Mayotte : les gendarmes techniciens des Systèmes d’information et de communication de la gendarmerie en première ligne
- Par le capitaine Tristan Maysounave
- Publié le 04 janvier 2025

À Mayotte, le cyclone Chido a détruit ou endommagé l’intégralité du système de communications. Le réseau radio Quartz, utilisé par l’ensemble des acteurs étatiques et notamment les services de secours, n’a pas été épargné. Les techniciens des Systèmes d’information et de communication (SIC) de la Gendarmerie nationale sont parvenus à le réparer en un temps record.
Général Lucien Barth, Commandant de la gendarmerie (COMGEND) de Mayotte, à propos du cyclone Chido : « Lors d’une catastrophe naturelle de ce type, le but est de maintenir le contact avec les unités le plus longtemps possible, tout en sachant qu’une rupture totale des communications interviendra mécaniquement. Au fur et à mesure que le cyclone se déchaînait, nous avons ainsi perdu progressivement le contact entre nous. Après l’événement, la priorité a donc été de rompre l’isolement et de rétablir le contact. »
Dans les heures qui ont suivi le passage du cyclone, le contact avec les unités a essentiellement été repris visuellement, notamment grâce aux survols effectués par la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Pamandzi. Les communications ont en revanche été coupées, en raison des dommages importants causés sur les infrastructures. De nombreux pylônes ont été sectionnés par la force du vent, situation rendant plus difficile l’intervention et la coordination des services de secours. Pré-alertés la veille du cyclone, des spécialistes nationaux des SIC, renforcés par des techniciens provenant de l’île de La Réunion, ont été projetés dans les premiers jours afin de rétablir le réseau radio Quartz, utilisé par l’ensemble des services de sécurité et de secours de Mayotte.
Engagés dans une véritable course contre la montre
Dès les premières heures après le passage du cyclone, les gendarmes spécialisés de la Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC) du COMGEND de Mayotte ont été acheminés par la SAG de Pamandzi afin d’évaluer les dégâts sur les infrastructures. Ils ont constaté que trois pylônes avaient été sectionnés et que toutes les paraboles de l’île étaient tombées ou avaient été dépointées. Grande-Terre ne bénéficiait plus du tout du réseau Quartz. Sous-dimensionnée et ne disposant pas des qualifications nécessaires eu égard à l’ampleur des réparations à effectuer, la SOLC locale devait impérativement bénéficier de renforts extérieurs.
« Le réseau radio Quartz est partagé par tous les acteurs étatiques de Mayotte, détaille le chef d’escadron Julien Bardet, affecté à la Section des moyens tactiques et interopérabilités de l’Agence du numérique des forces de sécurité intérieure (ANFSI), et projeté à Mayotte afin de piloter et coordonner les actions SIC visant à remettre en service le réseau Quartz. L’ANFSI est maître d’œuvre de cette infrastructure et le COMGEND en est l’opérateur. Les communications de ce réseau sont qualifiées de critiques. C'est une qualité de service qui doit pouvoir assurer disponibilité et résilience aux utilisateurs. À ce titre, nous avons été engagés dans une course contre le temps consistant à rétablir rapidement les communications. Nous avions une obligation de résultat. »
Un rétablissement obtenu rapidement grâce à une étroite collaboration des unités
Dès les premiers jours post-cyclone, des renforts de la SOLC de La Réunion, ainsi que des experts de l’ANFSI, du Service central des réseaux et technologies avancées (SCRTA) et du bureau J6 (systèmes d’information et de commandement) du Centre national des opérations (CNO), ont été déployés à Mayotte. « Il nous fallait le renfort d’unités spécialisées et notamment du SCRTA, fait part l’officier. Les gendarmes de ce service sont spécialisés dans les travaux en hauteur. Le concours de différentes unités SIC nous a permis de constituer une véritable force de frappe. »
Quatre personnels du Groupe de soutien des réseaux d’infrastructures (GSRI) de la Section expertise des réseaux et des infrastructures (SERI) du SCRTA, dont l’adjudant William, participaient à cette mission. « Nous sommes tous issus d’école de gendarmerie, explique-t-il. Nous nous sommes ensuite spécialisés dans les communications. Au SCRTA, nous avons une compétence nationale et une spécialisation supplémentaire avec du travail sur corde. Nous évoluons en moyenne à 40 ou 50 mètres de haut, mais il nous arrive de monter jusqu’à 100 voire 150 mètres. »
Pour intervenir sur les 7 pylônes endommagés, les techniciens ont également pu compter sur la complémentarité d’autres unités. « Du fait du cyclone, 4 sites sur 7 n’étaient plus accessibles par voie routière, détaille le chef d’escadron Julien Bardet. Nous avons bénéficié de l’appui de la SAG et du Peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) de La Réunion qui nous ont permis de projeter nos équipes. Nous n’aurions jamais pu rétablir le service aussi rapidement sans leur concours. Les gendarmes du PGHM ont, par exemple, été capables de se faire déposer en hélicoptère afin de créer une drop-zone de fortune. Sans cette intervention, il aurait fallu treuiller les personnels et les matériels, ce qui aurait pris beaucoup plus de temps. »
Alors que la mission de remise en service du réseau Quartz s’est terminée le 24 décembre, l’officier se félicite du travail effectué et de la pertinence du modèle gendarmerie. « Le déploiement aussi rapide de tels moyens humains et de telles compétences est assez exceptionnel. La gendarmerie a conservé cette capacité intégrée à gérer ses moyens SIC. Il s’agit d’une situation courante dans les forces armées mais inédite au sein du ministère de l’Intérieur. Au total, 8 jours ont été nécessaires pour parvenir à rétablir le service, soit une semaine de moins que ce que nous avions estimé. »
Déployer des solutions complémentaires
Outre le réseau radio Quartz, les techniciens SIC ont mis en place des solutions visant à pallier l’absence de réseau téléphonique, internet et de réseau intranet gendarmerie. En effet, les réseaux gérés par des opérateurs de télécommunications privés ont également subi d’importants dégâts, avec des répercussions sur le fonctionnement des unités de gendarmerie. « Pour la gendarmerie, la priorité était le réseau radio, précise le chef d’escadron Bardet. C’est ce qu’elle utilise pour ses communications tactiques. Dans un second temps, nous avons déployé des antennes Starlink. Il s’agit de solutions satellitaires basse orbite qui offrent du haut débit. Elles ont facilité le travail des brigades de gendarmerie départementale, et notamment la reprise de l’accueil du public, et celui des escadrons de gendarmerie mobile. Elles ont également permis aux gendarmes de contacter leurs familles restées en métropole. »
Bien que travaillant souvent dans l’ombre, la mission menée par les techniciens SIC à Mayotte témoigne du fait que leur engagement est indissociable de l’action opérationnelle de la gendarmerie. Le décès du chef d'escadron Florian Monnier, le vendredi 20 décembre dernier, en est la plus forte illustration.
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