La logistique au service de l’action stratégique

  • Par la capitaine Sophie Bernard
  • Publié le 16 novembre 2020
Le général Xavier Lejeune, commandant la Sous-direction de la logistique et de l’approvisionnement (SDLA), du Service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’Intérieur (SAILMI).
© SAILMI

En pleine crise sanitaire, la priorité a été d’apporter rapidement les équipements nécessaires aux personnels œuvrant sur le terrain, pour qu’ils puissent poursuivre leurs missions. Comment se sont organisés les logisticiens ? Petit éclairage sur ces travailleurs de l’ombre avec le général Xavier Lejeune, commandant la Sous-direction de la logistique et de l’approvisionnement (SDLA), du Service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’Intérieur.

Quel service coordonne la logistique de la gendarmerie ?

Ces dernières années, une action de mutualisation a été engagée en matière de logistique, permettant de rationaliser les moyens et de réduire les coûts d’achats avec des commandes groupées. En 2013, la sous-direction de la logistique de la gendarmerie nationale a fusionné avec celles des autres forces de la sécurité intérieure (police nationale, sécurité civile, etc.), créant le Service de l’achat, de l’équipement et de la logistique de la sécurité intérieure (SAELSI). Puis, en septembre dernier, l’entité a été étendue aux directions et services du ministère de l’Intérieur (préfectures, secrétariat général, etc.), donnant naissance au Service de l’achat, de l’innovation et de la logistique du ministère de l’Intérieur (SAILMI).

Quel a été le rôle du SAILMI durant cette crise ?

Le ministère de l’Intérieur s’appuie aujourd’hui entièrement sur le SAILMI pour diffuser les équipements à l’ensemble de ses acteurs. Il définit les matériels nécessaires, procède aux achats auprès des industriels qui se présentent d’initiative ou qu’il prospecte, innove et réalise des équipements qui ne sont pas disponibles sur le marché, puis, enfin, organise l’acheminement pour approvisionner les bénéficiaires.

Ce service a donc tenu un rôle pivot dans la gestion de la crise ! Heureusement, il a pu compter sur son organisation et sa chaîne logistique pour mener à bien ses missions. Par ailleurs, les gendarmes qui y sont affectés ont eu un rôle prépondérant : véritables techniciens de la logistique, leur statut militaire les rendait entièrement disponibles, les plaçant en première ligne de la manœuvre.

Le travail accompli par le SAILMI durant la crise ayant été particulièrement apprécié, le service a même été chargé ensuite de la diffusion des masques pour toute la fonction publique d’État, tous ministères confondus, à l’exception des fonctionnaires de l’Éducation nationale, qui ont été gérés indépendamment du SAILMI.

Sur quels moyens s’appuie le SAILMI ?

La chaîne logistique s’est modernisée et a continué d’évoluer en même temps que la crise. Dans un premier temps, il a été décidé de traiter selon le schéma classique, en passant par les Secrétariats généraux pour l’administration du ministère de l’Intérieur (SGAMI). Après avoir transité par l’une des deux plate-formes (Centre national de soutien logistique (CNSL) au Blanc ou Établissement Logistique de la Police Nationale (ECLPN) à Limoges), les commandes ont ainsi pu rejoindre ces services déconcentrés, placés au niveau des zones de défense et de sécurité. Les équipements ont ensuite été distribués aux unités de gendarmerie les plus exposées via les régions zonales, et directement par les SGAMI pour les différents services de la police nationale ainsi que les préfectures.

Puis, trois semaines après le début de la crise, le SAILMI a souhaité gagner en vitesse de livraison et mettre en place une « logistique poussée », afin de servir rapidement les nombreux petits points de livraison. Pour soulager les SGAMI, le marché avec le transporteur Geodis a été activé, celui-ci permettant d’amener directement la commande de l’entrepôt à l’unité. Ce système a permis de réduire les délais de livraison de trois semaines à une semaine maximum ! Il a aussi permis d’éviter des liaisons inutiles vers les états-majors pour les gendarmes, pouvant alors se recentrer sur leurs missions.

Enfin, après la ventilation des équipements, la troisième étape s’est inscrite dans une logique de renouvellement des stocks. Le système « LOG-MI » comporte un portail informatique accessible aux unités. Par ce biais, elles peuvent commander des équipements manquants (masques, gel, mais aussi munitions, gilets pare-balle, kits de prélèvement, etc.), après avoir déterminé leurs besoins en réapprovisionnement.

