Sébio Solidarité Secours en Montagne : 10 ans déjà !
- Par le capitaine Tristan Maysounave
- Publié le 16 octobre 2023

Le 1er juillet dernier, l’association Sébio Solidarité Secours en Montagne (Sébio SSM) célébrait son 10e anniversaire. Créée en 2013 au Centre National de Ski et d’Alpinisme de la Gendarmerie (CNISAG), à Chamonix, afin d’aider les familles de gendarmes disparus en montagne, elle compte aujourd’hui plus de 300 adhérents et s’illustre en menant de nombreuses actions de solidarité. Retour sur sa création et son activité.
Au cours de l’année 2013, de nombreux drames ont endeuillé les unités montagne de la gendarmerie. Six militaires ont ainsi trouvé la mort, dont trois au cours d’un même accident. C’est en cette année funeste que l’association loi 1901 Sébio Solidarité Secours en Montagne a été créée, en hommage à l’adjudant-chef Sébastien Thomas, surnommé Sébio, disparu au cours de l’un de ces événements tragiques. Celui-ci souhaitait instaurer une caisse de solidarité, à l’instar de celle de la Compagnie des guides de Chamonix, afin de venir en aide aux militaires victimes d’accidents de montagne et à leurs familles. Fils de gendarme, Sébastien avait grandi à Chamonix. « C’était donc un enfant de la vallée, dont le décès brutal aura suscité un vif émoi localement et un véritable élan de solidarité », explique le major Alain, membre du bureau de l’association.
Une association reconnue d’intérêt général
Depuis dix ans, l’association œuvre à faire vivre l'esprit de solidarité et d'entraide entre gendarmes de montagne et mène des actions à destination de l’ensemble des acteurs de ce milieu (compagnies républicaines de sécurité, sécurité civile, associations de secours en montagne, guides de haute montagne, etc.)
« Le jour des obsèques de Sébastien, nous avons été soutenus comme si nous étions de la même famille. Ce sont ces valeurs de profonde camaraderie, d’amitié et de solidarité qui ont conduit à la création de l’association Sébio SSM, afin que les drames rencontrés par les familles ne soient pas augmentés par une insupportable solitude », témoigne Jean-Louis, père de l’adjudant-chef Sébastien Thomas.
Ouverte à tous, l’association regroupe aujourd’hui plus de 300 adhérents. Parmi les membres actifs de l’association, des référents sont identifiés au sein des vingt-et-un Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM), unités de la gendarmerie nationale spécialisées dans les interventions périlleuses en montagne. Faisant office de point de contact, ces référents sont en mesure de relayer les informations locales auprès de l’association, afin de lui permettre d’intervenir rapidement au profit des victimes et de leurs familles. En 2020, Sébio SSM a signé la charte des associations de la gendarmerie. Récemment, l’association a été reconnue d’intérêt général.
De nombreuses actions de solidarité
L’objet de Sébio SSM est d’abord d’être en mesure de faire face rapidement à une situation qui touche un gendarme, et plus généralement un acteur de la montagne, en lui apportant, ainsi qu’à sa famille, un soutien psychologique, matériel et financier.
L’association organise également de nombreuses actions de solidarité :
• Accompagnement des orphelins de la gendarmerie dans le cadre du projet « Rêve de cimes », organisé conjointement avec l’association « Les Képis Pescalunes », et participation au programme national « Bleu pupilles ».
• Accompagnement des blessés en service, avec l’encadrement du stage « Esprit de cordée », s’inscrivant dans le dispositif de Reconstruction des blessés par le sport (RBS).
• Participation à l’organisation annuelle du défi multisupport « Rock & Road », lancé en 2015, sur la commune de La Beaume (Hautes-Alpes), par le major Laurent, compagnon de cordée indissociable de l’adjudant-chef Sébastien Thomas, et le PGHM de Briançon.
• Actions ponctuelles à destination d’unités montagne afin de garder un lien entres les familles et l’Institution.
Un accompagnement dans la durée
Le 3 juillet 2013, soit deux jours après la création de l’association Sébio SSM, trois militaires du Groupe montagne de la gendarmerie (GMG) de l’Ardèche perdaient la vie dans un accident de montagne survenu à Chamonix (Haute-Savoie), dans le cadre d’une préparation de stage. Le corps de l’adjudant-chef André Turquat, responsable du groupe, n’a toujours pas été retrouvé. À l’époque, l’association, à peine créée, s’était portée aux devants de sa famille, afin de l’aider à surmonter cette tragédie. Un moment de recueillement avait été organisé à Chamonix et son épouse avait pu survoler la zone du drame grâce à l'appui de la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Chamonix-Mont-Blanc.
Dix ans après ce drame, deux de ses filles, Julie, 25 ans, et Léane, 18 ans, ont souhaité revenir à Chamonix. Des membres de l’association les ont accueillies et accompagnées durant cinq jours, du 21 au 25 août 2023. L’objectif de ce séjour était de les aider à mieux comprendre les circonstances de l’accident et de leur permettre de se recueillir au plus près du lieu de la disparition de leur père. C’est donc au pied du Plan Glacier que la petite équipe s’est rendue pour vivre ce moment très intense. Au cours des jours qui ont suivi, les deux jeunes filles ont appris à appréhender ce milieu naturel extrême ainsi que les risques inhérents aux pratiques en montagne, en s’initiant à l’alpinisme et en découvrant des sites touristiques incontournables, comme l’Aiguille du Midi (3 842 m).
Interrogée par Gendinfo, Julie confie « avoir été accueillie par l’association Sébio comme s’ils appartenaient tous à une même famille. J’avais besoin de cette étape. C’est un peu comme si nous retrouvions tout ce que nous avions perdu il y a dix ans. À cette époque, l’association, tout juste constituée, s’était montrée particulièrement présente et avait su nous guider. En revenant sur les lieux une décennie après, j’avais un besoin de mémoire et le désir de me rapprocher de mon père en comprenant mieux sa passion et sa prise de risque quotidienne. Je me sens particulièrement reconnaissante envers Sébio et les membres qui font vivre cette association».
Léane, quant à elle, « révèle avoir mieux compris l’importance de la montagne aux yeux de son père. J’ai réalisé que je ne lui en voulais pas d’être décédé pour sa passion. J’ai pu me recueillir au plus proche du lieu où son corps a disparu, en lui disant enfin au revoir. Je tiens à remercier tous les membres de l’association Sébio et à leur rappeler à quel point ce qu’ils réalisent pour nous, les orphelins des gendarmes décédés en montagne, nous aide à chaque étape de notre vie ».
À l’image de Julie et Léane, l’association accompagne les familles endeuillées des jours, des mois ou des années durant, en fonction de leurs besoins.
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