Contrôles d’aéronefs civils : embarquement aux côtés des militaires de la Brigade de gendarmerie des transports aériens de l’aéroport Marseille-Provence

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 04 novembre 2024
Un gendarme revêtant un gilet jaune portant la mention "Gendarmerie Transports aériens", que l'on voit de dos, se déplace dans l'allée centrale d'un avion de ligne, dont tous les sièges (de couleur bleue) sont vides.
© SIRPA-G / BRC Frédéric ARRIGHI

Parmi les nombreuses missions de la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) de Marseille-Provence, les contrôles d’aéronefs représentent un enjeu majeur en termes de sûreté et de sécurité. Immersion au cœur du 4e aéroport français, où les militaires de cette unité spécialisée procèdent quotidiennement à des contrôles sur des avions de ligne, d’affaires ou de transport de fret.

Il est 9 heures, ce mercredi 24 avril 2024, lorsqu’un Piaggio Avanti 180 en provenance d’Angers (Maine-et-Loire) se pose sur le tarmac de l’aéroport Marseille-Provence (Bouches-du-Rhône). Le bimoteur de couleur noire est un avion d’affaires transportant deux passagers, ainsi que l’équipage. Alors que l’aéronef s’immobilise sur la piste, cinq militaires de la Brigade de gendarmerie des transports aériens (BGTA) de Marseille-Provence stationnent leurs véhicules aux abords immédiats de l’appareil.

La porte de l’avion s’ouvre sur une piste baignée de soleil et balayée par un vent soufflant en rafales. L’opération de contrôle peut commencer. Le commandant de bord est d’abord invité à présenter les documents propres au pilote. Licence et certificat médical sont ainsi vérifiés par les gendarmes. Afin de conserver leur autorisation de vol, les pilotes doivent satisfaire aux tests d’aptitude auxquels ils sont régulièrement soumis.

Après ce premier contrôle, place à la vérification des papiers de l’avion. Carnet de bord, certificat d’examen de navigabilité, assurances, licence de station d’aéronef, devis de masse et centrage, licence acoustique… tous les documents de l’aéronef sont maintenant inspectés à la loupe par les personnels de la BGTA.
L’atmosphère est formelle et cordiale. Ces contrôles fréquents ne surprennent pas l’équipage, l’aviation d’affaires étant soumise à une réglementation stricte. « Les infractions sont d’ailleurs très rares », confient les gendarmes.
Les éléments recueillis durant l’intervention sont colligés sur une fiche par les militaires de la BGTA. Le contrôle du jour ne met en évidence aucune anomalie.

Deux gendarmes de la brigade des transports aériens, revếtant un gilet chasuble jaune au-dessus de leur uniforme bleu marine, contrôlent le commandant de bord d'un avion d'affaires. Les deux hommes tiennent en main des documents. L'un d'eux remplit un papier positionné sur un support rigide bleu. On distingue la porte de l'aéronef restée ouverte.
© SIRPA-G / BRC Frédéric ARRIGHI

Lors de certaines opérations, les passagers sont contrôlés. Les gendarmes peuvent ainsi procéder à diverses vérifications : identité, droit de séjour sur le sol français… Lorsqu’ils sont suspectés d’être en possession de produits stupéfiants, les clients sont également fouillés.
Des contrôles ciblant l’aviation d’affaires sont ainsi réalisés chaque jour par les militaires de la BGTA de Marseille-Provence.
Alors que cette première opération s’achève, les gendarmes rejoignent leur unité, enclavée au cœur de l’aéroport. À peine ont-ils regagné leurs locaux que s’organise déjà le second contrôle de la matinée. Celui-ci aura lieu sur un avion de ligne de la compagnie Air Algérie.

Objectif : lutter contre la menace terroriste

L’Airbus A320 en provenance d’Alger qui se pose ce jour-là sur l’une des deux pistes de l’aéroport Marseille-Provence est au complet. Deux rotations quotidiennes Alger - Marseille, dix destinations desservies dans toute l’Algérie au départ de la cité phocéenne… « La compagnie nationale algérienne est l’une des plus représentées sur l’aéroport, précise la capitaine Virginie Léger, commandante de la BGTA de Marseille-Provence. Elle figure parmi les compagnies les plus importantes, hors vols low cost. »

L’avion restera une heure au sol, avant de s’envoler en direction d’Alger. Dès l’instant où l’appareil se pose, le temps est donc compté pour les membres de l’équipage. Sitôt les derniers passagers débarqués, le nettoyage de la cabine commence. L’opération est réalisée par des agents de ménage, sous la surveillance étroite du personnel de bord. Cette première étape terminée, hôtesses et stewards peuvent procéder au contrôle de sûreté. C’est alors que les militaires de la BGTA pénètrent à bord de l’Airbus. Leur mission consiste aujourd’hui à contrôler les employés réalisant la fouille de l’aéronef. À son arrivée sur le sol français, la compagnie est tenue de réaliser une opération de fouilles suivant un processus spécifique et conforme aux exigences de la réglementation européenne. « Notre rôle est de veiller à la bonne exécution des procédures de contrôle », indique la capitaine Léger.

