Cartographie de crise : un système innovant, autonome et projetable

  • Par la CNE Céline Morin
  • Publié le 10 juillet 2017
Présenté au Shield Africa en février 2017, le SC2 a reçu le trophée de la résilience sociétale du haut comité français de la défense civile en 2015 et le prix de l’Audace l’année suivante.
© Sirpa

La gendarmerie dispose d’un outil permettant de produire des cartes intégrant les modifications environnementales provoquées par une crise d’origine naturelle ou humaine.

« Le CPGC a pour mission d’appuyer les échelons territoriaux de commandement sur tous les aspects de gestion de crise et de grands événements en proposant des solutions adaptées. Pour être plus efficients, nous avons besoin d’outils performants, présente le colonel Éric Vankerrebrouck, commandant en second du centre. Le SC2, qui est un pur produit du CPGC, fait partie de ces outils. » À l’origine de ce système de création et de production d’images cartographiques de crise, deux officiers : les lieutenants-colonels (LCL) Thibaut Lucazeau et Christophe Blanc.

Au fil des missions du CPGC, ces derniers ont en effet constaté que les cartes à disposition ne reflétaient pas toujours la réalité, du fait de leur ancienneté ou d’une crise, d’origine naturelle ou humaine modifiant l’environnement physique (tremblement de terre, avalanche, inondation, ZAD, teknival…). S’appuyant sur les évolutions technologiques, les deux officiers ont alors imaginé, dès 2013, une solution technique en mesure de pallier cette obsolescence et d’apporter toutes les informations pertinentes et nécessaires à la manœuvre opérationnelle. Ils ont ensuite trouvé des partenaires, tels que la société l’Avion Jaune, des fournisseurs de matériels capables de contribuer au développement d’un prototype, et enfin le financement nécessaire.

Deuxième volet du projet, le module air, est un système aérien d’acquisition d’orthophotographies comprenant notamment un pod rapidement fixable sur un hélicoptère.

La mission innovation participative du ministère de la Défense a contribué au projet à hauteur de 100 000 € et la DGGN pour un montant de 40 000 €. Les concepteurs ont également reçu le soutien du Comsop (Commandement du soutien opérationnel) pour la rédaction des contrats et la gestion des budgets, et celui des forces aériennes de gendarmerie, notamment pour les vols d’essai conduits en mai et octobre 2015.

Cartographier 200 km² en moins de 4 heures

Le SC2 comprend donc un module terre, qui est une chaîne projetable de production de cartes grand format. Il se compose d’une station informatique et d’une imprimante A1 ou A0, permettant la production rapide de cartes (une par minute) sur différents supports (classique, indéchirable, résistant à l’eau). Ce module intègre les données numériques les plus récentes de l’IGN afin de produire les cartes nécessaires à la planification et à la conduite des opérations. Le deuxième volet de ce projet, le module air, est un système aérien d’acquisition d’orthophotographies comprenant notamment un pod rapidement fixable sur un hélicoptère. Ce dispositif permet de prendre des photos verticales géoréférencées de la zone.

Au terme de la mission aérienne, les centaines de photos prises et les données géographiques associées sont intégrées dans le module terre où elles sont traitées afin de créer une image cartographique unique de la zone survolée. « Bien que les prises de vue aient été réalisées à plusieurs centaines de mètres de hauteur, la résolution de la mosaïque d’images est extraordinaire. Elle permet ainsi de zoomer dans l’image jusqu’à de très grandes échelles pour visualiser un détail du terrain, précise le LCL Blanc. On obtient ainsi une photographie verticale géoréférencée qui possède les mêmes caractéristiques qu’une carte. À ce titre, on peut l’enrichir d’une quantité de données géographiques ou tactiques. »

Concrètement, en moins de quatre heures, le dispositif permet de cartographier au maximum 200 km² et d’obtenir en temps réel l’image cartographique d’une situation. « C’est une mine d’or en termes de renseignements. Cela permet de comprendre immédiatement la nature d’un problème et d’en appréhender les enjeux. Grâce au géoréférencement, nous sommes, par exemple, en capacité de mesurer des distances, des surfaces et de préparer précisément une intervention. Cette connaissance du terrain et des positions de l’adversaire limite par ailleurs les risques de surprise, apportant ainsi un gage de sécurité supplémentaire pour les forces engagées, poursuit le LCL Blanc. Le SC2 est donc un véritable outil d’aide à la décision, à la planification et à la coordination des opérations. Ses applications sont multiples : du dossier d’objectif P.J. aux grandes manœuvres gendarmerie (ZAD, teknival ou événements climatiques). » À peine opérationnel, le SC2 a ainsi été employé sur le site du campement de la Lande à Calais, sur les stades de l’Euro de football, les ZAD de Notre-Dame-des-Landes, Roybon, Agen, ou encore les sites des commémorations de la bataille de la Somme.

Le logiciel du pod air élabore une stratégie d’acquisition orthophotographique (plan de vol) en fonction des données enregistrées (point d’entrée de la zone à cartographier, altitude de vol, etc.).

Extension du projet pour couvrir 90 % du territoire métropolitain

« Le prototype est en attente de certification aéronautique, mais le directeur général a, d’ores et déjà, validé la phase de développement du projet, précise le COL Vankerrebrouck. En plus du prototype, nous devrions ainsi pouvoir faire l’acquisition de trois nouveaux pod air, qui seraient basés à Montpellier, Bordeaux et Issy-les-Moulineaux et de six modules terre implantés à Issy-les-Moulineaux, Montpellier, Bordeaux, Metz, Lyon et Rennes. Cette répartition nous permettrait de couvrir 90 % du territoire métropolitain dans un délai de trois heures, par projection des modules terre ou air. Pour les armer, nous allons recruter dans les régions concernées des opérateurs qui suivront une formation de trois semaines à la DGGN, avant de retourner dans leurs unités d’affection avec les systèmes de cartographie de crise. »

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