De son côté, le SAILMI peut avoir une vue exacte, en temps réel, de l’état des stocks. La logistique repose ainsi aujourd’hui sur une relation de confiance mutuelle entre les unités et le service à la manœuvre.

Quels sont les équipements qui ont été acheminés durant la crise ?

Le SAILMI est resté à l’écoute des préconisations des autorités sanitaires pour déterminer les équipements nécessaires face au coronavirus. Le premier matériel commandé et livré a été du gel hydro-alcoolique pour nettoyer les mains et toutes les surfaces susceptibles d’être contaminées. Puis, des masques, des gants ou encore des lingettes ont été achetés. Au-delà de ces commandes, le SAILMI a pu compter sur des dons ou des stocks déjà existants. Une entreprise a ainsi fait le don de 100 000 litres de solution hydro-alcoolique. Après avoir fait tester le produit, le SAILMI a organisé son conditionnement en flacons et bouteilles de petite capacité, ainsi que le nouvel étiquetage en vue d’une distribution aux unités.

De la même manière, un stock de 810 000 masques chirurgicaux existant a été réparti équitablement entre les SGAMI. Le stock de masques FFP2 détenu a été donné, pour sa part, au ministère de la Santé, ces derniers étant destinés avant tout au personnel soignant.

Le SAILMI étant également un service d’innovation et de sourcing auprès des industriels, de nombreuses démarches ont été effectuées pour trouver des produits répondant aux attentes et qui soient disponibles dans les meilleurs délais. C’est le cas des lunettes et des visières, complémentaires aux masques, qui permettent de protéger la personne contre les micro-gouttelettes. Tous ces équipements ont été livrés en priorité aux unités les plus exposées, puis à toutes les entités de la gendarmerie afin qu’elles soient entièrement équipées.

Par ailleurs, le service a anticipé le déconfinement avec, par exemple, l’achat de masques lavables. Ils se sont révélés être une réelle alternative aux masques chirurgicaux dont les besoins étaient évalués par le SAILMI à trois millions de masques par semaine pour tout le ministère.

Comment ont été acheminés tous ces équipements ?

Dès le 17 avril dernier, l’activation des principes logistiques de « LOG-MI » a permis aux unités d’être livrées directement par le transporteur. Pour autant, le SAILMI a aussi pu compter sur les SGAMI, le CNSL et l’ECLPN, qui disposent de vecteurs propres et peuvent gérer en autonomie les convois. En outre, en lien avec le partenaire Geodis, le Centre national de sécurité des mobilités (CNSM) a pu superviser le bon déroulement du transport grâce, notamment, à la géolocalisation. Certains équipements devenant des denrées rares et très utiles, le SAILMI a parfois dû devancer la livraison et la sécuriser dès son arrivée sur le sol français. Ce fut le cas, par exemple, pour les masques arrivés de Chine par le pont aérien fin mars, qui ont été réceptionnés directement sur le tarmac en présence de deux officiers de gendarmerie de la SDLA. La Gendarmerie des transports aériens (GTA) a apporté un concours précieux par sa sécurisation des lieux, appuyée par des gendarmes départementaux et mobiles. Des personnels de l’Institut de recherche criminelle de la gendarmerie nationale (IRCGN) ont également permis, à travers leur expertise, de vérifier la conformité du produit, avant que celui-ci ne soit acheminé vers les entrepôts, sous bonne escorte des motocyclistes.

Enfin, l’outre-mer n’a pas été oublié dans la manœuvre logistique du SAILMI. En liaison avec les services logistiques présents sur place, la SDLA a organisé chaque semaine des projections d’équipements COVID-19, plus particulièrement du gel hydro-alcoolique, des masques chirurgicaux et des lunettes de protection. Il s’agissait là d’une véritable performance, car les vecteurs aériens étaient particulièrement comptés durant la crise. Toutefois, grâce à la mise en œuvre du marché de fret aérien du SAILMI, trois à quatre liaisons aériennes hebdomadaires ont pu être effectuées vers ces territoires, permettant ainsi de doter les différents services du ministère de l’Intérieur.

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