Mayotte : retour sur l’engagement de compagnies de marche pour renforcer le COMGEND

  • Par Antoine Faure et le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 08 janvier 2025
Deux gendarmes de la Compagnie de marche déplyée à Mayotte patrouillent en véhicule.
© GEND/SIRPA/GND R. CULPIN

Dans les jours qui ont suivi le passage du cyclone Chido, le 14 décembre 2024, deux Compagnies de marche (CdM), armée chacune par une centaine de gendarmes départementaux, en provenance de La Réunion, puis de la métropole, ont été engagées à Mayotte, en complément de deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM), permettant ainsi de renforcer la capacité opérationnelle du COMGEND de 40 %. Retour sur ce dispositif éprouvé dans un autre contexte, lors des Jeux Olympiques de Paris à l’été 2024.

Pour faire face aux conséquences du cyclone Chido, concourir aux opérations de secours, reconnaître et déblayer les axes routiers, et garantir l’ordre public, afin de rassurer la population et de prévenir les éventuels pillages, la gendarmerie s’est d’abord appuyée sur l’action décentralisée des unités présentes sur l’archipel, en particulier des brigades, ainsi que des détachements de Gendarmerie mobile (G.M.) déjà constitués. Rapidement, afin d’augmenter sa capacité de manœuvre, le Commandement de la gendarmerie (COMGEND) de Mayotte a été renforcé par une première Compagnie de marche (CdM), armée par 100 gendarmes, en provenance de l’île de La Réunion, mettant à profit la proximité entre les deux territoires. Cette CdM avait été renforcée au cours des jours suivants par une autre en provenance de la métropole et par deux Escadrons de gendarmerie mobile (EGM) supplémentaires, portant leur nombre total à huit.

Les 29 et 30 décembre 2024, soit deux semaines après le passage du cyclone, et après avoir connu un engagement particulièrement marqué, les gendarmes de La Réunion ont été relevés par une seconde CdM venue de métropole. Deux CdM sont donc engagées en permanence sur le territoire, l’une au sud de Grande-Terre, l’autre scindée en deux, avec une moitié au nord de Grande-Terre et l’autre moitié sur Petite-Terre. La durée de l’engagement des gendarmes métropolitains armant ces deux CdM est de 45 jours.

Le capitaine Thierry Guillot, commandant en second de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Vire-Normandie, et commandant de la CdM projetée sur Grande-Terre

Le capitaine Thierry Guillot, commandant en second de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Vire-Normandie, et commandant de la CdM projetée sur Grande-Terre.

© GEND/SIRPA/GND R. CULPIN

« Une CdM est une unité de circonstance, constituée de Gendarmes départementaux (G.D.), destinée à renforcer les camarades sur place lors de manifestations ou d’événements importants, explique le capitaine Thierry Guillot, commandant en second de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Vire-Normandie, et commandant de la CdM projetée sur Grande-Terre. Les premières CdM ont été mises en place lors des Jeux Olympiques de Paris 2024. Il s’agit de compléter l’action des Gendarmes mobiles (G.M.), en leur permettant ainsi de se recentrer sur leur mission première, le maintien de l'ordre. Les G.M. prennent en compte la phase d’interpellation, et les G.D. la procédure pénale. Les CdM sont constituées en pelotons, avec à leur tête un commandant de compagnie. On fonctionne un peu comme un EGM. Certains personnels sont également détachés dans les unités territoriales pour renforcer les camarades. Au début, on recherche la mixité des patrouilles avec des gendarmes locaux pour apprendre à connaître parfaitement le terrain. »

« Dès notre arrivée, nous avons été projetés sur Grande-Terre, poursuit le capitaine Guillot. Nous avons été logés dans un lycée, où nous avons installé nos chambrées dans des salles de classe avec des lits picot. Certains personnels sont logés dans les chambres d’internat. Les logements ne sont pas définitifs, et nous sommes à même d’être relogés rapidement. Pour la nourriture, nous avons commencé par les rations de combat. Actuellement nous avons des plats préparés sur place. »

Témoignages

Gendarme Marion, 29 ans, affectée à la CGD de Villefranche-de-Lauragais, projetée à Mayotte avec la CdM déployée sur Petite-Terre

« Cette catastrophe m’a touchée, et c’était logique pour moi de m’engager immédiatement pour aider les Mahorais et les Mahoraises. Nous sommes arrivés à Mayotte dès le 18 décembre, avec l’avion présidentiel, après être passés par Bruxelles pour récupérer le président de la République. Nous sommes logés au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées. On a nettoyé les locaux pour essayer de les rendre vivables, mais on espérait qu’il pleuve pour pouvoir se laver. Nos missions principales ont été de la patrouille pédestre et en véhicule, ainsi que la distribution d’eau et de denrées alimentaires à la population. »

Marion, 29 ans, gendarme depuis un an, affectée à la CGD de Villefranche-de-Lauragais, projetée à Mayotte avec la CdM déployée sur Petite-Terre
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Gendarme Marine, 23 ans, affectée à la CGD de Villefranche-de-Lauragais, projetée à Mayotte avec la CdM déployée sur Petite-Terre

« Dès que j’ai vu les images du cyclone, je n’ai pas hésité un instant à venir aider la population et les camarades. De toute façon, on n’a eu que vingt minutes pour répondre à l’appel à volontaires ! Pour moi, le plus dur c’était l’hygiène. Sans eau courante pendant trois jours, en utilisant juste des lingettes. Nous n’avons pas eu d’eau potable pendant 24 heures, mais nous avons pu ensuite avoir des bouteilles, rationnées à deux par jour. Nous avions pour mission principale la tenue de points fixes, comme le rond-point du Four-à-chaux pour filtrer l’accès aux barges pour les véhicules de secours qui sont prioritaires. Mais je me suis surtout sentie utile lors des patrouilles pédestres, au contact de la population. Honnêtement, les conditions sont très difficiles, mais heureusement, on parvient à rester soudés grâce à la cohésion du groupe. »

Marine, 23 ans, gendarme depuis deux ans, affectée à la CGD de Villefranche-de-Lauragais, projetée à Mayotte avec la CdM déployée sur Petite-Terre
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Maréchal des logis-chef Brieu, 30 ans, affecté à la CGD de Fontainebleau, projeté à Mayotte avec la CdM déployée sur Petite-Terre

« L’appel à volontaires est tombé à 10 heures, il fallait répondre avant 10 h 45. J’ai vécu quatre ans à Mayotte quand j’étais au collège, j’ai logiquement voulu apporter ma pierre à l’édifice. À notre arrivée, une fois armés par le COMGEND de Mayotte, nous avons rejoint nos camarades à Petite-Terre, qui avaient déjà bien avancé sur le nettoyage des locaux. Nous avions notamment comme mission la surveillance de la seule station essence de Petite-Terre, où deux pompes sur quatre fonctionnaient, avec des files d’attente très importantes, et où il fallait réguler la circulation et gérer les éventuelles tensions. »

Maréchal des logis-chef Brieu, 30 ans, gendarme depuis sept ans, affecté à la CGD de Fontainebleau, projeté à Mayotte avec la CdM déployée sur Petite-Terre
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  • Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

    Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

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  • Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

    Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

    © GEND/SIRPA/GND R. CULPIN
  • Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

    Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

    © GEND/SIRPA/GND R. CULPIN
  • Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

    Cantonnement de la CdM déployée sur Petite-Terre au lycée de Pamandzi, dans des conditions très dégradées.

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