Envol vers la Guadeloupe avec le général Vincent Lamballe (1/2)

  • Par capitaine Marine Rabasté
  • Publié le 31 mai 2022

Le général Vincent Lamballe est à la tête du Commandement de la gendarmerie (COMGEND) de Guadeloupe et des Îles du Nord depuis le 1er août 2021. Enjeux, problématiques et particularités, il explique tout.

Au sud de la mer des Caraïbes, la Guadeloupe et ses îles font rêver. Eaux turquoise, plages de sable blanc, tortues et poissons exotiques… Comment ne pas imaginer ses vacances dans un tel décor. Et pourtant, sous ses airs paradisiaques, l’archipel n’échappe pas à la délinquance. Comme en métropole, la présence des forces de sécurité y est indispensable. Ainsi, 743 gendarmes y sont affectés et constituent les effectifs du COMGEND. Ils assurent la sécurité de 95 % du territoire et de 80 % de la population résidente, hors tourisme. « La gendarmerie est extrêmement présente en Guadeloupe. Elle y est bien implantée et son action est reconnue par tous », indique le général Vincent Lamballe. Là-bas, de nombreuses forces se côtoient et se renforcent, toutes à la main du commandant du COMGEND (Commandement de la gendarmerie), à quelques exceptions près.

Un territoire éclaté

Le COMGEND de Guadeloupe et des îles du Nord se compose de huit îles : la Guadeloupe, aussi appelée le « papillon » en raison de sa forme, les Saintes, Marie-Galante, la Désirade, Saint-Martin et Saint-Barthélemy. « Nous agissons sur un archipel étendu, avec la problématique de la double, voire de la triple insularité. Rien qu’entre Saint-Claude, là où se situe le COMGEND, et Saint-Martin, deuxième île principale, il y a 250 km ! », précise le général Lamballe. L’éloignement est l’une des principales problématiques auxquelles doivent faire face les gendarmes. « La concentration des moyens est nécessaire. Nous avons des gendarmes sur toutes les îles. Mais nous devons aussi être en mesure de pouvoir les renforcer si besoin, en tout temps. »

Ainsi, les moyens de projection sont ici primordiaux. Sur l’île principale, hélicoptère de la section aérienne et vedette de la brigade nautique sont les principaux moyens pour se rendre rapidement en tout point de l’archipel. Tous dépendent d’ailleurs du COMGEND, ce qui facilite l’action. « Le seul moyen dit "gendarmerie" qui ne nous appartient pas directement, c’est la Violette, le patrouilleur de la gendarmerie maritime, qui lui appartient à la Marine nationale. »

Une nécessaire proximité avec la population

Sur ce vaste territoire, la gendarmerie est la principale représentation de l’État. « La population voit à travers elle l’autorité de l’État », indique le général Lamballe. Une mission pas toujours aisée quand on sait qu’il subsiste quelques profondes blessures de l’histoire. « En Guadeloupe, il y a une référence culturelle forte et permanente à la période coloniale et à l’esclavage, mais aussi à des événements plus récents, comme le scandale sanitaire et environnemental du chlordécone. On remarque une importante méfiance vis-à-vis de l’action de l’État. » Un exemple récent : les multiples mouvements d’ordre public lors de la crise sanitaire, qui se sont soldés par d’importantes violences urbaines en novembre et décembre derniers. Cette forte dimension culturelle doit être prise en compte dans l’action des gendarmes. « On agit dans un contexte particulier, auprès d’une population qui a une forte identité locale. Nous devons donc adapter notre manière de faire pour maintenir notre proximité. »

© CNE M.Rabasté

L’accompagnement de la jeunesse guadeloupéenne

Cette proximité avec la population passe également par l’accompagnement de la jeunesse guadeloupéenne. À travers le recrutement local des Gendarmes adjoints volontaires (GAV) et de plus de 260 réservistes, le COMGEND intègre les jeunes à la construction de sa sécurité. Plusieurs contrats d’apprentissage sont également proposés, notamment au sein du centre d’information et de recrutement, du centre de soutien automobile ou encore dans le domaine de la communication.

Outre l’emploi direct de jeunes, il s’agit également de les familiariser à l’institution. Cela passe notamment par de nombreux stages offerts chaque année et par les Cadets de la gendarmerie, qui sont un bon vecteur pour toucher la jeunesse guadeloupéenne. Encadrés par les gendarmes départementaux et mobiles, ils apprennent à se dépasser, découvrent le fonctionnement de la gendarmerie et acquièrent les valeurs républicaines.

© CNE M.Rabasté

Cette proximité avec les populations les plus jeunes répond également à l’objectif de faire baisser la délinquance sur l’archipel, cette dernière étant souvent le fait de moins de 30 ans.

Une banalisation de la violence

Avec plus de 16 500 crimes et délits par an, le COMGEND de Guadeloupe se hisse à la première place en matière de délinquance ultramarine. « Le tourisme génère de la convoitise, qui entraîne vols, agressions… Mais ici, on a surtout affaire aux vols d’appropriation par violences au sein même de la population et entre gangs. » La présence d’armes lors de la commission d’infractions est en effet monnaie courante en Guadeloupe, où huit vols à main armée sur dix se font d’ailleurs à l’aide d’une arme à feu et où ces méfaits sont cinq fois plus nombreux que sur le reste du territoire national. « Il y a une réelle banalisation de la violence », analyse le COMGEND. Sur l’archipel, le nombre d’atteintes aux personnes, dont les homicides, est en effet deux fois plus élevé que le taux national.

Avec 15 000 interventions par an en moyenne, l’activité y est également très soutenue. Les gendarmes doivent faire face à une violence constante. « Chaque année, il y a un nombre important de gendarmes blessés. La différence avec la métropole, c’est vraiment la présence d’armes. Ici, les gens n’hésitent pas à sortir une arme, couteau, coutelas, arme de poing ou fusil, lorsque la situation devient tendue. »

Des forces d’intervention

L’activité opérationnelle conséquente justifie la présence de renforts permanents au sein du COMGEND. Trois Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) et un Peloton d’intervention de la Garde républicaine (PIGR) sont ainsi constamment répartis en différents points du territoire. « Ils représentent un quart de l’effectif total des gendarmes présents ici. » En renfort des brigades ou en Détachement de surveillance et d’intervention (DSI), ils constituent une véritable force d’appui face à l’afflux de population.

© CNE M.Rabasté

« C’est également la force de réserve du préfet, les seules Unités de force mobile (UFM) en Guadeloupe relevant de la gendarmerie. » En cas de troubles à l’ordre public, les escadrons sont en mesure de se réorganiser pour réaliser des manœuvres de maintien de l’ordre. Sur place, quatre Véhicules blindés à roue de la gendarmerie (VBRG) sont d’ailleurs présents pour renforcer l’action. Ces renforts sont donc une force de réaction importante à la main du commandant du COMGEND. Leur présence lui permet en effet de trouver le bon niveau d’action pour assurer la sécurité de la population, en fonction des événements.

Le COMGEND de Guadeloupe peut également compter sur l’appui d’une force d’intervention spécialisée : l’Antenne GIGN (AGIGN) de Pointe-à-Pitre. Outre sa mission de contre-terrorisme, elle réalise également de multiples missions au profit des unités de recherches et des brigades.

L’ensemble des forces (départementales, mobiles et spécialisées) en présence sur le territoire agit de manière complémentaire pour faire face aux différents événements. L’insularité oblige en effet le COMGEND de Guadeloupe à assurer la gestion de l’ordre public avec ses moyens propres, dans l’attente de renforts métropolitains, comme ce fut le cas en novembre et décembre derniers.

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