Immersion au sein de la brigade de gendarmerie de l’Armement de Toulon

  • Par la lieutenante Floriane Hours
  • Publié le 11 novembre 2023
Dans un fort sur les hauteurs de Toulon, un gendarme de l'armement regarde la vue composée de Toulon et de la mer.
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

La gendarmerie de l’Armement compte treize brigades, dont dix sont liées aux emprises de la Direction générale de l’Armement. L’une d’elles est implantée au cœur de l’une des villes les plus militaires de France, à Toulon. Rencontre avec ces gendarmes de l’Armement, issus d’unités départementales ou mobiles, et désormais affectés au sein d’une brigade dont les missions souvent méconnues.

La Brigade de gendarmerie de l’Armement (BGArm) de Toulon, ce sont 31 militaires, commandés par un officier, le lieutenant Stéphane, en poste depuis trois ans. Implantée au sein de l’arsenal du Mourillon, près de la base navale, cette BGArm est une unité quelque peu différente des autres, puisqu’elle répond non pas à une, mais à trois autorités d’emploi distinctes réparties sur onze sites : la DGA Essais de missiles site Méditerranée (E.M. Med), la DGA Essais en vol (E.V.) et la DGA Techniques Navales (T.N.). Des domaines de l’Armement aux technicités différentes, au sein desquels les gendarmes de l’Armement jouent un rôle fondamental.

Une pluralité de sites

Les missions de la brigade de gendarmerie de l'Armement de Toulon sont aussi diverses que les sites auxquels elle est rattachée. Présents en permanence sur trois de ces onze sites, ceux de Mourillon, de Pipady (limitrophe avec le précédent) et de l'île du Levant, les gendarmes de la BGArm interviennent également, de manière ciblée, sur les huit autres emprises de la Direction générale de l’Armement (DGA), pour effectuer de simples contrôles, en cas de déclenchement d’alarme, de détection d'intrusion par les opérateurs de vidéosurveillance, ou de manœuvre organisée par la DGA nécessitant le blanchiment et la sécurisation de toute une zone.

Sous un grand ciel bleu en extérieur, un militaire de la GARM regarde un radar qui donne sur la passe de Toulon
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

Sur place, leurs missions vont bien au-delà de la vision souvent avancée (et fausse) de garde-barrières ou de pousse « bouton rouge, bouton vert ». Car si leur action permet en effet d’empêcher toute personne non autorisée à pénétrer sur les sites, cela n’est en aucun cas représentatif de leur quotidien, bien plus dense. Décidées par le commandant de brigade, en lien avec l’officier de sécurité (personnel de la DGA chargé du lien avec la gendarmerie), leur quotidien tourne en effet autour de la protection des lieux hautement sensibles, de la préservation des données classifiées, du transport d’ISC (Informations et Supports Classifiés) et, enfin, de la gestion de zone lors de manœuvres DGA. Des missions qu’ils remplissent avec rigueur et exemplarité, à l’instar de tous les personnels de la gendarmerie nationale.

Identifier et anticiper la menace

Dans le grand bâtiment blanc du site de Mourillon, qui abrite la brigade de gendarmerie de l’Armement de Toulon, une trentaine de militaires (comme ceux des douze autres brigades de l’Armement de France) s’affairent à la mise en place de leurs missions quotidiennes. Pour protéger les emprises de la DGA dont ils sont responsables, ces gendarmes s'appuient sur les deux mêmes piliers que la gendarmerie départementale (G.D.) : le renseignement et le terrain. Réalisé quotidiennement, le renseignement est un élément essentiel de leur travail. Reposant sur leur réseau, leur expertise, mais également sur le maillage territorial des unités de gendarmerie départementale, le renseignement collecté permet l’identification et l’anticipation de tout risque ou toute menace pouvant venir compromettre le bon fonctionnement d’un essai de missiles par exemple, d’une escorte ou tout simplement l’intégrité et la sécurité d’un site ou de ses personnels.

Dans une voiture, deux militaires de la GARM se dirige vers une barrière sécurisée.
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

Sur le terrain, les gendarmes de l’Armement de Toulon réalisent chaque jour (ou plusieurs fois par semaine selon l’éloignement du site) des patrouilles, afin de s’assurer que l’intégrité du site et la protection des données qui y sont produites, sont préservées. Au contact direct des ingénieurs et des autres personnels de la DGA, ils écoutent avec attention les signalements qui pourraient leur être faits. Garants du secret, ces militaires assurent également des surveillances durant les périodes où les lieux sont vides, comme la nuit ou le week-end, vérifiant notamment qu’aucun document classifié ne soit oublié sur un bureau ou dans une corbeille à papier. Lors de ces patrouilles régulières, les militaires identifient également les vulnérabilités des sites et effectuent des audits de sécurité avec l'aide de gendarmes formés en tant que correspondants ou référents sûreté. Une PSQ (Police de Sécurité du Quotidien) adaptée à la préservation du secret de la défense. Pour la DGA, la vision « gendarmerie » de la gestion des risques représente ainsi une véritable plus-value en matière de sécurité.

