Immersion aux côtés des gendarmes des transports aériens de l’aéroport Marseille-Provence
- Par Hélène THIN
- Publié le 05 novembre 2024

La Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) de Marseille-Provence veille jour et nuit à la sûreté et à la sécurité de l’aéroport. Mais les missions de cette unité spécialisée ne s’arrêtent pas là. Elles s’étendent aux départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence, où sont implantés 42 aérodromes secondaires. Découverte de la BGTA, une brigade au champ d’action aussi large que stratégique.
Situé sur la commune de Marignane, à 25 kilomètres au nord-ouest de Marseille, l’aéroport international de Marseille-Provence accueille chaque année 11 millions de passagers.
Quatrième aéroport français, après Paris-Charles de Gaulle, Paris-Orly et Nice, il dessert plus de 130 destinations en Europe, en Afrique du Nord, au Canada et dans l’océan Indien. Équipé de deux pistes et de deux terminaux, il s’étend sur 646 hectares. En constante augmentation depuis plusieurs années, son activité s’organise autour du transport de passagers, la journée, et du transport de fret, la nuit. Dans ce lieu, où se croisent des flux incessants de voyageurs venus du monde entier, sûreté et sécurité constituent un enjeu stratégique majeur.
Parmi les acteurs concourant à la sécurisation de l’aéroport, la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) tient un rôle de premier plan. Formation spécialisée de la gendarmerie nationale, la GTA est placée pour emploi auprès de la Direction générale de l’aviation civile (DGAC). Armée de trente militaires, la BGTA de Marseille-Provence est dirigée par une femme. Issue de la gendarmerie départementale, la capitaine Virginie Léger a également exercé au sein de la gendarmerie maritime, avant de prendre la tête de la BGTA en 2023.
« Nos missions sont principalement axées sur la sécurité et la sûreté de l’aviation civile. Nous menons des actions de police aéronautique, aux fins de faire respecter la réglementation. Nous réalisons également des enquêtes judiciaires spécifiques, indique l’officier. Sur l’emprise aéroportuaire de Marseille, la BGTA intervient côté pistes, tandis que la Police aux frontières intervient côté ville. Nous avons pour rôle de protéger les passagers, les bagages, les installations et les aéronefs. »
Si la BGTA est basée à l’aéroport de Marseille-Provence, son action s’étend bien au-delà de son emprise. Elle couvre ainsi les départements des Bouches-du-Rhône (13), du Vaucluse (84), des Hautes-Alpes (05) et des Alpes-de-Haute-Provence (04), vaste territoire sur lequel sont implantés 42 aérodromes secondaires. Nombreuses et diversifiées, les missions de la BGTA font appel à un large spectre de compétences ultra-spécialisées.
Des missions stratégiques au cœur de l’aéroport de Marseille-Provence…
« Nous intervenons sur tous les avions civils. Aviation commerciale, d’affaires ou de tourisme, précise en préambule la capitaine Léger. Seuls les avions militaires sont exclus de notre champ de compétences. »
En charge de la sûreté et de la sécurité des zones fonctionnelles de l’aéroport de Marseille-Provence, dont l’accès est fortement réglementé, les gendarmes de la BGTA sont présents sur tous les fronts, du tri des bagages jusqu’aux aéronefs. Objectif : prévenir toute intrusion ou tout acte malveillant, et lutter contre la menace terroriste.
Tandis que le contact avec les voyageurs est réservé aux agents de la Police aux frontières (PAF), les militaires de la BGTA contrôlent et inspectent les agents de sûreté exerçant sur les pistes. Opérations de sûreté et contrôles sont en effet confiés à des entreprises spécialisées et disposant d’une habilitation, sélectionnées par les exploitants en charge des aéroports. « Nous réalisons des tests en situation opérationnelle, notamment aux Postes autoroutiers d’inspection et de filtrage (PARIF) destinés aux personnels qui ont un besoin légitime de pénétrer en zone côté piste de l’aéroport. Notre mission : contrôler les employés, eux-mêmes chargés des contrôles. Nous nous assurons que le process d’inspection est parfaitement respecté », poursuit-t-elle.
