Provence-Alpes-Côte d’Azur : les gendarmes ont veillé sur le 93e rallye Monte-Carlo
- Par Antoine Faure
- Publié le 03 février 2025

Manche inaugurale du championnat du Monde, le rallye Monte-Carlo s’est déroulé du 23 au 26 janvier 2025 dans les départements des Alpes-de-Haute-Provence, des Hautes-Alpes, des Alpes-Maritimes et de la Drôme. Les gendarmes départementaux, d’active et de réserve, ont joué un rôle déterminant pour la sécurisation de l’épreuve. Reportage dans le Gapençais, où le rallye est un événement très populaire.
Jeudi 23 janvier 2025, 21 heures, Saint-Étienne-le-Laus, Hautes-Alpes
Rapide et technique, le parcours de la troisième épreuve spéciale du 93e rallye Monte-Carlo laisse présager un grand spectacle, avec notamment la descente du col du Tourrond jusqu’à l’arrivée au hameau de Notre-Dame-du-Laus, haut lieu de pèlerinage des Hautes-Alpes, puisqu’il aurait été le lieu d’apparitions récurrentes de la Vierge Marie à Benoîte Rencurel, bergère de Saint-Étienne d’Avançon. Mais les pilotes ne comptent pas sur les interventions divines pour guider leur bolide, plutôt sur leur habilité, ainsi que sur la fiabilité de la mécanique et des pneumatiques.
Tandis que la nuit envahit l’amphithéâtre créé par Dame Nature à la place d’un ancien lac (laus, ou laous en patois, est un mot provençal signifiant lac, NDLR), les spectateurs s’agglutinent sur les bords des lacets, jusqu’au bas de la pente, où le dernier virage en épingle constitue la promesse de fameux dérapages contrôlés. L’heure du passage des voitures approche, l’ambiance monte en régime, le versant du col se transforme en stade de foot, avec fumigènes et chants de supporters.
À l’instar du Tour de France cycliste, le rallye Monte-Carlo, première des 14 manches du championnat du Monde des rallyes, est un événement sportif gratuit qui attire les foules et génère des enjeux de sécurité importants. La course traverse cette année quatre départements : les Alpes-de-Haute-Provence, les Hautes-Alpes, les Alpes-Maritimes et la Drôme. Dans chacun d’eux, la mise en place du dispositif de sécurisation est à la main du commandant du Groupement de gendarmerie départementale (GGD). « Le rallye passe tous les ans dans les Hautes-Alpes, et le tracé est connu quelques mois avant, précise le colonel Jérôme Grange, qui commande le GGD 05. Un important travail est conduit en amont avec l’organisateur pour définir où placer des gendarmes en jalonnement sur l’itinéraire, afin d’éviter que les spectateurs ne se mettent en danger. Ce travail est réalisé par les deux compagnies de Gap et de Briançon et par l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR). L’objectif est de déterminer quels axes seront fermés à la circulation et où seront placées les zones de stationnement. On tient l’axe dès la veille, y compris la nuit. Le jour de l’épreuve, le stationnement est interdit sur les tronçons, jusqu’à la réouverture des routes annoncée par le P.C. course. »
Le dispositif est celui que la gendarmerie, rodée à ce type de manœuvre, met en place classiquement lors des gros événements, avec des unités d’intervention engagées pour faire face à des incidents majeurs, à savoir les Pelotons de surveillance d’intervention de gendarmerie (PSIG) de Briançon, Gap et Embrun, des motocyclistes en mesure d’escorter des secours et de fluidifier le trafic, sans oublier le Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) de Briançon, prêt à intervenir sur toute opération de secours comprenant une verticalité, dans un lieu escarpé par exemple.
La manœuvre nécessite l’emploi de nombreux militaires, et chaque GGD peut compter sur le renfort d’une Unité de réserve territoriale (URT) de 136 réservistes, placée sous le commandement du colonel de réserve Didier Finet. « C’est un apport majeur, estime le colonel Grange, d’autant que nous sommes dans des zones où on peut difficilement opérer des bascules de forces. Nous devons donc prépositionner du monde partout. »
Le tracé de chaque épreuve spéciale est divisé en différents secteurs, avec un dispositif dédié commandé par un gendarme d’active et composé de réservistes. Positionné au pied de la descente du col du Tourrond, l’adjudant-chef Jérôme, de la Brigade de proximité (B.P.) de Saint-Firmin, est l’un de ces chefs de dispositif. « Nous devons sécuriser une zone de 4 kilomètres sur les 13,800 que compte la spéciale, décrit-il. Le commandant de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Gap est au départ, et son adjoint à l’arrivée. La mission est de sécuriser la zone avec une vingtaine de réservistes, de faire cesser les feux de camp et les éventuelles incivilités, et de verbaliser le cas échéant. Nous devons montrer notre présence tout en adaptant notre action pour que l’ambiance reste bon enfant. »
Emmitouflées sous plusieurs couches pour lutter contre le froid piquant de cette nuit d’hiver, Sarah et Louane sont deux de ces réservistes, affectées au GGD du Var. Elles se sont rencontrées lors de leur Préparation militaire gendarmerie (PMG) en octobre 2024, mais ont réellement fait connaissance sur cette première mission, pour laquelle elles se sont portées volontaires. La première aimerait passer son concours sous-officier à l’issue de son année de réserve ; la seconde, qui suit des études en Sciences et techniques des activités physiques et sportives (STAPS), envisage de passer le concours officier après sa licence. « En attendant, je fais de la réserve pour découvrir le métier et acquérir une première expérience en gendarmerie », souligne Louane.
