JOP 2024 : les forces aériennes de gendarmerie œuvrent à la maîtrise du ciel
- Par par le commandant Céline Morin
- Publié le 08 août 2024

Particulièrement engagées sur les zones d’affluence touristique, mais également en Nouvelle-Calédonie, ainsi que sur les missions du quotidien, les Forces aériennes de la gendarmerie nationale (FAGN) sont également au rendez-vous des Jeux Olympiques et Paralympiques de Paris 2024. Observation-renseignement, intervention, coordination 3D, le général Emmanuel Josse, commandant les FAGN, revient sur cet engagement inédit.
Mon général, quels sont les enjeux que revêtent les JOP pour les FAGN, et à ce titre, quelles sont les missions qui leur sont confiées ?
Les FAGN se sont vu confier deux grandes missions permanentes durant toute la durée des Jeux Olympiques et Paralympiques. La première est d’observer et de renseigner sur tous les sites des Jeux et sur tous les sites d’intérêt liés aux Jeux, comme les nœuds de circulation, les nœuds ferroviaires, etc. Cette mission se fait à partir des hélicoptères, notamment de leurs caméras, mais aussi des drones.
La deuxième est d’assurer une capacité d’intervention, tout particulièrement au profit des forces d’intervention spécialisée que sont le GIGN, le RAID, la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la Préfecture de police (P.P.) de Paris.
Pour nous, l’enjeu était d’abord dans la préparation elle-même. En amont de la phase de conduite que l’on connaît aujourd’hui, nous avons mené un très gros travail préparatoire, de planification et d’anticipation. Il s’agissait en effet, au regard de l’ampleur de l’événement, de dégager une ressource d’hélicoptères et d’équipage inédite. D’autant plus inédite qu’elle était pénalisée par la concomitance avec la saison estivale, où traditionnellement les forces aériennes sont très mobilisées, notamment sur les grands sites d’affluence touristique, qu’il s’agisse de la montagne ou des façades maritimes.
Les deux ateliers du centre national de maintenance aéronautique de la gendarmerie, implantés à Orléans et à Nîmes, ont œuvré pendant près d’un an pour obtenir une disponibilité quasi complète de la flotte pendant les mois de juillet et août 2024. Pour cela, il nous a fallu contrarier notre manœuvre habituelle, qui veut que les indisponibilités, c’est-à-dire les entretiens programmés, soient lissées sur l’année, pour les concentrer avant et après l’été, tout en continuant de répondre aux enjeux opérationnels classiques. Par conséquent, il a fallu accepter une indisponibilité inédite au printemps, sachant qu’il y en aura également une inédite à l’automne.
Nous sommes aujourd’hui en phase de conduite. Quels sont les moyens mobilisés pour remplir ces missions ?
Chaque mission est très liée à un type de flotte. Pour l’observation renseignement, il s’agit des EC 135, équipés de système optronique d’observation (caméra vidéo), tandis que la mission intervention concerne la flotte d’EC 145, dont la capacité d’emport est plus importante, permettant d’embarquer des tireurs d’élite, voire une petite équipe d’intervention du GIGN.
Concrètement, pendant les deux mois d’été, nous avons chaque jour, a minima, quatre hélicoptères, deux 135, deux 145, immédiatement disponibles à Villacoublay. Nous avons par ailleurs un EC 135 et un EC 145 supplémentaires prépositionnés dans la province proche, en mesure de rejoindre soit la base d’Orléans, soit l’aérodrome d’Auxerre, afin de se prépositionner. En effet, au regard de l’indisponibilité des plots de stationnement en île-de-France, nous n’avons pas la possibilité de stationner à demeure six hélicoptères. D’ailleurs, ces deux hélicoptères en renfort continuent de travailler sur leur zone respective. Si la situation le nécessitait, nous pourrions monter jusqu’à huit machines, sans avoir à fermer de Section aérienne de gendarmerie (SAG) en province. On peut donc d’ores et déjà se réjouir d’avoir réussi cette manœuvre de disponibilité des aéronefs.
Bien sûr, nous avons conduit dans le même temps une manœuvre R.H. importante afin d’être en capacité d'aligner des pilotes et des mécaniciens en temps et en heure pour pouvoir faire voler ces hélicoptères.
S’agissant des moyens d’observation et de renseignement, les télépilotes et les drones de la gendarmerie, tout particulièrement ceux des FAGN, mais également ceux de la Région de gendarmerie d’île-de-France, viennent compléter la ressource de la Préfecture de Police de Paris, insuffisante pour couvrir à elle seule l’ensemble du spectre des missions.
Comment les FAGN s’articulent avec le COMFORGEND, la P.P. et ses autres partenaires ?
Cette question me conduit à préciser une troisième mission qui a été attribuée au CFAGN : la coordination 3D. C’est-à-dire la coordination aérienne entre tous les aéronefs habités, qu’il s’agisse de nos hélicoptères, mais aussi des appareils et avions des autres forces engagées, et bien sûr les drones de tous les acteurs, gendarmerie, police, armées, voire pompiers.
