Le Tomorrowland Winter a enflammé L’Alpe d’Huez sous la protection des gendarmes

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 02 avril 2025
Deux gendarmes de dos surveillent le public du festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.
© SIRPA-G / MDC Brice LAPOINTE

Du 15 au 22 mars 2025, le Tomorrowland Winter, festival de musique électronique à la renommée internationale, s’est déroulé à L’Alpe d’Huez, en Isère. En station comme sur les scènes en altitude, les gendarmes ont veillé à ce que l’ambiance reste festive, sans débordements éthyliques ni troubles à l’ordre public. Ils ont également fait respecter la réglementation sur la consommation de stupéfiants et l’usage des drones. Reportage au son des mix.

On connaît L’Alpe d’Huez pour son domaine skiable, l’un des plus grands et des plus fréquentés de France, avec ses 250 kilomètres de pistes, dont la célèbre Sarenne, plus longue piste noire d’Europe avec ses 16 kilomètres de descente. On connaît aussi sa fameuse montée aux 21 lacets, régulièrement empruntée par le Tour de France cycliste, mais aussi très prisée par les cyclotouristes qui sont en moyenne 300 à effectuer quotidiennement l’ascension de 13,8 kilomètres. Depuis 2019, la station est également réputée pour son festival de musique électronique Tomorrowland Winter, déclinaison hivernale du festival Tomorrowland qui se déroule chaque été en Belgique.

Du 15 au 22 mars 2025, L’Alpe d’Huez a donc vécu au rythme électro, dans des décors spectaculaires. Là, c’est un visage semblant sculpté dans la roche, ouvert en deux faces symétriques pour laisser place à un écran vertical, qui surplombe l’arène de The Core. Plus haut, à 2 000 mètres d’altitude, c’est un aigle majestueux qui déploie ses ailes au-dessus de la scène du Crystal Garden. Quant au cadre fantasmagorique du Mainstage, avec son architecture de parchemins et ses jeux de lumière éblouissants, il fallait le voir pour le croire.

« Le Tomorrowland Winter se déroule sur un site particulièrement fréquenté durant la saison hivernale, note le général Frédéric Massip, qui commande le Groupement de gendarmerie départementale (GGD) de l’Isère. Cela ajoute une forte concentration de population venue principalement d’Europe, mais aussi du monde entier, notamment des États-Unis, d’Asie… La gendarmerie est fortement engagée pour sécuriser l’événement, aux côtés des organisateurs, prévenir les troubles à l’ordre public et les atteintes à l’intégrité physique des personnes qui y participent, et lutter contre le trafic de stupéfiants. La Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de La Mure est à la manœuvre à titre principal, renforcée par d’autres éléments de la Région, avec l’appui de la Section de recherches (S.R.) de Grenoble pour la manœuvre police judiciaire, d’équipes cynophiles de Grenoble et de Chambéry pour la recherche de stupéfiants, ainsi que de personnels de Lutte anti-drone (LAD) pour l’aspect 3D, qu’il était indispensable de prendre en compte dans la conception de la manœuvre. Sans oublier l’appui en deuxième niveau du Peloton de gendarmerie de haute montagne (PGHM) du Versoud, en mesure de renforcer le dispositif en cas de besoin. »

Sécurisation, police judiciaire, contrôle des flux

Il est 11 heures précises, le mardi 18 mars. Le chef d’escadron (CEN) Étienne Estachy, qui commande la CGD de La Mure, commence son brief. La phase diurne du Tomorrowland Winter débute dans deux heures. Elle va se dérouler sur trois scènes situées en altitude sur le domaine skiable. « Nous aurons trois équipes en appui de la sécurité privée à l’entrée de chaque scène pour procéder aux éventuelles Amendes forfaitaires délictuelles (AFD) après la fouille. Je vous demande de ne pas rester statiques, mais d’être dynamiques pour montrer notre présence, et d’être attentifs aux attitudes suspectes, expose le commandant de compagnie. Une autre équipe sera positionnée sur le bas des pistes, à la fois à pied et en voiture, pour vérifier que tout se passe bien et gérer les éventuels troubles à l’ordre public, notamment si l’organisateur bloque l’accès aux scènes en cas de saturation. Deux binômes à ski seront en mesure de se projeter rapidement pour appuyer les équipes sur les scènes. Une patrouille sera située au pied de la montée vers la station pour une mission de contrôle de flux, de recherche de produits stupéfiants et de renseignements sur l’arrivée possible d’activistes opposés au Tomorrowland. » Les gendarmes pourront également compter sur le renfort de deux policiers belges, qui leur offriront notamment un appui linguistique pour échanger avec les festivaliers belges flamands ou hollandais.