Chaque année, la trentaine de compagnies aériennes desservant l’aéroport sont ainsi l’objet de contrôles inopinés, notamment à bord des aéronefs. La fouille menée par le personnel naviguant entre deux rotations est alors passée au crible par les gendarmes. Cockpit, cabine, soute, train d’atterrissage… rien n’échappe à leur regard. À l’issue du contrôle, tout manquement relevé contre une personne morale ou physique fait l’objet d’une notification. Une fiche renseignée par les personnels de la BGTA est ensuite transmise à la commission de sûreté, au siège de la préfecture, laquelle effectuera un rappel à la réglementation, et décidera d’une éventuelle sanction financière. Dans certains cas, l’habilitation peut être suspendue ou retirée.
Les compagnies aériennes extérieures à l’Union européenne sont l’objet d’actions ciblées.
« À leur arrivée sur le sol français, un process spécifique de fouilles doit être mis en place par ces compagnies, conformément aux exigences de la réglementation européenne. Notre rôle est alors de nous assurer de la bonne conformité des procédures de contrôle », souligne la cheffe de la BGTA.
Les avions d’affaires sont eux aussi contrôlés. La documentation afférente au pilote et à l’appareil est ainsi examinée, et les passagers contrôlés.
Contrôles d’aéronefs civils : embarquement aux côtés des militaires de la Brigade de gendarmerie des transports aériens de l’aéroport Marseille-Pro...
Parmi les nombreuses missions de la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) de Marseille-Provence, les contrôles d’aéronefs représentent un enjeu majeur en...
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Mission escortes
La brigade de gendarmerie des transports aériens est également chargée d’escorter les autorités en visite officielle, dont l’avion atterrit ou décolle à Marseille-Provence. Pour les personnalités les plus sensibles, à l’instar du Pape François, en visite dans la cité phocéenne les 22 et 23 septembre 2023, ou du président de la République, le dispositif est renforcé par le déploiement sur l’aéroport de tireurs d’élite venus spécialement des unités de la GTA des aéroports de Paris Orly ou Roissy.
Fréquentes, les missions d’escorte sont réparties entre la BGTA et le Peloton de surveillance de d’intervention de la gendarmerie des transports aériens (PSIGTA), autre unité présente sur l’aéroport.
« Nous travaillons aussi avec la gendarmerie maritime et la brigade nautique. La navigation aux alentours de Marseille-Provence est très réglementée. Des patrouilles sur l’eau sont donc mises en place », complète la capitaine Léger.
Certains vols sensibles, à l’image de la compagnie nationale israélienne El Al, font l’objet d’un dispositif de sécurité renforcé. Depuis la reprise de ses vols, le 31 mars 2024, El Al bénéficie d’une protection permanente autour de ses appareils, selon les dispositions établies par la compagnie, la gendarmerie des transports aériens et la Police aux frontières. « Chacun se tient prêt à réagir, quelle que soit la situation », déclare l’officier.
Lutte anti-drone et contre le terrorisme
En matière de lutte contre le terrorisme, les drones représentent une menace majeure. Ultrarapides, mobiles et précis, ces engins sont en augmentation au-dessus de l’aéroport, zone dont le survol est interdit. La réaction en cas de détection de drones est assurée conjointement par les deux unités de GTA présentes sur l’aéroport, selon des procédures spécifiques, en étroite coordination avec la tour de contrôle. La BGTA est plus spécifiquement en charge des enquêtes qui en découleront.
Les gendarmes sont également mobilisés dans le cadre des évacuations sanitaires ou des transports médicaux d’organes, interventions se déroulant le plus souvent la nuit, et dans l’urgence. « Nous réceptionnons les véhicules sanitaires au niveau du PARIF, où un contrôle préalable a été réalisé par les agents de sûreté de l’aéroport. Nous les conduisons ensuite jusqu’au pied de l’avion, ces véhicules ne pouvant pénétrer en zone réservée que sous escorte de la gendarmerie, explique la capitaine Virginie Léger. Nous réalisons l’opération inverse lorsqu’ils atterrissent à Marseille-Provence. »
Lutte contre les vols de fret et la spoliation de bagages
Autre mission stratégique des gendarmes de la BGTA : la lutte contre les vols de fret et la spoliation de bagages. Argent, bijoux, cigarettes, appareils électroniques ou objets de luxe suscitent la convoitise de certains bagagistes. Un fléau contre lequel œuvrent quotidiennement les militaires, qui multiplient les actions de surveillance et de contrôle, et conduisent les investigations dès qu’un vol est commis.