À cette fin, je dois alimenter en permanence, sur ma ressource d’officiers, trois Postes de commandement opérationnels (PCO) stratégiques : celui de la DOPC (Direction de l’Ordre Public et de la Circulation) de la P.P. de Paris, celui du Centre de coordination civilo-militaire des opérations aériennes (C3MOA), placé sous l'autorité de l'armée de l’Air et de l’Espace et qui coordonne à la fois la bulle de protection sur tous les sites de France et le ciel sur le territoire national, et, enfin, le Centre des opérations (CDO) du Commandement des forces de gendarmerie (COMFORGEND) pour les JOP.
C’est une facture lourde en termes de moyens humains, que nous avons anticipée en dégageant les ressources nécessaires, notamment à travers la mobilisation d’officiers de réserve issus des forces aériennes pour renforcer ces différents P.C.
Nous anticipons cette coordination depuis des mois, d’un côté avec le COMFORGEND et la P.P. pour les missions strictes de sécurité publique, et d’un autre côté avec les armées, pour tout ce qui est sécurité de l’air, c’est-à-dire toutes les missions purement militaires de défense du ciel.
Cette mobilisation ne concerne pas uniquement la plaque parisienne…
En effet. J’ai également un gros pôle d’activité à Marseille, où le commandant de la force aérienne Sud assure cette même mission de coordination 3D au sein du P.C. opérationnel, au profit du préfet de Marseille. Et sur tous les sites, qu’il s’agisse de Lille, Châteauroux, etc., les SAG locales sont engagées pour assurer essentiellement les missions d’observation renseignement et, au besoin, des missions de projection de forces. Nous sommes donc engagés sur tous les sites du ressort de la gendarmerie, à l’exception de la Polynésie française, seule outre-mer où il n’y a pas de SAG, mais où des télépilotes de la gendarmerie départementale sont déployés.
S’agissant plus particulièrement de la cérémonie d’ouverture, vendredi 26 juillet dernier, y avait-il un enjeu particulier pour vous ?
C’était une journée intense. Pour la mission d’observation renseignement, l’enjeu principal était d’assurer une transmission fluide des images dans les différents P.C. Ce point peut paraître anecdotique, mais pour nous ça ne l’était pas. L’image est aujourd’hui un vrai enjeu de commandement et de direction. Les autorités, politiques ou militaires, ont besoin de visualiser la situation sur le terrain en temps réel afin de prendre les meilleures décisions. Il faut donc savoir remporter cette manœuvre image, qui est à la fois très technique et très aléatoire.
Et retransmettre des images depuis un hélicoptère, sur une zone à si forte densité, sachant que les réseaux 4G sont globalement saturés, que les canaux pour faire passer les données, dont les vidéos sont très gourmandes, sont encombrés, ce n’était pas gagné d’avance ! C’est pour y faire face que, depuis plusieurs mois, nous avons rééquipé d’un côté nos hélicoptères et de l’autre les antennes au sol, afin de consolider et redonder les différents canaux de retransmission vidéo. Un sujet technique et juridique, qui relève à la fois du commandement des FAGN et de l’ANFSI (Agence du Numérique des Forces de Sécurité Intérieure), dont les experts respectifs ont travaillé ensemble. Cela a été un vrai défi, que nous avons remporté à ce stade, puisque nous avons été au rendez-vous de la retransmission.
Nous avons également subi ce jour-là les aléas de la météo, contrainte que l’on connaît bien dans les forces aériennes, mais nous avons pu mettre à profit certains créneaux et voler en limite de plafond, ce qui nous a permis d’assurer nos différentes missions.
Bien évidemment, parallèlement aux JOP, l’activité quotidienne de la gendarmerie se poursuit, qui engage également les FAGN…
Nous avons un spectre de missions très large, puisque nous sommes présents, d’une manière ou d’une autre, dans à peu près toutes les missions de la gendarmerie, en appui aérien de toutes ses composantes.
Comme tous les étés, en parallèle des JOP, nous sommes notamment très engagés sur les zones d’affluence touristique. Mais en plus, cette année, nous avons fourni un engagement très significatif en Nouvelle-Calédonie. Cette mission a capté, de manière imprévue, un certain nombre de ressources, puisque nous avons projeté un EC 145 ainsi que des équipages en renfort. Je rajouterai encore les 80 ans du Débarquement en Normandie, mais également l’incertitude liée à l’ordre public, volet qui a été particulièrement dense ces dernières semaines. Je pense notamment aux bassines, dans le Sud-Ouest, où les FAGN ont été engagées une semaine à la mi-juillet.
Par conséquent, quand on a une actualité dense telle que celle que l’on connaît aujourd’hui, l’enjeu c’est d’être capable de maintenir le bon niveau de tension, dans le respect de la sécurité des vols.
À ce stade, je le dis encore prudemment parce que la période des Jeux n’est pas finie, mais il y a de quoi être fier de nos forces aériennes de la gendarmerie. Chaque personnel, qu’il s’agisse des pilotes, des mécaniciens, des ateliers de maintenance, des R.H., ou de l’état-major, est mobilisé pour que nous soyons au rendez-vous, et ce, en dépit des contraintes particulièrement lourdes que nous connaissons au niveau technique, eu égard au caractère vieillissant de nos flottes, et du rajeunissement de nos spécialistes, pilotes et mécaniciens, impliquant un fort enjeu de formation et d’encadrement.
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