Réflexion sur la coopération transfrontalière : la gendarmerie s’associe à l’IEP de Strasbourg

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 31 janvier 2023
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Quatre étudiantes de l’Institut d’études politiques de Strasbourg restituent leurs travaux dans un amphithéâtre.

Dans le cadre d’un partenariat entre la gendarmerie nationale et l’Institut d’études politiques de Strasbourg, quatre étudiantes ont pu rencontrer des gendarmes impliqués dans la coopération transfrontalière. Des échanges qui leur ont permis d’alimenter leur mémoire portant sur la culture commune des forces de sécurité intérieure et de formuler des préconisations.

Le 20 janvier dernier, soit soixante ans après la signature du Traité de l’Élysée scellant l’amitié franco-allemande, Amélie, Cassandre, Chloé et Ségolène, toutes étudiantes au sein de l’Institut d’études politiques (IEP) de Strasbourg, ont restitué leurs travaux portant sur la culture commune des forces de sécurité intérieure, et notamment sur la coopération franco-allemande sous l'angle de la gendarmerie.

Immersion dans le laboratoire de la coopération transfrontalière

Dans le cadre d’un partenariat associant la Direction générale de la gendarmerie nationale (DGGN), le Centre de recherche de l'école des officiers de la gendarmerie nationale (CREOGN) et le Bureau de la coopération transfrontalière de la Région de gendarmerie Grand Est (BCT RGGE), ces jeunes femmes sont allées à la rencontre de gendarmes participant à des expériences locales de coopération.

Les quatre étudiantes embarquées sur la vedette de la compagnie fluviale du Rhin.

© D.R.

« Nous leur avons permis de découvrir la façon dont la gendarmerie était implantée en transfrontalier, à travers notamment la visite de l’Unité opérationnelle franco-allemande(UOFA), de la compagnie fluviale du Rhin, ou encore du Centre de coopération policière et douanière (CCPD) de Kehl, relate le lieutenant Bertrand Loubette, adjoint au chef du BCT. Elles ont également pu s’entretenir avec mon chef, le lieutenant-colonel Christophe Richard, qui a été attaché de sécurité intérieure adjoint en Allemagne, avec le colonel Franck Peinaud, chargé de mission à la DGGN pour les relations internationales, avec le capitaine José Francisco Fernandez, chef du BCT en région Nouvelle Aquitaine, concernant la future unité opérationnelle franco-espagnole, ainsi que le lieutenant-colonel Bruno Cottier, en poste à Vincenza, s’agissant de la force de gendarmerie européenne» Enfin, les gendarmes ont proposé aux quatre universitaires de les accompagner à un séminaire portant sur la coopération franco-allemande à l’Euro-Institut, « afin qu’elles aient également une vision plus large de la coopération, notamment en ce qui concerne la police et la justice. »

Quatre recommandations pour une coopération renforcée

De ces nombreux échanges est ressorti un rapport d’étude particulièrement fourni. Partant de la recommandation faite par le Conseil de l’Union européenne, en juin dernier, mettant en exergue la nécessité de développer une culture commune de la sécurité pour une coopération efficace des forces européennes, les étudiantes se sont interrogées sur sa mise en œuvre. Si ces services purement régaliens ne permettent pas, pour l’instant, une véritable intégration européenne, les unités opérationnelles transfrontalières constituent clairement des embryons de cette culture commune souhaitée par le Conseil de l’U.E. Aussi, pour favoriser encore davantage la coopération, elles ont formulé quatre recommandations.

Un policier allemand et une gendarme française de la compagnie fluviale du Rhin.

© D.R.

Tout d’abord, elles préconisent une européanisation de la formation. « Le rythme de la formation et la barrière linguistique demeurent des freins. Néanmoins, la gendarmerie a déjà entamé la démarche avec une formation initiale franco-espagnole à Valdemoro, ou encore des formations continues. Ainsi, en mai prochain, une dizaine de personnels français et allemands suivront un séminaire sur les cybermenaces, qui n’ont pas de frontière », explique le lieutenant. Le rapport souligne également la nécessité de renforcer les moyens financiers et humains pour faire des économies d’échelle. « Il est vrai que jusqu’ici la coopération reposesurtout sur la bonne volonté des gendarmes impliqués, leur entregent et leur débrouillardise. Par exemple, en l’absence d’interopérabilité radio entre les forces françaises et allemandes, les patrouilles prennent deux radios », ajoute-t-il. Séduites par les dispositifs de coopération existants qui leur ont été présentés, les étudiantes insistent aussi sur la nécessité d’encourager ces expériences locales, qui « apparaissent comme un laboratoire de l’intégration européenne. » Enfin, elles rappellent que les événements d’ampleur européenne ou internationale, comme la sécurisation du G7, du Tour de France, ou prochainement des Jeux Olympiques, peuvent être l’occasion de renforcer encore davantage la coopération.

Une collaboration particulièrement fructueuse

« Le rapport va ainsi permettre à la direction générale de la gendarmerie d’étudier différents axes d’amélioration. De leur côté, les quatre universitaires se sont dites très satisfaites de ces trois mois de collaboration, qui leur ont permis de découvrir davantage les missions de la gendarmerie nationale. Elles ont été agréablement surprises de la marge de manœuvre laissée en local, incitant à la créativité et à l’initiative des gendarmes », relate le lieutenant.

Arrivant au terme de leur cursus étudiant, les jeunes femmes pensent s’orienter vers un emploi dans les instances européennes ou internationales, mais « elles n’en demeurent pas moins curieuses et intéressées par le statut de réserviste citoyen en gendarmerie », confie l’officier. Par ailleurs, leur enthousiasme, partagé par leurs interlocuteurs gendarmes, a conduit l’IEP de Strasbourg et la gendarmerie nationale à souhaiter la reconduite de leur partenariat l’année prochaine. « Après ce premier rapport sur la culture européenne commune des forces de sécurité intérieure, les étudiants pourraient travailler sur le développement d’unités coopérantes en local et, plus spécifiquement, sur la gestion commune des problématiques environnementales », projette déjà le lieutenant.

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