Journal de bord de la VCSM P613 Charente - épisode 2 : secourir en mer

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 10 octobre 2024
Puma hélitreuillant les secouristes sur la VCSM.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

En Guyane, nous avons embarqué pendant plusieurs jours à bord d’une vedette de la Gendarmerie maritime. Dans ce deuxième épisode, les gendarmes réalisent un exercice de sauvetage en mer participant à la qualification opérationnelle du navire.

En début d’année, l’équipe de Gendinfo a réalisé un reportage d’un mois en Guyane. L’objectif était de valoriser les unités de gendarmerie implantées dans ce département et de raconter leurs engagements, souvent méconnus. À cette occasion, nous avons pu réaliser une immersion aux côtés des gendarmes de la Vedette côtière de surveillance maritime (VCSM) P613 Charente, commandés par le major Aurélien Coutant.

Hélitreuiller en mer

Protégé de la houle par l’archipel des îles du Salut, l’équipage de La Charente entame l’exercice de secours en mer auquel vont participer un hélicoptère Sud-Aviation SA.330 Puma de l’armée de l’Air et de l’Espace et des sauveteurs-secouristes de la Sécurité civile.

Le major Coutant fixant la route Avia.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

Maintenant un contact permanent avec l’aéronef qui décolle de Cayenne, le major Aurélien Coutant calcule une route Avia. Cette trajectoire constante que s’apprête à prendre la vedette vise à offrir la meilleure stabilité possible, en tenant compte de la vitesse de l’hélicoptère, de la direction du vent et des conditions de mer. L’équipage manœuvre en conséquence.

Pendant qu’un binôme, constitué d’un pilote et d’un plongeur, met à l’eau le T.O., initiales de Thunder One, nom donné au semi-rigide embarqué à bord de La Charente, les autres marins procèdent à « la cueillette ». Les mouvements du rotor de l’hélicoptère vont générer un souffle important risquant d’emporter les éléments présents sur le pont. Ceux-ci pouvant causer des blessures, voire abîmer le navire ou l’aéronef, l’équipage s’assure de leur arrimage et prépare la plateforme arrière afin de permettre l’hélitreuillage des secouristes.

Gendarmes mettant à l'eau le T.O.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

« L’exercice se déroule en deux séquences, explique le commandant de la VCSM. Après avoir donné le vert-présentation à l’hélicoptère, celui-ci réalise l’hélitreuillage de deux sauveteurs-secouristes sur la plateforme arrière du bateau. Ceux-ci reçoivent la civière, puis les pilotes effectuent une rotation le temps de simuler le conditionnement d’un blessé. L’hélicoptère revient et treuille le brancard ainsi que les sauveteurs-secouristes. Nous effectuons régulièrement cet entraînement, afin d’être en mesure d’acheminer rapidement des secours sur un bateau en détresse. Aujourd’hui, il s’agissait de personnels de la Sécurité civile, mais les membres d’équipage de La Charente sont également capables de réaliser cette opération dans la mesure où nous sommes tous qualifiés sauveteurs-secouristes. »

Au cours de l’exercice, le T.O. se positionne du côté où la porte de l’hélicoptère est ouverte. En cas d’avarie emportant le crash de l’appareil, le pilote va l’incliner de manière à conserver la porte ouverte sur le dessus, permettant ainsi au plongeur d’intervenir pour porter assistance à l’équipage.

Puma de l'armée de l'air hélitreuillant les secouristes sur le pont de la VCSM.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

Cet exercice présente plusieurs difficultés. Outre la technicité de la mise en œuvre de la route Avia, la proximité avec l’hélicoptère présente un danger évident, que les marins doivent apprendre à maîtriser afin de qualifier opérationnellement la vedette.

Qualifier le bateau opérationnellement

« Cet exercice fait partie de ceux à valider pour qualifier la vedette opérationnellement », explique Gabriel, second sur La Charente.

Chaque mois, un tableau des exercices à effectuer est transmis au capitaine du navire (homme à la mer, prise de coffre consistant à s’amarrer à un coffre, hélitreuillage, etc.). Tous les 18 mois, l’équipage ainsi que le bateau font l’objet d’un stage de requalification opérationnelle (MECO ou RANO1), supervisé par un instructeur provenant du Centre national d'instruction de la gendarmerie maritime (CNIGM).

Puma hélitreuillant le brancard sur le pont de la VCSM.
© GEND/ SIRPAG/ ADC BOURDEAU

Les exercices de secours en mer sont primordiaux. Les marins de La Charente réalisent environ dix sauvetages par an, notamment de pêcheurs illégaux travaillant sur des embarcations particulièrement vétustes. La lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (pêche INN), constitue par ailleurs l’une des missions prioritaires de la Gendarmerie maritime en Guyane.


1MECO : Maintien en capacité opérationnelle. Afin d’être qualifié opérationnellement, l’équipage doit réaliser un spectre de missions définies par le contrôleur opérationnel, à savoir la Marine nationale. Le stage MECO est obligatoire lors d’un changement de commandant ou lors du renouvellement de 50 % ou plus de l’équipage. RANO : Remise à niveau opérationnelle. Permet l'optimisation de la capacité opérationnelle de l’équipage. Tous les deux ans les équipages sont soumis alternativement à un stage MECO ou RANO.


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