Jeudi 23 janvier, 18 heures, Rambaud, Hautes-Alpes
À proximité du petit cimetière de Rambaud, la patrouille de la Brigade territoriale mobile (BTM) de Serre-Ponçon est composée de trois gendarmes : l’adjudant-chef (ADC) Antoine Guichard, qui commande la brigade, le maréchal des logis-chef (MDC) Damien et le gendarme Nicolas. Cette unité d’enquêtes dédiée à la lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique, avec une compétence départementale sur le territoire des Hautes-Alpes, a été créée le 1er juin 2024, dans le cadre du plan 200 brigades. Elle est implantée sur la commune d’Embrun, « une position centrale dans le département, qui permet de se projeter rapidement sur différents secteurs », précise l’ADC Antoine. Les militaires qui l’arment, outre une appétence particulière pour ces sujets, doivent suivre la formation d’enquêteurs environnement dispensée par l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP). Antoine a pour sa part une formation de niveau 4, qui lui a permis de former un enquêteur de niveau 2 au sein de chaque unité du GGD des Hautes-Alpes.
En complément de son travail d’enquête, l’unité est engagée sur tous les événements d’ampleur dont la fréquentation a des conséquences sur l’environnement. « Nous faisons essentiellement de la prévention, et de la répression le cas échéant, en fonction du contact avec le public, explique l’adjudant-chef. C’est un événement qui doit rester festif, il faut mettre le curseur au bon endroit. »
Les trois gendarmes empruntent le sentier rendu boueux par les pluies récentes, jusqu’à la route de l’Hermitage, où passera l’épreuve spéciale dans trois heures. Outre la problématique des déchets, pour lesquels l’organisateur a installé des bacs dans les zones publiques, la patrouille veille à ce qu’il n’y ait pas de feux, bien que le risque d’incendie soit faible cette année en raison de l’humidité des sols. « C’est un peu culturel lors du rallye, note Antoine. Les gens coupent du bois pour faire du feu sur place. » Damien est le référent de la patrouille pour ce type d’infraction. « C’est une contravention ou un délit en fonction de la circonférence, explique-t-il. Au-delà de 20 centimètres, ce qui correspond environ à 7 centimètres de diamètre, ça devient un délit. » Autre interdiction : le survol de la course par drone. Un arrêté spécifique temporaire a été pris en ce sens. Le référent de la brigade, c’est Nicolas, passionné de drone et lui-même télépilote.
Outre de nombreuses sensibilisations, la brigade a procédé, ce soir-là, à huit verbalisations pour l’emploi du feu, en crapahutant souvent sur des coteaux très raides avec une végétation dense. Au total, ce sont 47 verbalisations qui ont été réalisées lors du rallye, dont 36 sur une mission inter-services, le vendredi 24 janvier, avec la Direction départementale des territoires (DDT) et l’Office national des forêts (ONF).
Vendredi 24 janvier 2025, 10 heures, Saint-Léger-les-Mélèzes, Hautes-Alpes
Le départ de la cinquième spéciale à Saint-Léger-les-Mélèzes a été coché par de nombreux amateurs de courses automobiles. Après une courte montée par la route de Chabottes, les véhicules doivent faire le tour du rond-point de la place du village. Le spectacle est garanti et le public venu nombreux. Les jalonneurs de l’organisation, appuyés par ceux de la gendarmerie nationale, veillent à ce que les spectateurs ne se sortent pas des zones autorisées et sécurisées. Le chef d’escadron Julien Roques, qui commande la CGD de Gap, est positionné au départ, en lien permanent avec ses hommes. « Nous avons placé des gendarmes sur le tracé et d’autres en deuxième rideau pour rendre l’axe totalement libre. La route est fermée trois heures avant le départ, mais nous travaillons très en amont, à partir de 18 heures la veille, pour organiser le stationnement et faire respecter les zones piétonnisées dédiées aux spectateurs. L’EDSR réalise des patrouilles en mobilité, en mesure de se projeter rapidement sur un point particulier. Le PSIG de la compagnie est également engagé pour pouvoir intervenir sur tout événement. »
La manœuvre s’appuie également sur un volume important de réservistes de la Région de gendarmerie Provence-Alpes-Côte d’Azur. Le colonel de réserve Charles Maurisset gère ces réservistes, sous l’autorité du colonel Finet. « Je suis réserviste de la gendarmerie depuis 30 ans, je suis donc un dinosaure ! J’ai vu l’évolution de la réserve opérationnelle au fil des années, et l’importance qu’elle a prise dans les dispositifs de sécurisation des grands événements comme celui-ci. » D’origine bourguignonne, Charles dirige un domaine viticole dans le Haut-Var, spécialisé dans la production de pinot noir. « C’est mon 7e rallye Monte-Carlo d’affilée. C’est une belle mission et le rôle d’encadrement des jeunes réservistes, aux côtés des anciens de l’arme, me tient vraiment à cœur. »
L’heure du départ est imminente, au moment où survient une chute dans le public, causant une blessure sérieuse et obligeant les secours à intervenir. L’organisateur décide d’annuler la spéciale pour ne pas perturber le planning de la journée, au grand dam des spectateurs venus parfois de loin. Les gendarmes se chargent de réguler l’évacuation par les itinéraires autorisés.
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