Arnaud Beltrame : le film dont il est le héros
- Par Antoine Faure
- Publié le 10 mars 2020

Deux ans après les faits, le documentaire « Arnaud Beltrame, l’étoffe d’un héros » revient en détail sur l’intervention de Trèbes, ainsi que sur le parcours et la personnalité de l’officier de gendarmerie, de son enfance à ce jour du 23 mars 2018, où il décida de se substituer à un otage, au prix de sa vie.
La caméra survole le Super U. En voix off, les reportages radio et les témoignages replongent d’emblée les spectateurs dans ce moment d’extrême tension. Nous sommes le vendredi 23 mars 2018, en fin de matinée. Un individu se réclamant de Daesh, retranché dans un supermarché de Trèbes, retient plusieurs personnes en otage. Dans l’attente de l’arrivée de l’antenne GIGN de Toulouse et du GIGN, les militaires des brigades environnantes, du peloton motorisé et du Peloton de surveillance et d'intervention de gendarmerie (PSIG) de Carcassonne sont les premiers sur les lieux.
Le colonel Arnaud Beltrame, du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de l’Aude, est déterminé à agir vite. Lors des négociations, il propose au terroriste de prendre la place de la dernière otage…
J'avais envie de le connaître, tout simplement
Comme de très nombreux Français, la réalisatrice Marie-Sophie Tellier se souvient précisément de ce samedi 24 mars 2018, lorsqu’elle a appris la mort d’Arnaud Beltrame, des suites de ses blessures. Elle avait bien sûr ressenti cette émotion, qui nous avait saisis collectivement. Et puis, très vite, elle s’était posé les mêmes questions que beaucoup d’entre nous : comment aurais-je agi à sa place ? Aurais-je pu faire preuve du même courage ? Et qui était cet homme, devenu en quelques heures le visage de l’héroïsme et le symbole de la lutte contre le terrorisme dans notre pays ? « Je me disais que c’était fou d’avoir accompli ce geste, j’avais envie de le connaître, tout simplement. »
Elle pense à son grand-père, gendarme mobile dans le Nord. Ses souvenirs d’enfance refont surface : des visites à la caserne, des photos en noir et blanc, un képi posé sur un meuble. Des années plus tard, réalisatrice pour l’émission « Faites entrer l’accusé », Marie-Sophie aura régulièrement l’occasion de côtoyer des gendarmes. « Mon grand-père était très fier quand je lui disais que j’avais rencontré des officiers », se remémore-t-elle.
Un leader depuis l’enfance
Quand la productrice Catherine Lopez, avec qui elle vient de travailler sur un autre film, lui propose de réaliser un documentaire sur Arnaud Beltrame, elle n’hésite pas un instant. « Nous avons vraiment travaillé en binôme avec Catherine. Elle était très impliquée dans le projet. Nous avons rapidement rencontré la mère et les deux frères d’Arnaud, Cédric et Damien, pour avoir leur accord de principe, puis nous nous sommes assurées du concours de la gendarmerie nationale. Le fait que le diffuseur, Canal+, ne nous mette aucune pression pour sortir le film à la date du premier anniversaire de sa mort nous a permis de prendre le temps de rencontrer les protagonistes en amont, sans caméra. Ces échanges se sont révélés très précieux. »
Le film est un récit de la journée dramatique du 23 mars, entrecoupé de flash-back destinés à mieux connaître cet homme, à travers des témoignages de son entourage familial, amical et bien sûr professionnel, notamment le colonel Sébastien Gay, qui commandait alors le groupement de gendarmerie départementale de l’Aude.
« En toute humilité, nous voulions entrer dans la tête d’Arnaud Beltrame, résume Marie-Sophie Tellier. Comprendre, à travers son parcours et sa personnalité, comment et pourquoi il avait été amené à accomplir cet acte héroïque. Nous avons découvert un homme qui ne faisait jamais les choses à moitié, un leader depuis l’enfance. »
Une source d’inspiration
Le film s’interroge aussi sur la notion même de courage, sur la valeur d’exemple que ce sacrifice peut avoir pour chacun de nous au quotidien. « Son geste peut être source d’inspiration, nous donner une forme de courage à un moment où on en aurait besoin. Bien sûr, il subsiste une part de mystère autour d’Arnaud Beltrame. Le film n’apporte pas de réponse définitive. Mais j’ai été très marquée par ce que nous a dit sa mère : « S’il ne l’avait pas fait, ça n’aurait pas été Arnaud ». Dès qu’elle a appris qu’un gendarme avait pris la place d’un otage, elle a su qu’il s’agissait de son fils. » Plus qu’une intuition, une évidence.
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