Les gendarmes de la C2NRBC prennent de la hauteur
- Par Pablo Agnan
- Publié le 11 juillet 2020
Les militaires de la Cellule nationale nucléaire, radiologique, biologique et chimique (C2NRBC), unité unique au monde, ont réalisé, vendredi 26 juin, un entraînement conjoint avec leurs camarades de la Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO). Une première pour les deux unités, avec pour objectif d’établir un protocole d’intervention commun à leurs domaines respectifs.
Il faut bien connaître la région pour trouver cette ancienne maison de retraite de la SNCF. Perdu au beau milieu de la campagne, près de Gambais (78), ce bâtiment, abandonné depuis près de quatorze ans, fait figure de maison hantée. Un graffiti représentant le chien Scoubidou, du dessin animé du même nom, vient d’ailleurs témoigner du caractère « spectral » de cet édifice.
Un décor apocalyptique qui se prête bien à l’entraînement que mène conjointement la Cellule nationale nucléaire, radiologique, biologique et chimique (C2NRBC) et la Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO). Le 26 juin, ces deux unités voisines (elles sont toutes les deux basées dans le même bâtiment à Satory, N.D.L.R) ont organisé leur premier entraînement commun. L’objectif ? S’entraîner au franchissement d’obstacles et apprendre à découvrir le matériel des uns et des autres.
Fosses et autres trous contaminés font partie des difficultés que nous pouvons rencontrer lors de nos interventions
Car le rôle confié à la C2NRBC amène son personnel à intervenir dans des endroits souvent inaccessibles : « Fosses et autres trous contaminés font partie des difficultés que nous pouvons rencontrer lors de nos interventions », résume laconiquement le chef d'escadron Christophe Péré, commandant de l’unité. Et pour y accéder, les moyens conventionnels ne suffisent plus. « Nous disposons d’experts dans les domaines du nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), mais pas de spécialistes en franchissement opérationnel. » C’est pour faire face à ce problème que l’unité a décidé de faire appel à son voisin de palier.
Rencontre du troisième type
Le franchissement opérationnel, c’est justement le domaine de prédilection de la CNAMO. Cette petite unité, quasi-unique en Europe, est composée de six sous-officiers ultra-expérimentés. « Nous avons vocation à faire cesser les entravements et les accrochages complexes de manifestants, qu’ils soient en hauteur ou au sol », explique l’adjudant Matthieu, numéro 2 de la cellule. Lui et ses cinq autres camarades sont tous qualifiés « intervention professionnelle », « désentravement » et « franchissement opérationnel ».
Équipés comme des grimpeurs prêts à escalader la Rage d'Adam*, les « gros bras » de la CNAMO sont engagés en moyenne 130 jours par an, sur des missions diverses. Mais malgré leur expérience, ils vont cette fois-ci avoir à faire à une « rencontre du troisième type ». Car à l’instar de la CNAMO, la C2NRBC n’est pas non plus venue les mains vides. Les militaires ont en effet apporté tout leur Équipement de protection individuel (EPI). Un attirail qui rappelle aisément les films de science-fiction.
Masque filtrant, combinaison blanche intégrale, Appareil respiratoire isolant (ARI, avec des bouteilles d’oxygène similaires à celles utilisées par les plongeurs), bottes en caoutchouc et deux à trois paires de gants : les EPI de la C2NRBC permettent de « protéger les gendarmes contre tous les risques chimiques et biologiques », indique le maréchal des logis-chef Antoine. Problème, leur barda est encombrant et relativement lourd ; l’ARI pèse entre 12 et 15 kg. Si les militaires de la C2NRBC ont appris à travailler avec, dans toutes les conditions et circonstances, ce n’est pas le cas de ceux de la CNAMO. « C’est tout l’intérêt de cet exercice, se réjouit le maréchal des logis-chef Romain, spécialiste en nucléaire, radiologie, bactériologie et chimie. Il permet d’apprendre à travailler ensemble et à découvrir l’équipement de chacun. »
Si je dois descendre dans une fosse de 12 mètres de profondeur, je préfère savoir avec quoi je suis accroché
Prendre de la hauteur
En cette matinée ensoleillée du vendredi 26 juin, les gendarmes de la CNAMO vont découvrir la difficulté de travailler avec ces EPI. Si l’exercice débute par une montée à dix mètres sur une plateforme perchée en haut d’un arbre, suivie d’une descente en tyrolienne, le second module est bien plus délicat. Les personnels de la C2NRBC vont se faire hisser et descendre de la même manière que sur la première partie, mais avec leur équipement complet. Un véritable défi pour les militaires de la CNAMO, car ils vont devoir parfois porter des personnels qui, avec leur EPI, dépassent les 125 kg, et ce sans détériorer les équipements sur les passages délicats de la progression.
Autre problématique : comment bien sangler les gendarmes de la C2NRBC avec leur EPI ? Baudrier ou harnais ? C’est finalement la deuxième solution qui l’emporte. Le harnais permet de fixer l’ensemble des protections et d’assurer une montée et une descente sans risque pour les militaires spécialistes en NRBC. Une première certitude qui rassure le maréchal des logis-chef Romain : « Si je dois descendre dans une fosse de 12 mètres de profondeur, je préfère savoir avec quoi je suis accroché. »
Au final, cet entraînement « découverte » est le premier d’une série de trois drills conjoints entre les deux unités. Le but sera de mutualiser les compétences des deux cellules, pour arriver à un protocole d’intervention commun aux domaines de chacun.
* Une voie située dans les Gorges du Verdon, cotée 9b +, considérée comme la plus dure de France (le neuvième degré est le niveau de difficulté le plus haut en escalade).
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