Premier domaine transfrontalier franco-suisse, créé en 1964, les Portes du Soleil disposent d’un domaine skiable parmi les plus vastes des Alpes. Ses 650 kilomètres de piste relient les stations françaises du Haut-Chablais et celles du Valais, en Suisse. Authentiques, familiales ou festives, les douze stations des Portes du Soleil présentent de multiples attraits. Alors que les amateurs de glisse s’y pressent tout au long de l’hiver, pour profiter des pistes enneigées, la population de ces petites communes connaît un accroissement record. Afin d’assurer la sécurité et la tranquillité de tous, au cœur des stations, sur les pistes comme sur les routes, un Dispositif hivernal de protection des populations (DHPP) est déployé durant la saison touristique.

« Deux postes provisoires ont été ouverts dans les stations de Châtel et d’Avoriaz. Le premier vient renforcer la Brigade territoriale autonome (BTA) d'Abondance. Le second, celle de Montriond, indique le lieutenant-colonel Michaël Griot, commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Thonon-les-Bains, à laquelle sont rattachés ces postes provisoires. Au vu des problématiques rencontrées dans les stations de sports d’hiver, l’action des militaires porte en priorité sur le maintien de la tranquillité publique, ainsi que sur la lutte contre les stupéfiants. »

Armés par des gendarmes départementaux d'active, mais également des réservistes, les postes provisoires s’apparentent à des brigades de proximité, intégrées au sein d’une communauté de brigades. Ils sont à ce titre placés sous le commandement de l’unité dont ils prolongent l’action.
Activé le 20 décembre dernier, le DHPP prendra fin le 21 avril, à l’heure où s’achèvera la saison hivernale sur le domaine des Portes du Soleil. Afin de répondre au mieux aux besoins, les effectifs sont réajustés au fil des semaines, suivant l’affluence touristique en station.

Proximité et prévention

À peine arrivés en haut des pistes, ce 20 février, les maréchaux des-logis-chefs (MDC) David et Charlélie, de la Brigade territoriale autonome (BTA) d’Abondance, sont aussitôt abordés par des skieurs, venus spontanément à leur rencontre. « C’est là le cœur de notre action, soulignent les deux militaires. Notre mission première consiste à dialoguer avec les vacanciers. Nous menons ainsi un travail de prévention et de sensibilisation, afin de lutter contre les comportements dangereux et les risques d’accidents. Notre rôle est de faire comprendre aux skieurs qu’ils ne sont pas dans un espace de liberté totale. »

Le temps de la matinée, les militaires quadrillent le domaine skiable. Première halte au Cabanon d’Happy Valley, distribuant snacks et boissons, où David et Charlélie s'enquèrent auprès du gérant de l’atmosphère et des difficultés éventuelles, notamment avec la clientèle. Rien d’anormal ne sera signalé ce jour-là. Ce contact privilégié avec les différents acteurs locaux constitue un axe clé de l’action des gendarmes, leur permettant de recueillir des renseignements, pour ajuster le dispositif de surveillance et d’intervention.

Les gendarmes rechaussent leurs skis, en direction du poste de secours. Alors qu’ils discutent avec les pisteurs-secouristes, ces derniers reçoivent un appel signalant la survenue d’un accident impliquant une jeune skieuse. David et Charlélie se rendent immédiatement sur les lieux, afin de procéder aux constatations et au recueil d’informations. Des éléments qui pourront être utilisés à l’appui de démarches ultérieures, aux fins d’établir les circonstances des faits et de déterminer les responsabilités de chacun. La démocratisation du ski et la fréquentation des stations de sports d’hiver sont aujourd’hui à l’origine d’un nombre croissant d’accidents sur les pistes.

Dotés de gendarmes habilités OPJ (Officier de police judiciaire) ou APJ (Agent de police judiciaire), les postes provisoires assurent une mission fondamentale de police judiciaire. Outre le trafic et l’usage de stupéfiants, diverses atteintes aux biens et aux personnes sont régulièrement répertoriées dans les stations.

Deux stations, deux visages

Située à 1 200 mètres d’altitude, au cœur de la vallée d’Abondance, non loin du lac Léman et du Mont-Blanc, Châtel est un village authentique. Il accueille chaque hiver une clientèle majoritairement française, également composée d’Anglais, de Belges, de Hollandais et d’Allemands. Nombreux sont les habitués qui reviennent chaque hiver.

« La commune, qui compte 1 250 habitants recensés à l’année, peut accueillir jusqu’à 25 000 personnes au plus fort de la saison touristique, indique Nicolas Rubin, maire de Châtel depuis 2008, et premier vice-président du Conseil départemental de Haute-Savoie. Châtel se transforme radicalement le temps de la saison hivernale, passant du village rural à la station touristique. » Cette forte augmentation de population n’est pas sans conséquence pour cette petite localité, ainsi confrontée à de multiples enjeux, notamment en matière de sécurité.

