La stratégie des trois cercles
- Par la capitaine Céline Morin
- Publié le 15 avril 2018
Le rayonnement de la gendarmerie à l’international s’appuie sur le déploiement à l’étranger de quelque 600 militaires. Cet engagement vise à instaurer une véritable sécurité de l’avant vis-à-vis des menaces visant le territoire national et les intérêts français et naissant en dehors de nos frontières.
Le 18 septembre 2017, le général Philippe Rio a été nommé, par l’Union européenne (U.E.), aux hautes fonctions de chef de la mission EUCAP Sahel Mali. Cette nomination, au cœur d’une région stratégique pour les intérêts de la France, constitue une première pour la gendarmerie et représente une véritable reconnaissance de l’expertise de notre Arme.
Au total, huit officiers de gendarmerie occupent des postes internationaux de haut niveau sur les théâtres d’opérations extérieures, au Mali, en Ukraine, en Haïti, en République centrafricaine (RCA) ou au Niger.
L’occasion de revenir sur le dispositif de la gendarmerie dans le monde et la stratégie qu’elle poursuit à l’international, en cohérence et coordination avec l’ensemble de services compétents du ministère de l’Intérieur.
600 gendarmes français déployés à l’étranger
Le rayonnement de la gendarmerie s’appuie sur le déploiement à l’étranger de quelques 600 militaires, que ce soit dans les services de sécurité intérieure, au sein des organisations internationales, en opérations extérieures, au sein de 21 missions civiles et militaires, en missions de courte durée, ou affectés à la sécurité des emprises diplomatiques. L’Institution entend pérenniser son positionnement à l’étranger à travers une politique R.H. valorisant les parcours internationaux et l’expertise de ses personnels.
Pour le déploiement de ses militaires comme pour les actions de coopération qu’elle conduit, elle s’appuie sur un budget dédié au sein de la direction de la coopération internationale et sur des financements extérieurs (U.E., ONU, MEAE, ONG).
Elle s’adosse, par ailleurs, sur un réseau mondial de 54 gendarmeries sœurs, fédérées autour de plusieurs associations, telles que l’association internationale des forces de type gendarmeries (Fiep), l’organisation des gendarmeries africaines ou la TAKM en Asie. Elle peut également compter sur la force de gendarmerie européenne, outil de gestion de crise déployé avec succès dans les Balkans, en Afghanistan, en RCA et au Mali.
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Une stratégie internationale
C’est un constat partagé : une grande part des menaces visant le territoire national et les intérêts français naissent en dehors de nos frontières (terrorisme, immigration irrégulière, atteintes aux biens, criminalité environnementale, etc.).
Pour la gendarmerie, répondre à cette situation nécessite d’inscrire son action internationale dans la profondeur, depuis le territoire national vers l’espace européen et extra-européen pour, d’une part, lutter plus efficacement contre les atteintes aux biens, la criminalité environnementale et l’immigration irrégulière, au sein de l’espace européen.
Et d’autre part, à l’extérieur de l’Europe, mieux contribuer à la stabilisation des zones en crise au Sahel, dans le bassin méditerranéen et au Proche-Orient.
« Il s’agit d’adopter une approche géo-thématique ciblée. »
« Il s’agit d’adopter une approche géo-thématique ciblée sur une période de cinq ans avec une évaluation périodique de sa pertinence », indique le colonel Fabrice Grandi, chef du pôle Affaires internationales au cabinet du DGGN.
Cette stratégie des trois cercles vise un objectif principal de retour en sécurité intérieure. À cet effet, la gendarmerie s’adosse sur ses pôles d’expertise et unités déjà reconnues au plan international, tels que le GIGN, le PJGN, l’OCLDI ou l’OCLAESP.
« Nous devons nous appuyer sur nos points forts pour construire des coopérations stratégiques et opérationnelles cohérentes en Europe et dans les pays tiers », précise son adjoint, le colonel Nasser Boualam.
Objectif n° 1 : l’Europe
Avec les projets Empact, la gendarmerie a, d’ores et déjà, pris toute sa place en obtenant, pour la première fois, la conduite de deux projets européens majeurs dans la lutte contre la criminalité organisée.
« Il s’agit d’une première pour l’Institution, qui va nous permettre de véritablement peser sur les orientations stratégiques et opérationnelles en Europe, dans les domaines des atteintes aux biens et de la criminalité environnementale », poursuit le colonel Grandi.
La gendarmerie conforte également sa place dans la lutte contre l’immigration irrégulière au sein de l’agence européenne des garde-frontières (Frontex) pour renforcer la sécurité aux frontières de l’Europe (15 gendarmes déployés, 59 dans la réserve d’intervention rapide).
Hors Europe : « sécurité de l’avant »
« Dans le cercle extra-européen, nous avons ciblé certaines zones les plus exposées aux menaces terroristes et criminelles, et nous avons choisi de concentrer nos efforts au profit de huit gendarmeries (Sénégal, Mauritanie, Niger, Mali, Tchad, Burkina Faso, Tunisie et Jordanie) en première ligne dans la lutte contre le terrorisme et les trafics. Il nous faut adopter une sécurité de l’avant et ainsi limiter, autant que possible, la diffusion des menaces sur le territoire national », explique le colonel Boualam.
Cette stratégie se décline en trois axes. Tout d’abord, le renforcement des capacités de lutte contre le terrorisme des gendarmeries africaines du Sahel, en leur apportant un appui technique et opérationnel et en soutenant des projets européens, tel le GAR-SI Sahel, pour lequel la gendarmerie assure la coordination au Sénégal et au Burkina Faso.
Ensuite, le soutien de la réforme et de la consolidation des systèmes de sécurité intérieure africains dans la bande sahélo-saharienne. Enfin, l’approfondissement du partenariat de sécurité avec la Tunisie et la Jordanie.
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