Le travail dissimulé auquel se livrent parfois certaines sociétés, ainsi que le transport public illicite, exposant les passagers à des risques souvent méconnus, sont aussi dans le viseur des personnels de la BGTA.
Les gendarmes sont également chargés d’effectuer des contrôles d’alcoolémie et de stupéfiants sur les pilotes et les personnels de bord, suivant un dispositif analogue à celui du Code de la route. En cas de test positif ou de refus de se soumettre au contrôle, des mesures de rétention et de suspension des licences ou des autorisations d’exercer peuvent s’appliquer, ainsi que des sanctions pénales.
Dès lors que survient un événement inopiné, tel qu’un déroutement, les militaires de la BGTA interviennent afin d’assurer la sécurité des passagers et des membres de l’équipage. Ils sont également chargés d’ouvrir et de mener l’enquête quand la situation le nécessite.
Tous dotés d’une formation en sûreté aéroportuaire
Afin de remplir leurs missions, tous reçoivent, dès leur arrivée au sein de l’unité, une formation en sûreté aéroportuaire, dispensée par l’École nationale de l’aviation civile (Enac). Contrôleurs ou inspecteurs sûreté, chacun détient ainsi l’habilitation requise afin d’exercer des contrôles. Véritables spécialistes dans leur domaine d’intervention, les membres de l’équipe ont des missions qui leur sont propres. L’équipe compte ainsi dans ses rangs un référent dans chacun des principaux domaines d’intervention : sûreté, aéronautique et judiciaire.
Outre des compétences spécifiques très pointues, les militaires de la BGTA font également preuve d’une solide adaptabilité. « On s’adapte à la culture des professionnels de l’aéronautique, avec lesquels nous sommes en interaction permanente. Placée sous le signe du dialogue, notre collaboration est riche et fructueuse », estime la commandante de la BGTA.
Une compétence étendue à quatre départements et 42 aérodromes secondaires
Sur la vaste carte recouvrant l’un des pans de mur du bureau de la capitaine Léger, les punaises de couleur disposées à divers endroits signalisent les accidents d’aéronefs survenus depuis le début de l’année dans les départements des Bouches-du-Rhône, du Vaucluse, des Hautes-Alpes et des Alpes-de-Haute-Provence. Sur cette large étendue géographique rattachée à la BGTA de Marseille-Provence, quelque 42 aérodromes secondaires sont implantés.
Accidents matériels signalisés en rouge, corporels en jaune, mortels en noir, précise la capitaine. « La majeure partie des accidents implique des planeurs. Le facteur humain est généralement en cause. »
Touristique et montagneuse, la zone est prisée des amateurs de planeur ou d’ULM (dont la plupart sont de nationalité étrangère), en quête de sensations fortes et de panoramas spectaculaires. Les accidents ne sont pas rares. Une dizaine d’accidents mortels surviennent en moyenne chaque année.
« Lorsqu’un accident se produit, la brigade de gendarmerie locale est souvent la première à intervenir. Premiers à marcher (PAM), ces gendarmes sont prêts à intervenir 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Ils ont alors pour mission la mise en œuvre immédiate des premières mesures avant l’arrivée sur les lieux d’une équipe d’enquêteurs de la BGTA, lesquels sont tributaires des délais de route », rapporte la capitaine.
Événement impromptu, dans lequel le facteur temps est pourtant primordial, tout accident nécessite une intervention immédiate. Les unités locales procèdent donc, sans attendre, au gel des lieux, réalisent des prises de vue, aiguillées par les militaires de la BGTA, et effectuent les tests toxicologiques sur le pilote. Dès leur arrivée sur site, les enquêteurs de la GTA prennent le relais sur les aspects techniques. En cas d’accident mortel, les enquêteurs de la BGTA s’adressent à leurs contacts dans le milieu aéronautique pour obtenir rapidement les premiers éléments sur le pilote, les éventuels passagers ainsi que sur l’appareil.
