Aquapol Academy 2024 : renforcer la sécurité des voies navigables aux côtés des forces de police et de gendarmerie européennes

  • Par Pierre Boulay
  • Publié le 18 avril 2024
2 opérateurs de la F2NRBC progressent en combinaise sur la péniche contaminée
© GEND / SIRPA / BRC E.Taupin

Les 3 et 4 avril 2024, à Strasbourg, s’est tenue l’Aquapol Academy. Organisé par la gendarmerie des voies navigables et financé par la Commission européenne, ce séminaire a permis à 50 praticiens et experts de treize États européens et tiers de partager leur expérience de la sûreté du transport maritime et fluvial.

Depuis 2004, la gendarmerie nationale fait partie des 26 organisations civiles ou militaires issues des 19 pays composant le réseau Aquapol. Ce réseau européen a pour objectif de renforcer la coopération entre États pour lutter contre les phénomènes de criminalité communs et veiller à la sécurité du transport maritime et fluvial. La présence active de l’Institution témoigne de son engagement indéfectible à protéger les voies navigables européennes.

L’Aquapol Academy est un séminaire de partage de compétences et de savoir-faire. Des sujets spécifiques liés au recyclage illégal d’huiles et combustibles ou encore à la sécurité et la criminalité en milieu portuaire ont été abordés.

Le séminaire a également été marqué par un exercice grandeur nature simulant l’intervention de la Force nationale nucléaire radiologique biologique chimique (F2NRBC) de la gendarmerie nationale sur une péniche du Service départemental d’incendie et de secours (SDIS) 67, entièrement équipée pour accueillir des exercices de ce type. Une occasion d’échanger autour des pratiques d’intervention de la gendarmerie nationale en matière de risques NRBC et de les comparer à celles des forces de police européennes.

Retour sur l’exercice de la Force nationale NRBC

La Force nationale NRBC est l’unité d’intervention en milieu contaminé de la gendarmerie nationale. Sa spécificité, unique au sein du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer, permet d’appuyer toutes les unités (police judiciaire, ordre et sécurité publics, intervention spécialisée) dans un milieu nucléaire, radiologique, biologique et chimique. La F2NRBC est en capacité de réaliser l’ensemble des actes d’intervention (entrée et sortie du milieu contaminé, levée de doute...) et judiciaires (prélèvements).

Portrait du CEN Péré, commandant la F2NRBC avec la péniche en arrière plan
© GEND / SIRPA / BRC E.Taupin

« Nous intervenons sur une péniche ayant subi une avarie, un incident qui a causé le décès de deux personnes présentes sur le bateau. L’objectif de la mission est de trouver l’élément déclencheur du décès de ces personnes, afin de voir s’il est mécanique ou malveillant. L’intervention va se dérouler en trois phases distinctes, de la reconnaissance du bateau jusqu’à l’autopsie des corps », explique le chef d’escadron Christophe Péré, commandant la Force nationale NRBC de Versailles-Satory depuis 2019.

  • 2 opérateurs NRBC dont le capitaine qui brief un gendarme avec son scaphandre prêt à partir sur la péniche
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Une opératrice NRBC s'équipe de son scaphandre avec l'aide d'un collègue
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Progression d'un opérateur en scaphandre, avec un instrument de mesure en main
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Progression de 2 opérateurs en scaphandre, l'un orange d'instruction, l'autre jaune réel
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Adjudant chef de la NRBC lors du briefing
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • 2 opérateurs inspectent le bateau en tenue réelle anti contamination
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Un opérateur NRBC photographie les scènes
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • 2 opérateurs NRBC dont le capitaine qui brief un gendarme avec son scaphandre prêt à partir sur la péniche
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Une opératrice NRBC s'équipe de son scaphandre avec l'aide d'un collègue
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Progression d'un opérateur en scaphandre, avec un instrument de mesure en main
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Progression de 2 opérateurs en scaphandre, l'un orange d'instruction, l'autre jaune réel
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Adjudant chef de la NRBC lors du briefing
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • 2 opérateurs inspectent le bateau en tenue réelle anti contamination
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin
  • Un opérateur NRBC photographie les scènes
    © GEND / SIRPA / BRC E.Taupin

Phase 1 : reconnaissance du bateau et évaluation des risques

Les gendarmes de la F2NRBC s’équipent de combinaisons de protection et d’appareils respiratoires adaptés aux risques potentiels pouvant être rencontrés sur la péniche. « La progression est très compliquée avec un scaphandre, par exemple pour monter et descendre les escaliers, souligne le chef d’escadron Péré. Les entraînements avec les pompiers sont fréquents, chaque membre de l’unité devant être capable de monter une échelle et de la descendre équipé d’un scaphandre. »

Arrivés sur la péniche, les gendarmes effectuent diverses mesures de détection et d’identification à l’aide d’instruments spécialisés pour déterminer la nature du produit chimique ou de l’agent biologique à l’origine du décès des deux individus. Une inspection minutieuse est réalisée pour identifier les sources potentielles de contamination et les indices pouvant éclairer les circonstances des décès. Toutes les scènes sont photographiées afin d’aborder au mieux la deuxième phase de la mission.

Le médecin IRCGN et un opérateur NRBC procèdent à des analyses scientifiques sur la péniche
© GEND / SIRPA / BRC E.Taupin

Phase 2 : enquête et analyses scientifiques

Après la reconnaissance des lieux et l’évaluation des risques, il semblerait que de l’acide cyanhydrique soit à l’origine des deux décès. Une analyse plus profonde est réalisée. Des échantillons sont prélevés dans l’environnement et sur les corps des victimes puis envoyés au laboratoire d’analyses mobile de l’unité pour déterminer la cause exacte des décès.

 

Le médecin de l'IRCGN accompagné de deux opérateurs NRBC procèdent à la levée de corps, l'exercice est à sa troisième et dernière phase
© GEND / SIRPA / BRC E.Taupin

Phase 3 : levée de corps et autopsie

Après confirmation de la présence d’acide cyanhydrique, les gendarmes de la F2NRBC, accompagnés d’un médecin légiste de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN), extraient les corps des victimes en respectant des procédures strictes de décontamination pour éviter toute propagation de la contamination.

Enfin, une autopsie complète est réalisée par le médecin légiste afin de déterminer la cause exacte du décès et exclure ou non toute piste criminelle.

Valoriser l’échange de connaissances et consolider les partenariats au-delà de nos frontières

Cet exercice a permis de démontrer l’expertise et le savoir-faire de l’unité de gendarmerie dans la gestion d’incidents NRBC complexes. Les membres des forces de police européennes ont pu mutualiser leurs connaissances, contribuant ainsi à la réussite de l’échange.

« L’intervention de la F2NRBC doit démontrer aux polices européennes fluviales et maritimes que nous sommes capables de travailler à leur profit pour faire face à des menaces qui ne connaissent pas de frontières », indique le chef d’escadron Péré.

La sécurité des voies navigables européennes est un enjeu majeur pour les pays européens. En renforçant leur coopération au sein du réseau Aquapol et lors d’événements comme l’Aquapol Academy, les forces de l'ordre peuvent mieux répondre aux défis sécuritaires croissants et garantir une protection efficace des citoyens et des marchandises.

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