant présager l’existence d’un chiffre noir dans ce domaine.

Les atteintes « anti-LGBT+ » enregistrées prennent majoritairement la forme d’injures ou de diffamations (57 %), le harcèlement et les atteintes à caractère sexuel représentant respectivement 5 et 2 % des crimes ou délits, soit un peu moins de 200 infractions. Le rapport établit également que les hommes (72 % en 2022) et les jeunes de moins de 30 ans (52 %) sont majoritairement touchés.

Ces actes sont, pour plus de la moitié (56 %), commis dans des agglomérations de plus de 200 000 habitants, l’agglomération parisienne concentrant 7,3 atteintes « anti-LGBT+ » enregistrées pour 100 000 habitants (Paris étant le lieu de commission le plus fréquent, avec un total de 400 atteintes, soit 18,5 pour 100 000 habitants) et les villes de plus de 200 000 habitants, 8,1 atteintes pour 100 000 habitants. Plus de la moitié est par ailleurs perpétrée dans des lieux publics.

Quant aux auteurs présumés, 83 % sont des hommes, majoritairement jeunes : 35 % ont moins de 20 ans, dont 11 % moins de 15 ans. 20 % ont tout de même plus de 50 ans, soit une part supérieure à celle constatée parmi les auteurs présumés pour le reste de la délinquance.

Vous souhaitez améliorer vos connaissances en matière de lutte contre les LGBT-phobies ? Participez au quiz de sensibilisation.

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