Des missions mobiles et judiciaires

À l’instar des gendarmes départementaux, les gendarmes de l’Armement, en leur qualité d’OPJ (Officiers de Police Judiciaire), réalisent également des missions de police judiciaire. Au sein des emprises de la DGA, que ce soit sur le site du Mourillon, sur celui de l’île du levant, au Mont-Coudon ou sur d’autres lieux, ils assurent ainsi la sécurité interne du lieu en effectuant des opérations de contrôle, notamment à destination des personnels travaillant sur place, en matière de sécurité routière (notamment sur l’île du Levant), de consommation de stupéfiants ou encore d’alcool, mais aussi de documents (par exemple lors de la venue de prestataires extérieurs sur un chantier ou autre).  
Pour être le plus efficaces possible sur cette dernière thématique, les gendarmes de la BGArm de Toulon sont formés à la fraude documentaire dès leur arrivée à l’unité. Une étape essentielle pour s’assurer de la recevabilité des documents présentés. Au-delà de ces contrôles, la juridiction des gendarmes de l'Armement leur permet également d’intervenir lors de faits graves, tels que des atteintes aux personnes ou aux biens.

Dans la nuit et en extérieur, deux gendarmes de l'armement réalisent une patrouille.
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

Des missions quotidiennes bien rodées, mais régulièrement entrecoupées de déplacements, parfois bien loin des limites de leur région. En déplacement loin de chez eux environ 100 jours par an, les militaires de la BGArm de Toulon sont nombreux à participer à des missions externes. Transport d’ISC ou déplacement de plusieurs jours sur l'île du Levant, ces missions peuvent les conduire aux quatre coins de la France, et même en outre-mer. À Toulon, il y a six mois, l’adjudant-chef Érick a ainsi participé à la mission d’escorte de missiles Syracuse au côté d’un gendarme de l’Armement de Toulouse et de deux autres militaires. Des missions qui nécessitent des compétences bien particulières, que ces gendarmes, issus pour la plupart d’unités de gendarmerie départementale, ont acquis grâce à des années de terrain, et qu’ils peuvent renforcer au travers de nombreuses formations.

Se former pour renforcer l’expertise gendarmerie

La protection des sites extrêmement sensibles, la préservation du secret et la défense des intérêts de la nation, nécessitent, au sein de la brigade de gendarmerie de l’Armement de Toulon comme au sein des autres BGArm du territoire, des compétences et une expertise bien particulières, aussi bien dans le domaine de l’intervention et de la protection, qu’en matière de sûreté et de gestion de crises. Pour renforcer ses savoir-faire, la GArm multiplie les actions de formation. « Nous travaillons dans un environnement un peu différent de celui de la G.D. Pour s’adapter à nos missions, à ce qui nous est demandé par nos trois autorités d’emploi, nous devons développer des connaissances que nous n’avions pas forcément avant de venir », explique le major Hans.

Dans cette unité, les gendarmes sont ainsi formés référents ou correspondants sûreté. « Le développement de ce réseau est un vrai enjeu », précise le lieutenant. À cela s’ajoutent le perfectionnement sur la législation du transport de munitions ou de matériels dangereux, le télépilotage de drone, la formation d’EOR (Explosive Ordnance Reconnaissance) et celle de Contrôleur des titres sécurisés (CTS).

Dans un fort sécurisé, un gendarme de l'armement se prépare à faire voler son drone pour surveiller les environs. Sur son dos, est inscrit : Gendarmerie Cellule Drone
© Sirpa-G . GND B. Lapointe

Au sein de la BGArm de Toulon, les gendarmes suivent également des formations plus classiques, du moins plus courantes en gendarmerie, comme celle de Moniteur et Aide-moniteur en intervention professionnelle (MIP et AMIP), de Technicien en identification criminelle de proximité (TICP), de formateur secouriste, etc.
Les compétences ainsi développées par le biais de ces formations sont de véritables atouts pour les gendarmes, pour la gendarmerie, mais surtout pour la DGA, comme le confirme le directeur de DGA techniques navales, Nicolas Drogi, dans le livre du cinquantenaire de la GArm : « De part ses compétences et son savoir-faire, la gendarmerie de l’Armement apporte des conseils et une expertise particulièrement utiles sur tous les projets sensibles de l’établissement. Bien sûr, la présence de la brigade sur le site est aussi un facteur de sécurité. Mais dans les faits, la brigade ne se limite pas à être présente sur site. Les gendarmes s'intègrent dans la vie du site, ils apprennent à en comprendre ses enjeux, ses contraintes et ses besoins. Cette démarche mérite d’être saluée, car c’est ce qui nous permet d’avoir une relation de travail si efficace et si réactive. »

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