Rallye Aïcha : les « gazelles bleues » repartent à l’aventure
- Par le chef d'escadron Sophie Bernard
- Publié le 18 mars 2022
Nadège et Delphine, gendarmes en Franche-Comté, ont tenté l’aventure du Rallye des Gazelles. Récit d'un beau projet en commun.
Dans la vie, il y a des coups de cœur amicaux. Ce fut le cas pour Nadège et Delphine. Toutes deux gendarmes en Franche-Comté, elles se sont rencontrées il y a dix ans, alors qu’elles préparaient l’examen d’officier de police judiciaire, l’une dans le Jura et l’autre en Haute-Saône. Très vite, les deux femmes se découvrent des points communs et deviennent complices. Au fil des affectations, elles finissent par se retrouver à la compagnie de Montbéliard, et se côtoient d’autant plus en dehors du travail, entourées de leurs familles. C’est autour d’un barbecue que le mari de Delphine leur soumet finalement l’idée : pourquoi ne pas tenter l’aventure du Rallye des Gazelles ?
Un projet commun
Nadège et Delphine se renseignent et apprécient le concept de cette compétition 100 % féminine, en 4X4 dans le désert marocain. Existant depuis 1990, il ne s’agit pas d’une course de vitesse, mais d’orientation, puisque les participantes doivent effectuer ce parcours hors piste, en faisant le moins de kilomètres possible, à l’aide seulement d’une carte et d’une boussole.
En outre, le rallye se fait dans le respect de l’environnement et avec un esprit solidaire envers les populations locales, porté par l’association « Rallye Cœur de Gazelles », qui construit des puits, apporte du matériel scolaire et médical, etc.
Mais l’aventure a un prix : 28 000 euros à trouver dans un temps limité, pour combler toutes les dépenses (frais d’inscription, achat du véhicule, transport par bateau, etc.). Plus motivées que jamais et soutenues par leur entourage, les deux femmes vont remuer ciel et terre pour réunir les fonds. Elles recherchent des sponsors et réalisent plusieurs opérations pour financer leur projet : la création et la vente d’un écusson spécial, l’organisation d’un spectacle de cabaret, d’une brocante ou encore d’une tombola.
Par ailleurs, il ne s’agit pas de rouler des mécaniques sans s’y connaître un minimum. Aussi, les amies suivent des stages de conduite et de navigation. La gendarmerie leur propose même une formation avec l’atelier garage pour être sûre de les voir revenir !
Une première expérience inoubliable
C’est ainsi que, mi-mars 2018, les deux complices laissent travail, maris et enfants, pour s’élancer dans l’aventure, à bord d’un 4X4 pick-up Nissan Navara. Chacune trouve naturellement sa place du fait de ses aptitudes : Nadège au pilotage, Delphine à la navigation. Mais le parcours en hors-piste de 2 000 km reste semé d’embûches. Dès le début de la course, alors qu’elles admirent le paysage désertique et prennent le temps de faire des selfies, elles s’enlisent dans les bancs de sable qui ramollissent sous le soleil de plomb. « Il y a des jours avec et des jours sans ! Nous pouvions nous ensabler, tourner en rond, voire tomber en panne. Parfois, il n’y a pas d’autres choix que d’appeler l’assistance mécanique, mais cela génère une pénalité », explique Nadège. Pour autant, aucune tension ne viendra ternir cette belle parenthèse : « L’idée était vraiment de s’oublier pendant dix jours. Nous avons profité un maximum. En plus, la solidarité est omniprésente entre les équipages. » Le voyage leur laisse surtout de merveilleux souvenirs en tête : les échanges sincères avec la population locale, les bivouacs auprès du feu, où la magie de la voie lactée opère, l’adrénaline générée au franchissement de certains obstacles… Un vrai flot d’émotions…
« Nous étions venues chercher l’aventure, le dépassement de soi, la solidarité et nous n’avons pas été déçues », affirment-elles. À l’arrivée, les deux complices terminent 101e sur un total de 165 équipages. « Un résultat honorable pour des débutantes », reconnaît Nadège.
Un nouveau défi à relever
À leur retour, les deux gendarmes organisent une soirée pour remercier leur entourage et tous les partenaires qui les ont soutenues. « À cette occasion, nous leur avons annoncé que nous serions ravies de repartir », racontent-elles. Déterminées et battantes par nature, les deux femmes ne veulent en effet pas en rester là. Afin de gagner des places au classement général, elles souhaitent repartir à l’aventure à l’occasion de la 30e édition du rallye, prévue initialement du 13 au 28 mars 2020. « La première fois, c’était une découverte. Maintenant que nous connaissons, nous voulons nous tester et donner le meilleur de nous-mêmes pour la compétition », explique Nadège.
Dans ce but, elles mobilisent toute leur énergie pour trouver le budget nécessaire au financement du projet : le reversement d’une partie des bénéfices sur les ventes de commerçants partenaires, mais aussi la vente d’un nouvel écusson, brodé « Team gazelles bleues », comme elles aiment à se surnommer. Après s’être entraînées en conditions réelles, au cours d'un stage de pilotage et de navigation réalisé dans l’Erg Chegaga, à la mi-février, elles se sentent prêtes à relever le défi. Mais à l’approche du jour J, la crise sanitaire survient, et au lieu de s’envoler vers le désert marocain, elles se retrouvent confinées. « Le rallye a été reporté à cinq reprises ! La 30e édition a finalement pu avoir lieu en septembre 2021, mais ce n’était plus possible pour nous en termes d’organisation professionnelle », explique Nadège.
C’est reparti pour le rallye !
Qu’à cela ne tienne, les deux femmes parviennent à se réinscrire pour la 31e édition, qui se déroulera du 18 mars au 2 avril prochain. « Il a fallu trouver des financements supplémentaires pour assumer certains frais apparus liés au Covid : les masques, les bouteilles de gel hydroalcoolique, les autotests et surtout l’assurance annulation en cas de nouvel imprévu », fait-elle remarquer. Ces deux boules d’énergie ont aussi prévu d’organiser un nouveau spectacle de cabaret en septembre prochain, « pour remercier tout le monde, rentrer dans nos frais et reverser, le cas échéant, l’excédent à une association. »
Si le duo s’est de nouveau entraîné à s’orienter sur une carte à travers différents exercices, le pilotage dans le désert reste un lointain souvenir, le Maroc n’ayant rouvert ses frontières que le 31 janvier dernier. Néanmoins, les deux gendarmes restent confiantes. « C’est comme le vélo, ça ne s’oublie pas et ça reviendra très vite, dès que nous serons sur le sable. » C’est tout ce que nous leur souhaitons. Rendez-vous sur la ligne d’arrivée pour connaître leur classement et leurs impressions sur cette deuxième expérience !
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