Le général d’armée Christian Rodriguez : « La dernière fois qu’on a changé de modèle, c’était il y a 300 ans »

  • Par Pablo Agnan
  • Publié le 28 juillet 2022
Capture d'écran de l'audition du directeur général de la gendarmerie nationale, le général d'armée Christian Rodriguez, par les membres de la commission défense et sécurité nationale.
© Assemblée nationale

Le directeur général de la gendarmerie nationale a été auditionné, ce mercredi 27 juillet, par les députés de la commission de la défense nationale et des forces armées de l’assemblée nationale. Une audition au cours de laquelle le général d’armée Christian Rodriguez a présenté la stratégie GEND 20.24 et exposé les nombreuses transformations mises en œuvre depuis 2019.

Après le chef d’état-major des armées, celui de l’armée de l’Air et de l’Espace, de l’armée de Terre et enfin de la Marine nationale, c’était au tour du directeur général de la gendarmerie nationale (DGGN) d’être auditionné par la commission de la défense nationale et des forces armées.

À l’occasion de l’ouverture de la XVIe législature, pour cette commission présidée par le député Thomas Gassilloud et ses nouveaux membres, l’objectif était de comprendre les différents enjeux et perspectives de la gendarmerie durant le quinquennat à venir. Pour le général d’armée Christian Rodriguez, il s’agissait de présenter aux parlementaires l’esprit de la stratégie GEND 20.24 et ses nombreuses transformations mises en œuvre depuis 2019.

Des transformations en série

Le patron des gendarmes a commencé par livrer un premier état des lieux de la situation de la gendarmerie, en particulier en ce qui concerne les violences auxquelles font face ses militaires : « Un refus d’obtempérer toutes les 30 minutes, un gendarme agressé toutes les deux heures et, enfin, un forcené toutes les 48 heures. » Sans oublier les 165 000 interventions pour violences intra-familiales (VIF) conduites depuis le début de l’année par la gendarmerie.

Fin 2020, l’une de ces interventions avait tourné à l’affrontement armé. Dans la nuit du 22 au 23 décembre, trois militaires avaient perdu la vie alors qu’ils intervenaient pour porter secours à une femme victime de violences conjugales, à Saint-Just, dans le Puy-de-Dôme. Pour le général Rodriguez, ce tragique événement a agi comme un déclic, comme il l’explique aux députés : « On a besoin de gendarmes capables de manœuvrer sous le feu. C’est pourquoi nous avons durci la formation des PSIG et des EGM grâce à l’armée de Terre. »

La densification des primo-intervenants ne constitue pas la seule mesure mise en place par le DGGN. L’une d’entre elles concerne le défi lié au maillage territorial : « Avec nos 3 100 brigades aujourd’hui, nous couvrons 95 % du territoire et 33 400 communes sur 35 000, soit 52 % de la population française. » Un chiffre qui devrait être porté à 3 300 au cours des années à venir, à la suite des annonces du président de la République en janvier dernier.

Augmenter la proximité avec le public, telle est l’ambition du chef de l’État, que doit décliner le DGGN. « L’idée, c’est de passer d’une logique de guichet à celle du pas-de-porte. » Une première mesure a été mise en place pour rapprocher les gendarmes de la population dans la profondeur des territoires, celle de la brigade mobile, expérimentée dans plusieurs départements.

Renforcer le contact et la proximité avec la population et les élus constitue l’un des piliers de la stratégie GEND 20.24. Pour ce faire, le développement d’outils numériques ad hoc, comme le terminal NEO 2 et les stations Ubiquity, permet de favoriser ce rapprochement entre les gendarmes et le grand public. Ils ont été pensés pour privilégier les interactions physiques, en permettant, par exemple, la prise de plainte à l'extérieur de la brigade, et donc potentiellement chez une victime. « On est en train d’imaginer des choses pour mieux accompagner les seniors sur le plan numérique », dévoile le DGGN.

Assiste-t-on à une évolution de la gendarmerie sur le plan structurel, doctrinal et stratégique ? C’est en tout cas l’orientation voulue par le général Rodriguez à travers sa stratégie GEND 20.24. « La dernière fois qu’on a changé de modèle, c’était il y a 300 ans », rappelle-t-il. Une stratégie qui se veut anticipatrice, pour faire face à des menaces aussi bien actuelles que futures.

Un renouvellement matériel et humain

Parmi ces transformations, on trouve celle concernant le matériel, avec l’arrivée notamment du véhicule blindé polyvalent (VBP) Centaure, le successeur des véhicules blindés à roues de la gendarmerie (VBRG), ce dès cette année. En 2024, ce sera au tour de la flotte aérienne de se moderniser, avec l’acquisition d’une dizaine d’hélicoptères d’H160. Des outils qui permettront d’être « plus performant face à des crises. »

Des crises protéiformes : de la guerre en Ukraine au cyber, en passant par la lutte contre les atteintes à l’environnement, la gendarmerie s’engage sur tous les fronts. Sur le cyber, par exemple, cela s’est notamment concrétisé par la création du commandement de la gendarmerie dans le cyberespace, le COMCyberGEND, en 2021. L’élaboration de cette structure organique s’est accompagnée d’un changement de paradigme dans le recrutement des personnels, en particulier des officiers, désormais issus à 50 % de la filière scientifique.                                                                                                                  

La préservation de l’environnement tient une place de choix dans les enquêtes judiciaires de la gendarmerie, grâce notamment à l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP), qui mène un véritable combat contre le trafic illicite de déchets. Une problématique sur laquelle la gendarmerie continue d’ailleurs à accroître sa force de frappe, le DGGN envisageant la création d’une gendarmerie verte. Affaire à suivre…

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