Pour certains accidents mortels complexes ou présentant des particularités, la Section de recherches de la GTA (SRTA), basée à Roissy, et disposant d’une division spécialisée, se rend sur place. La SRTA assure alors la coordination entre les différents services et travaille en partenariat avec le Bureau d’enquêtes et d’analyses (BEA). Les enquêteurs de la BGTA demeurent cependant associés à la procédure. Leur implantation locale apporte en effet une plus-value inestimable pour la suite des investigations.
Des meetings aériens au Tour de France, de nombreux événements à sécuriser
Afin d’assurer une présence sur l’ensemble des aérodromes de sa circonscription, la BGTA de Marseille-Provence détache une équipe afin de quadriller la zone. Celle-ci a pour mission de réaliser des contrôles portant sur les règles d’exploitation des aérodromes, ainsi que sur les dispositifs de sûreté.
Sur certains aérodromes, à l’instar de celui de Gap - Tallard, dans les Hautes-Alpes, l’activité se concentre sur la période estivale. Des moyens spécifiques sont alors engagés au plus fort de l’été. « Nous projetons régulièrement deux à trois gendarmes pour des périodes de plusieurs jours. De nombreux contrôles sont alors réalisés sur cette plateforme, ainsi que sur les aérodromes situés aux alentours. Nous veillons au respect de la réglementation, tant pour prévenir les risques d’accidents que pour préserver la tranquillité des riverains. Altitude et parcours de vol sont ainsi contrôlés à l’aide de jumelles télémétriques », souligne la capitaine Léger.
C’est aussi en été que sont organisés de multiples événements. Parmi eux, les meetings aériens mobilisent fortement les militaires de la BGTA. En amont des manifestations, une vaste opération de contrôle est menée sur l’ensemble des aéronefs et des pilotes. Place ensuite à la sécurisation du meeting. Zones de sécurité et zones de survol sont ainsi contrôlées par les gendarmes, dans le but de garantir la sécurité des spectateurs. Au cœur de l’organisation de l’événement, les militaires sensibilisent les organisateurs ainsi que le public, multipliant les messages de prévention. Les points de vigilance sont également rappelés lors de chaque briefing.
Autre temps fort de l’année, le Tour de France est un événement majeur, parmi les plus suivis au monde. Outre les millions de spectateurs présents sur le bord des routes françaises, journalistes et personnalités sont nombreux à circuler dans les airs, essentiellement en hélicoptère. « Cette année, la Grande boucle a traversé notre circonscription sur 380 kilomètres. Nous avons assuré une présence sur les aérodromes situés sur le tracé du Tour, tout particulièrement pour vérifier les autorisations de survol, préalablement délivrées par la Préfecture », précise la commandante de la BGTA.
Protection de la biodiversité dans les sites naturels protégés
Parmi les missions de police aéronautique conduites par les gendarmes, certaines se déroulent sur des sites naturels protégés. Espace terrestre et marin situé entre Marseille et La Ciotat (Bouches-du-Rhône), le Parc national des Calanques a été créé en 2012. La préservation de sa biodiversité exceptionnelle représente un enjeu central. Afin de soutenir les agents du Parc dans cette mission, des patrouilles sont régulièrement organisées par les militaires de la BGTA.
Équipés de jumelles télémétriques, ces derniers traquent les vols illicites dans le ciel des Calanques. Une zone qu’aucun aéronef n’est autorisé à survoler à une hauteur inférieure à 1 000 mètres, au risque de perturber la nidification chez certaines espèces d’oiseaux, et ainsi mettre en péril leur reproduction. D’autres actions de ce type sont également menées par la BGTA sur d’autres sites protégés, comme le Parc naturel régional de Camargue.
Ces missions plurielles, méconnues pour certaines, sont portées par les trente militaires de la BGTA. Passionnés et engagés au service de millions de passagers, ces gendarmes du ciel évoluent au quotidien dans un environnement aussi complexe que contraint, où de multiples enjeux et intervenants se côtoient.
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