L’enjeu est en effet crucial, au regard des contraintes multiples, parfois paradoxales, auxquelles les compagnies aériennes sont soumises. « Nous sommes présents afin de rappeler leurs obligations aux compagnies, quelles que soient les contraintes temporelles, souligne la cheffe de la BGTA. Les fouilles sont très réglementées, et doivent se dérouler selon un schéma drastique. » Sur l’aéroport Marseille-Provence, où transitent chaque année 11 millions de passagers, la lutte contre la menace terroriste constitue un axe d’action prioritaire pour les gendarmes de la BGTA.

Tandis que la police aux frontières intervient côté ville, au contact des usagers de l’aéroport, les gendarmes œuvrent quant à eux côté pistes. Chargés de concourir à la sûreté et à la sécurité des zones fonctionnelles de l’aéroport, dont l’accès est fortement réglementé, les militaires ont pour mission de contrôler la bonne application des process de vérification mis en œuvre par les personnels, du tri des bagages jusqu’aux aéronefs.

Un gendarme de la brigade de gendarmerie des transports aériens, portant un gilet jaune, par-dessus son uniforme bleu marine, ainsi que des lunettes de soleil noires, se tient debout, de biais. L'homme regarde droit devant lui. Derrière lui, en arrière plan, on aperçoit un avion de ligne blanc et rouge, stationné à proximité immédiate d'une passerelle
© SIRPA-G / BRC Frédéric ARRIGHI

La présence rassurante des gendarmes à bord des avions

Dans l’A320, la fouille de sûreté débute rapidement sous l’œil scrutateur des gendarmes. Les personnels de bord sont à pied d’œuvre, chacun opérant dans une zone délimitée de l’appareil. Positionnée à l’avant de l’aéronef, la cheffe de cabine inspecte minutieusement les moindres recoins de l’office, un espace exclusivement réservé au personnel navigant. Au même moment, deux de ses collègues se livrent à la fouille de la cabine. Tandis qu’une hôtesse se charge du périmètre avant, un steward inspecte le secteur arrière. Derrière chacun d’eux se tient un gendarme, chargé de contrôler l’opération. Check-list en main, les militaires veillent à la bonne exécution de la fouille. « Uniquement réalisée par les personnels navigants, cette détection, à la fois manuelle et visuelle, a pour but de rechercher un objet prohibé, potentiellement introduit dans l’appareil par dissimulation », explique la capitaine Léger.

Les 189 sièges que compte l’aéronef sont ainsi examinés un à un. Les gestes sont rapides et méthodiques. Assises, accoudoirs, repose-tête, poches, interstices entre les sièges ou encore gilets de sauvetage… tout est passé au crible.
Les trois gendarmes engagés sur cette opération sont habilités contrôleur sûreté, à l’instar de tous les membres de la BGTA. Parmi eux se trouve un inspecteur ciblé, disposant d’un niveau de qualification supérieur. C’est lui qui coordonne la mission du jour et détermine la répartition des rôles au sein de l’équipe.
La fouille de sûreté de l’Airbus se joue également à l’extérieur de la cabine. Panneaux, trappes, logements de trains d'atterrissage sont eux aussi passés au peigne fin par une seconde équipe. Le contrôle de la soute s’effectue en présence du commandant de bord.
Vingt minutes après le début de l’opération, l’équipage déclare avoir terminé la fouille. Les gendarmes effectuent alors un débriefing, lors duquel peuvent être notifiés d’éventuels manquements. Malgré un timing serré, le contrôle de sûreté du vol Air Algérie a été mené dans les règles. Aucune réserve n’est émise par les militaires de la BGTA.

Un gendarme se tenant de baiais, revêtant un gilet chasuble jaune sur son uniforme, avec la mention dans le dos "Gendarmerie Transports aériens", tient dans sa main gauche un document. Il se trouve dans l'allée centrale d'un avion de ligne, dont les sièges sont vides. Il observe un steward effectuant un contrôle au niveau des sièges situés tout au fond de l'appareil.
© SIRPA-G / BRC Frédéric ARRIGHI

Des contrôles de ce type, la cheffe de cabine en a l’habitude. « Nous sommes soumis à deux ou trois contrôles chaque mois, indique-t-elle. Les contacts avec les militaires de la brigade de gendarmerie des transports aériens sont très bons. Leur présence à bord de nos avions est rassurante, compte tenu des enjeux. » Dans le métier depuis 24 ans, elle a assisté au durcissement des règles de sûreté dans l’aéronautique depuis les attentats du 11 septembre 2001. « Aujourd’hui, nous sommes en alerte permanente, durant tout le vol. Pour nous, personnels navigants, la sécurité représente l’enjeu premier de notre métier, loin devant l’aspect commercial. »

Dans ce contexte, le contrôle par les militaires des dispositifs de sûreté mis en œuvre par les compagnies est par conséquent essentiel. D’autres actions ciblées sont menées en parallèle par la BGTA. « Nous réalisons également des tests en situation opérationnelle, afin de vérifier l’efficacité des mesures de sûreté. Nous pouvons, par exemple, simuler un accès non autorisé à bord d’un aéronef, avec l’aide d’un testeur en tenue civile », confie la commandante de la BGTA. Réalisés conformément aux textes réglementaires, ces tests sont harmonisés au niveau national.
Véritable clé de voûte de l’action de la BGTA, la présence continue et renforcée des gendarmes sur le terrain est aujourd’hui garante de la sécurité des passagers et des équipages.

Sirpa - G / Nicolas BOULOT

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