Retour sur l’opération d’évacuation de la ZAD du Carnet
- Par la capitaine Sophie Bernard
- Publié le 29 mars 2021
Le 23 mars dernier, après plusieurs mois d’occupation illégale de la zone du Carnet (44) (appelée plus communément « ZAD ») par des dizaines d’individus, l’engagement des gendarmes mobiles a permis de procéder à une évacuation rapide des lieux malgré les nombreux pièges et barricades mis en place par les occupants. Retour sur les moyens déployés ayant participé à la réussite de cette mission.
Tôt dans la matinée de ce mardi 23 mars, il n’aura fallu que deux heures à peine aux sept escadrons de gendarmes mobiles engagés près de Saint Nazaire pour investir et maîtriser entièrement la zone du Carnet, illégalement occupée depuis l’été dernier.
Une planification méthodique
Préparée avec minutie depuis plusieurs mois suite à deux décisions de justice ordonnant aux occupant de quitter la zone, la manœuvre a été orchestrée par la région de gendarmerie des Pays de la Loire avec l’appui du Groupe de planification opérationnel (GPO). « Une première phase d’évaluation a été menée en septembre 2020 pour repérer les différents points de la zone, déterminer où implanter le poste de commandement et quels moyens déployer », relate le chef d’escadron Patrick Didier à la tête du GPO. Si le commandant de région est resté maître de la manœuvre, le GPO a joué le rôle de « fournisseur de moyens »(cartographie SC2, moyens de transmission au sein du shelter, moyens spéciaux de la gendarmerie mobile, etc).
Cette première phase « bien préparée car complexe en raison du profil des occupants et de la configuration de la zone: 400 hectares, très marécageux et peu de terre ferme » d’après le préfet, s’est effectuée dans la région nantaise avec un maximum de discrétion. Aussi, à quelques heures de l’opération, la cinquantaine de militants occupant la zone n’a pas eu le temps d’ameuter des renforts alors que toutes les forces convergeaient vers la zone.
Une manœuvre dynamique
Arrivés sur place peu avant sept heures, les 400 gendarmes mobiles étaient accompagnés pour la première fois d’une Equipe de liaison et d’information (ELI), fruit du nouveau schéma national du maintien de l’ordre. Constituée d’un gendarme mobile pour la partie tactique et de deux gendarmes départementaux (l’un connaissant bien le terrain et l’autre formé à la communication), l’ELI est montée en première ligne, sur ordre du chef du dispositif, pour tenter une prise de contact malgré une barricade déjà enflammée. Néanmoins, ses tentatives de négociation au porte-voix sont restées vaines face à l’hostilité affichée des militants.
Dès lors, bien que les occupants se soient organisés pour freiner leur progression (tranchées, barricades enflammées constituées notamment de bouteilles de gaz, cocktails molotov, boulons, etc), il n’a fallu que deux heures aux gendarmes mobiles pour investir la zone, appuyés par deux véhicules blindés équipés de lames afin de dégager la route. « Nous savions qu’ils avaient préparé de nombreux projectiles mais la progression a été si rapide qu’ils n’ont pas eu le temps de les jeter», explique le commandant du GPO.
Une opération sans heurt
Malgré ce vaste terrain piégé, «Nous n’avons eu à déplorer aucun blessé et les occupants n’ont opposé aucune résistance. Il y a eu des contrôles d’identité mais pas d’interpellation parce qu'il n'y pas eu d'infractions commises, les choses se sont très bien passées», s’est félicité le général Frédéric Laurent, commandant en second de la région gendarmerie Pays de la Loire. Aidés des pompiers, les gendarmes mobiles n’ont d’ailleurs pas hésité à procéder à l’évacuation sanitaire par voie maritime de deux jeunes militantes, a priori en état d’extrême faiblesse.
De leurs côtés, les militaires de la Cellule nationale d’appui à la mobilité (CNAMO) se sont attelés à grimper dans l’éolienne géante de General Electric située au milieu de la zone pour déloger en toute sécurité deux militants réfugiés à sa tête. « C’est l’une des éoliennes les plus hautes de France, une première pour nous. Nous avons même dû demander d’autres cordages à nos camarades du peloton d’intervention pour parvenir à une telle hauteur ! », reconnaît un gradé de la cellule.
Enfin, après avoir aidé à descendre le dernier militant perché tout en haut d’un arbre, les gendarmes de la CNAMO ont cédé la place aux engins de chantier pour déblayer les 500 m3 déchets accumulés et laissés sur place par le collectif (épaves de voiture, ferrailles, constructions en bois, pneus, bouteilles de gaz, bidons d’huile, etc), soit l’équivalent de 20 camions bennes d’ordures.
La circulation devrait pouvoir ainsi très prochainement être rétablie dans le secteur. Comme annoncé par le préfet, la zone continuera de faire l’objet d’un suivi attentif dans les prochaines semaines pour éviter toute réinstallation et protéger ce site naturel. Par ailleurs, les gendarmes poursuivent leur travail d’investigations concernant les enquêtes judiciaires déclenchées suite aux plaintes reçues visant des violences exercées contre des riverains ou des élus locaux.
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