« Bien que la station soit calme et préservée, on enregistre depuis quelque temps une hausse significative des infractions liées aux stupéfiants, observe le major Christophe Grégoire, commandant de la BTA d’Abondance. La majeure partie de nos interventions concerne le monde de la nuit : tapage nocturne, consommation d’alcool et de produits stupéfiants… Des patrouilles pédestres sont ainsi organisées chaque nuit par les gendarmes aux abords des lieux festifs, notamment aux horaires de fermeture. Nous affichons une présence dissuasive, afin de lutter contre les trafics et les atteintes à la tranquillité publique. »

Également présents sur la route, les gendarmes participent à la gestion et à la sécurisation des flux routiers, sur les principaux axes empruntés par les touristes, qui conduisent aux stations. Ils mènent aussi de nombreuses opérations de police de la route, comme ce fût le cas ce 20 février, dans l’après-midi, sur la route départementale 22. Positionnés à la sortie de la commune de Châtel, les gendarmes ont ainsi contrôlé les automobilistes quittant la station, vérifiant les papiers du véhicule et procédant à des dépistages alcool-stupéfiants… L’occasion également, une nouvelle fois, de diffuser des messages de prévention à l’adresse des vacanciers.

Nichée à 1 800 mètres d’altitude, la station d’Avoriaz offre un tout autre visage. Celui d’une station festive et 100 % piétonne, où converge une forte clientèle anglaise. Unité la plus haute du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de la Haute-Savoie, le poste provisoire consacre une part importante de son activité à la lutte contre l’usage et le trafic de stupéfiants, et l’abus d’alcool. Des patrouilles sont aussi organisées de jour comme de nuit, avec une présence renforcée aux heures de forte affluence.

À Avoriaz, les gendarmes sont dotés d’un Traxter, véhicule tout-terrain monté sur chenilles en hiver. «  Le Traxter permet aux gendarmes d’améliorer leur rapidité d’intervention et d’élargir leur champ d’action. Outre la capacité d’emport dont ils bénéficient grâce à cet engin, les militaires peuvent intervenir en tous points de la station, dans des délais très raccourcis. C’est donc une réelle plus-value dans notre mission quotidienne ! », souligne le lieutenant-colonel Michaël Griot.

Coopération interservices, la clé de la réussite opérationnelle

Vendredi 21 février. La musique résonne au bas des pistes, s’échappant du célèbre établissement « La Folie Douce », où de nombreux touristes amassés dans l’espace clubbing profitent du spectacle musical sous un ciel ensoleillé. Haut-lieu de la vie festive de la station, cet endroit mythique fait l’objet d’une surveillance renforcée de la part des gendarmes. En témoigne le dispositif déployé ce jour-là. Celui-ci se compose d’une équipe du Groupe d'investigations cynophile (GIC) de Bonneville, de deux militaires du Peloton de surveillance et d'intervention gendarmerie (PSIG) de Thonon-les-Bains, ainsi que de plusieurs gendarmes de la Brigade territoriale autonome de Montriond et du poste provisoire d’Avoriaz.

Tandis que Sierra, malinoise spécialisée dans la recherche de stupéfiants, d'armes, de munitions et de billets de banque, se fraie un chemin dans la foule, les deux militaires du PSIG opèrent en civil, se fondant anonymement dans la masse. Très fréquentes, les opérations de ce type s’organisent en coopération étroite avec le service de sécurité de l’établissement. « Le soutien des gendarmes est capital. Leur présence participe à la sécurité de nos clients, dont nous faisons l’une de nos priorités », souligne l’un des responsables. Aucune infraction ni abus ne seront relevés ce 21 février. L’opération a avant tout permis aux gendarmes d’assurer une présence dissuasive et rassurante, contribuant à la préservation de l’activité commerciale et touristique.

Présents lors des grands événements festifs qui ponctuent la saison touristique, les gendarmes ont également assuré la sécurisation du festival franco-suisse Rock the Pistes sur le domaine des Portes du soleil (16 - 22 mars) et Snowboxx festival à Avoriaz (15 - 22 mars), deux manifestations majeures dédiées aux passionnés de musique et de sports de glisse. Dans tous les lieux de rassemblement de personnes, les miliaires portent également une attention particulière à la menace terroriste.

À Châtel comme à Avoriaz, les gendarmes œuvrent aux côtés et au profit des acteurs locaux, au contact permanent des élus, des commerçants et des professionnels du tourisme. « Chaque semaine se tient une réunion Plan Neige, associant les différents services de la commune : Office du tourisme, École de ski français, services de la voirie départementale et communale, représentants des commerçants, des hôteliers et des restaurateurs, sapeurs-pompiers, police et gendarmerie nationales, explique Nicolas Rubin. Outre le partage d’informations, l’objectif consiste à favoriser les échanges entre tous les acteurs impliqués dans le bon fonctionnement et la sécurisation de la station. Et de trouver ensemble des solutions, face aux problématiques énoncées par chacun. »

La gendarmerie tient une place essentielle dans ce vaste écosystème, estime l’élu : « La présence des militaires au cœur de la station permet leur engagement rapide, dès lors qu’un problème survient. Cette réactivité rassure les différents acteurs locaux, et participe à l’instauration d’un climat serein, profitant aussi bien aux commerçants qu’aux touristes. Nous ne pourrions pas nous passer des gendarmes durant cette période décisive. »

Retrouvez ici la vidéo.