« Winter is coming » pour les unités spécialisées dans le secours en montagne de la gendarmerie

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 11 décembre 2022
© Sirpa-G - B. Lapointe

Il n’y a pas que dans « Games of Thrones » que la célèbre phrase « Winter is coming » (l’hiver arrive ») est répétée inlassablement. Elle l’est aussi chez les gendarmes spécialisés dans le secours en montagne. À l’approche d’une nouvelle saison touristique, qui s’annonce dense, toutes ces unités se préparent à affronter l’hiver. En cette Journée internationale de la montagne, direction les Alpes-de-Haute-Provence, à la rencontre des militaires qui veillent sur les sommets !

Selon le Système national d’observation de la sécurité en montagne (SNOSM), 230 personnes sont décédées à la suite d’accidents liés à des sports de montagne en 2021. Un chiffre qui monte jusqu’à 286 si l’on prend en compte les domaines skiables. Une augmentation importante par rapport à la moyenne des trois années précédentes : plus 15 %. La faute à une hausse de la fréquentation (+1 %) par rapport à la dernière saison pleine (2018/2019).

Mais le taux de remplissage ne constitue pas le seul facteur de cette hausse des accidents. « Si la pratique du ski alpin a retrouvé toute sa place, les autres activités ont également été plébiscitées », écrit le SNOSM dans son bilan de la saison 2021/2022 : promenades en raquettes, à pied ou en chiens de traîneau ont ainsi connu un vif succès. Et « ce contexte de réouverture des stations, combiné à des conditions de pratique souvent délicates, a favorisé une augmentation du nombre d’interventions (...) »

L’année passée, les 20 Pelotons de gendarmerie de haute montagne (PGHM) en ont réalisé 5 800, pour un peu moins de 7 000 victimes sauvées. C’est 4 % de plus que les chiffres enregistrés successivement au cours des cinq dernières années, et ce sans compter 2020. Alors, comme chaque année, les militaires des unités montagne de la gendarmerie (PGHM et PGM) se préparent assidûment à affronter la saison hivernale. Dans tous les massifs, les exercices se multiplient, afin d’aiguiser les réflexes et de vérifier la coordination entre les services.

Dans les Alpes-de-Haute-Provence, le dernier entraînement en date a ainsi mis l’accent sur les remontées mécaniques, restées fermées pendant tout l’hiver 2021. La station d’Allos, alors vide de touristes, a prêté aux gendarmes ses infrastructures, le temps d’un exercice de sauvetage mobilisant une quinzaine de militaires, issus du PGHM de Jausiers, des Forces aériennes de la gendarmerie (FAG) partenaire incontournable des unités montagne, et du GMG, le Groupe Montagne Gendarmerie.

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Dans ce département, le GMG compte une trentaine de gendarmes. Issus des différentes unités de la gendarmerie départementale, tous ont passé le Certificat élémentaire montagne (CEM). Cette formation d’un mois (un stage en hiver, l’autre en été) leur dispense des connaissances théoriques et pratiques leur permettant d’intervenir dans ce milieu exigeant. Une spécialisation idéale pour découvrir le métier de gendarme en montagne. « C’est une bonne porte d’entrée », confirme l’adjudant-chef Benoît, commandant du PSIG (Peloton de Surveillance et d’Intervention de Gendarmerie) de Jausiers et membre du GMG. « Les GMG ont l’obligation d’organiser une instruction par mois. Celui des Alpes-de-Haute-Provence bénéficie systématiquement de l’encadrement d’un ou deux personnels du PGHM, tandis que d’autres, disposant de plusieurs militaires qualifiés DQTM (Diplôme de Qualification Technique Montagne, permettant l'encadrement) sont autonomes pour leurs instructions. »

Été comme hiver, leur mission première est « de renforcer l’action du PGHM », explique le sous-officier. Le savoir-faire en montagne de ces personnels « donne l’assurance au commandement d’avoir quelqu’un qui sait évoluer dans ce milieu », sans être des experts au même titre que les militaires du PGHM. Outre leurs connaissances, leur plus-value réside dans le volume d’effectifs mobilisables, puisqu’ils sont deux fois plus nombreux que les militaires du PGHM de Jausiers.

« Si nous prenons l’exemple d’une avalanche, nous allons tout de suite pouvoir apporter sur place du personnel formé à ce type de cas de figure, afin de constituer des groupes de recherches, car nous sommes entraînés pour cela. »

Mais le groupe montagne n’a pas seulement vocation à fournir un appui aux militaires des PGHM. « On peut aussi faire de la prévention de proximité en montagne, en faisant des patrouilles sur les domaines skiables ou sur les sentiers de randonnée », énumère le sous-officier, avant de préciser : « On va aller au contact de la population, qu’elle soit estivale ou hivernale. » En reprenant l’exemple des avalanches, les messages de prévention portés notamment par les GMG semblent produire les effets escomptés, puisque le SNOM note une baisse des accidents d’avalanches mortels sur la période 2021/2022.

Une accidentalité forte sur les domaines skiables

Comme chaque année, cet hiver, le GMG sera essentiellement positionné dans les stations, « afin de veiller à l’application des règles de sécurité sur le domaine skiable, en appui des pisteurs secouristes des stations. » Un appui certainement nécessaire, au vu de l’augmentation significative du nombre d’interventions que ces derniers enregistrent (+13 %) et du nombre de blessés (+8 %) par rapport à la moyenne des cinq années avant la crise de la Covid.

Lors de la dernière saison pleine (2018/2019), 49 622 interventions ont été menées par l’ensemble des acteurs du secours en montagne. 45 985 personnes se sont blessées ou l’ont été sur les domaines skiables, et 35 sont décédées sur les pistes.

Dans les stations françaises, qui accueillent près de 10 millions de touristes par saison, tous les moyens sont donc mis en œuvre pour infléchir cette courbe. À cet effet, les groupements de gendarmerie départementale concernés reçoivent également pendant quelques mois le renfort de 360 gendarmes mobiles dans le cadre du Dispositif hivernal de protection des populations (DHPP).

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