Exercice grandeur nature à l’EOGN
- Par Hugo Challier
- Publié le 20 avril 2023
Les officiers-élèves de l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) ont participé, avec leurs camarades d’écoles d’officiers des différentes armées et d’écoles de sous-officiers de gendarmerie, à un exercice baptisé Midnight express, du vendredi 14 au dimanche 16 avril, à l’EOGN, à Melun.
Un pays allié de la France s’est fait attaquer par un pays voisin belliqueux. La mission de la France : garantir l’intégrité territoriale de cet État allié. La France, en représailles, est infiltrée par une cinquantaine de miliciens. Grâce à la vigilance des services de renseignement, ces miliciens sont repérés dans le sud-est de l’Essonne, avant leur passage à l’acte. Se sachant détectés, les miliciens abandonnent leurs armes et équipements, et tentent de s’enfuir par petits groupes vers le nord-ouest, où une force ennemie viendra les récupérer.
La gendarmerie nationale, engagée dans la Défense opérationnelle du territoire (DOT), monte en puissance pour intercepter les fuyards. De nombreuses unités sont alertées et viennent renforcer le Groupement de gendarmerie départementale (GGD).
Tel est le scénario de l’exercice Midnight Express, mis en place par l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN), du vendredi 14 au dimanche 16 avril, à Melun.
Force bleue et force verte
Deux équipes s’affrontaient lors de cet exercice : la force verte, composée du 2e groupement d’instruction de l’EOGN, d’élèves de l’Académie militaire de Saint-Cyr-Coëtquidan, de l’École Navale, de l’École de l’Air et de l’Espace, de l’École Polytechnique, de l’École nationale supérieure de techniques avancées – Bretagne (ENSTA), de l’École des officiers des carabiniers d’Italie et de l’École des officiers de la garde nationale républicaine du Portugal ; et la force bleue, quant à elle formée par le 1er groupement d’instruction de l’EOGN et par des élèves-gendarmes des Écoles de sous-officiers de gendarmerie (ESOG) de Chaumont et de Dijon.
« C’est le plus gros exercice de ce type en France », souligne le colonel Emmanuel Casso, commandant le 1er groupement d’instruction de l’EOGN, à la tête de la force bleue sur cet exercice. « Pour le besoin de cette manœuvre, nous avons constitué un Groupement de gendarmerie départementale (GGD) fictif, organisé en trois compagnies, un Escadron départemental de sécurité routière (EDSR), une équipe de Police judiciaire (P.J.), puis les groupements en renfort, deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) et, enfin, des unités spécialisées, qui étaient, elles, a contrario, de vraies unités de gendarmerie, avec un hélicoptère EC145, un EC135, des cellules drones, un peloton d’intervention et des cavaliers de la garde républicaine », ajoute-t-il.
La force verte, celle des miliciens, était composée d’une quinzaine d’équipes de six militaires et de partisans qui leur transmettaient des informations. « On a pu constituer nos groupes comme on le voulait. Nous, on l’a fait par affinités », raconte l’aspirant Maximilien, élève-officier de l’EOGN.
Ces équipes partaient à l’ouest de la Seine-et-Marne pour atteindre la zone d’extraction, se trouvant entre 90 et 100 kilomètres à l’est, selon le parcours choisi. « Avec quasiment 36 heures sans dormir, sans aucun matériel pour le couchage, c’est un véritable exercice de dépassement de soi, permettant de forger sa robustesse », précise le lieutenant-colonel Emmanuel La Combe, commandant le 2e groupement d’instruction de l’EOGN, à la tête de la force verte lors de l’exercice. « Le lendemain, les cuisses s’en souviennent », plaisante l’aspirant Maximilien.
Les fuyards s’appuyaient sur un commandement mobile et sur un réseau de partisans. Ils bénéficiaient du renseignement humain qui leur était transmis aux points de contact partisans et/ou à travers des boîtes aux lettres mortes.
La force bleue, de son côté, était composée d’Officiers-élèves (O.E.), qui conduisaient et mettaient en place un dispositif de contrôle de zone, renforcés par les élèves gendarmes des ESOG de Chaumont et Dijon. « Cela consistait à quadriller le terrain par des postes de surveillance fixes et des patrouilles mobiles sur le secteur, afin de repérer les miliciens, puis d’intercepter les groupes en fuite, en employant des moyens adaptés au terrain, puisqu’on avait une alternance de champs, de bois, de zones urbaines, précise le colonel Casso. Nous avons donc notamment utilisé des chevaux dans les zones boisées et, à l’inverse, des drones dans les environnements plus dégagés, afin d’avoir plus de visibilité. »
La lieutenante Laure, intégrée à la force bleue, au Poste de commandement (P.C.), précise : « J’étais au pôle J2, qui s’occupait du filtrage des différents renseignements sur l’adversaire, obtenus par nos unités amies ou la population qui appelait le 17. »
Les O.E. devaient aussi traiter des incidents, comme la découverte d’une cache d’armes ou encore une visite officielle du ministre des Transports. « La dominante police judiciaire a été engagée sur une cache d’arme dans le secteur sud de l’exercice, explique le lieutenant-colonel Alexandre Cornuot, chef du Département des compétences professionnelles (DCIP) à l’EOGN, qui faisait travailler les O.E. sur leur dominante. Après une phase de surveillance entre 4 heures et 6 heures du matin, le dimanche, l’enquête s’est terminée par une intervention à 6 heures, qui a permis l’interpellation des trafiquants d’armes, avec le concours d’un peloton d’intervention de la garde républicaine. »
Le but de la manœuvre
Grâce à cet exercice, les officiers-élèves ont pu travailler leurs acquis pédagogiques dans une mise en situation de commandement, coordonner tous les moyens spécialisés de la gendarmerie utilisés lors d’une mission sur le territoire national, ou encore mettre en place la planification réelle que nécessite une telle opération.
Ainsi la lieutenante Laure explique : « C’était très intéressant, notamment l’aspect tactique, l’emploi des différentes unités, des moyens complémentaires de la gendarmerie, confirme la lieutenante Laure. L’exercice s’est très bien passé. C’est une question d’endurance, mais nous sommes très bien entraînés à être dans une salle de commandement, 8 heures d’affilée, constamment aux aguets. Nous effectuons de nombreux exercices de rusticité. »
Pour le lieutenant-colonel Emmanuel la Combe : « cet exercice a répondu aux attentes des chefs pour la partie formation et aux attentes des élèves pour l’expérience vécue et l’aguerrissement. »
Et le colonel Emmanuel Casso de conclure : « c’est une réussite, car les élèves engagés sur l’exercice ont atteint leurs objectifs pédagogiques, qu’il s’agisse de la force bleue comme de la force verte. »
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