Collectivités, entreprises, particuliers : en quoi consiste la stratégie de proximité numérique de la gendarmerie ?
- Par Pablo Agnan
- Publié le 11 juillet 2022

Face à un accroissement des cyberattaques contre les communes depuis le premier confinement, la gendarmerie a étoffé son arsenal de contre-mesures pour aider les élus. Des actions déclinées peu à peu à tous les publics, dans le cadre de la stratégie de proximité numérique développée par le COMCyberGEND.
Peur sur la ville ! Depuis le début de la crise COVID, les collectivités territoriales sont dans le viseur des cybercriminels. L’année passée, 2 100 communes et autres administrations ont été assistées en ligne par cybermalveillance.gouv.fr. Un volume similaire à 2020, « qui avait été une année de très forte progression. » Quoi qu’il en soit, cette tendance démontre, selon le Groupement d’intérêt public (GIP), « que la forte pression de la cybermalveillance sur les publics professionnels ne faiblit pas depuis maintenant deux ans. »
Rançongiciel, hameçonnage, piratage de compte et violation de données... les menaces sont pléthoriques, mais visent toutes le même but : le piratage de données personnelles, nouvel or noir des cybercriminels. « L’état civil, la fiscalité, etc., toutes les données à caractère personnel. Voici ce qui les intéresse », précise le colonel Barnabé Watin-Augouard, commandant de la division de la proximité numérique au Commandement de la gendarmerie dans le cyberespace, ou COMCyberGEND.
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Pour aller chercher ces précieuses ressources, les cybercriminels ciblent dorénavant les petites collectivités, en particulier celles de moins de 3 500 habitants. Pourquoi ? « Car elles constituent des cibles souvent plus faciles, où se trouvent pourtant beaucoup d’informations qui ne sont peu ou pas protégées », avance l’officier.
Un constat partagé par le GIP. Dans son étude sur la sécurité numérique dans les collectivités françaises de moins de 3 500 habitants, cybermalveillance.gouv.fr pointe du doigt un manque de connaissance des risques numériques de la part des différents publics (maires, adjoints, agents, etc.). Deux tiers d’entre eux n’ont pas été sensibilisés à la sécurité numérique et plus de la moitié des responsables informatiques ne sont pas formés dans ce domaine. « Ils ne sont pas familiers non plus de l’écosystème cyber et des acteurs étatiques impliqués », précise le rapport.
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D’où le coup d’accélérateur mis par la gendarmerie pour alerter et sensibiliser les collectivités aux risques cyber. En septembre 2021 déjà, un questionnaire, baptisé IMMUNITé cyber, avait été envoyé aux 30 000 maires adhérents de l’Association des maires de France (AMF), afin de tester la maturité de leur système en matière de cyberprotection.
Cette année, la gendarmerie a poussé la démarche un peu plus loin, en déclinant le questionnaire dans un format type « outil de pré-diagnostic ». Il consiste à établir un état des lieux de la protection des systèmes informatiques selon neuf thématiques, pour ensuite établir une synthèse et les recommandations idoines. « Cela fonctionne un peu comme quand vous devez passer le contrôle technique de votre véhicule, explique le colonel Watin-Augouard. Avant d’y aller, vous pouvez prendre conseil auprès d’une personne de confiance qui n’a rien à y gagner. »
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Pour le moment, cette démarche est en phase d’expérimentation dans dix départements. Elle devrait être étendue à l’automne sur tout le territoire. Et elle sera probablement accompagnée d’un guide, encore en préparation, sur la gestion d’une crise cyber. « Ce memento explicitera les capacités et les besoins de la gendarmerie en cas d’attaque informatique », précise l’officier.
Les élus ne sont pas le seul public à être visé aussi bien par les cyberattaques, que par les différentes actions de la gendarmerie de facto. En matière de sensibilisation, et ce depuis le lancement opérationnel du COMCyberGEND, 420 000 personnes ont été sensibilisées aux risques numériques, parmi lesquelles des élus et agents issus des collectivités territoriales, mais aussi des dirigeants ou des salariés d’entreprises, ainsi que de jeunes enfants en classe primaire.
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Si ces actions de sensibilisation sont menées de front, elles peuvent aussi être réalisées à distance, grâce à la Brigade numérique. « Nous avons opéré une jonction entre le processus mis en place par cybermalveillance.gouv.fr et les missions traditionnelles de contact effectuées par la Brigade numérique », explique le colonel Watin-Augouard.
Implantée à Rennes et joignable 24 heures sur 24 viamagendarmerie.fr, la brigade numérique est composée de 33 gendarmes, qui constituent la pointe de diamant du recueil de signalements, gérant 425 interactions par jour en moyenne. Ces interactions peuvent dorénavant être effectuées depuis un smartphone, grâce à l’application « Ma Sécurité ».
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Mais face à ce « tout numérique », que reste-t-il des interactions physiques ? « La multiplication des téléservices peut entraîner une coupure avec des personnes qui n’ont pas accès au numérique », admet le commandant de la division de la proximité numérique du COMCyberGEND. D’où la création de cette division qu'il dirige, chargée « de mener une réflexion sur comment apporter des services numériques aux individus qui en sont démunis. »
Des outils comme NÉO 2 et les stations Ubiquity ont justement été pensés pour répondre en partie à cette question, en permettant, entre autres, la prise de plainte à l'extérieur de la brigade, et donc potentiellement chez une victime.
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