Vers 13 heures, le CEN Estachy pénètre dans le P.C. Sécurité situé à proximité du Palais des Sports et des Congrès. Il s’assoit au premier rang, aux côtés de son second, le capitaine Franck Maury. Il y a là l’ensemble des acteurs de la sécurité du festival : organisateurs, exploitants des remontées mécaniques, pompiers, agents des services départementaux et de la préfecture. « Il y a aussi des médecins belges et français, ainsi que des secouristes belges spécialisés dans la prise en compte des consommateurs de drogues, en cas d’overdose par exemple », ajoute le commandant de compagnie. Face à eux, un mur d’écrans diffuse les images des 33 caméras de la station, complétées par celles de l’organisation.

  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarmes à ski qui surveillent le festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter avec les gendarmes à ski sur les pistes
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Le général Frédéric Massip, commandant du Groupement de gendarmerie départementale de l'Isère, échange avec deux gendarmes du dispositif.

    Le général Frédéric Massip, commandant du Groupement de gendarmerie départementale de l'Isère, échange avec les gendarmes engagés sur  le dispositif de sécurisation du festival Tomorrowland Winter.

    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarmes à ski qui surveillent le festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter avec les gendarmes à ski sur les pistes
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Le général Frédéric Massip, commandant du Groupement de gendarmerie départementale de l'Isère, échange avec deux gendarmes du dispositif.

    Le général Frédéric Massip, commandant du Groupement de gendarmerie départementale de l'Isère, échange avec les gendarmes engagés sur  le dispositif de sécurisation du festival Tomorrowland Winter.

    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE

« Nous avons trois groupes de force, poursuit l’officier : sécurisation de l’événement, à la fois en altitude, au pied des pistes et à ski sur le domaine pour pouvoir opérer rapidement une bascule de forces ; contrôle des flux avec des militaires de la compagnie de La Mure et de l’Escadron départemental de sécurité routière (EDSR) ; Police judiciaire (P.J.), avec la Brigade de recherches (B.R.) de La Mure, renforcée par la S.R. de Grenoble, dont les militaires patrouillent en civil et mènent des Enquêtes sous pseudonyme (ESP) dans l’environnement numérique pour infiltrer les groupes et pouvoir intervenir sur une transaction, afin de matérialiser l’infraction. Il faut noter que le rôle de ce groupe de force P.J. va au-delà de la lutte contre les stupéfiants. Les enquêteurs sont également en mesure de prendre la direction des investigations si des actes graves de droit commun ou d’importants troubles à l'ordre public étaient commis. Ils sont appuyés par des équipes en tenue dédiées au traitement des affaires courantes liées au festival (arrachages de colliers, petites procédures stupéfiants, vols…). Nous conservons une capacité d’intervention en première intention, avec un groupe de force armé par le Peloton de surveillance et d’intervention gendarmerie (PSIG) qui permet de mener une interpellation plus importante ou de faire face à une menace de plus grande ampleur. Je peux aussi compter sur les gendarmes d’active et de réserve qui arment le poste provisoire d’Huez, dans le cadre du Dispositif hivernal de protection des populations (DHPP), et qui sont en mesure de gérer le reste des interventions sur la station. »

Des drones sous surveillance

Assis à proximité du CEN Estachy, le major Emmanuel Faubel, affecté au Bureau de l’appui numérique (BAN) du Centre zonal des opérations (CZO) de la Région de gendarmerie Auvergne-Rhône-Alpes, est le coordinateur de la mission LAD. Il fait partie de la première équipe engagée sur le festival, composée de deux gendarmes du BAN et de deux autres de la Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces (SOLC) du GGD de l’Isère. « Nous couvrons un créneau allant de midi à 1 heure du matin, explique-t-il. Je suis positionné au P.C. Sécurité et les trois opérateurs sont placés l’après-midi au niveau du restaurant d’altitude Chantebise, où se situe la scène centrale, et le soir autour du Palais des Sports et des Congrès. Avant l’événement, nous échangeons pour récupérer les numéros de série des drones autorisés de l’organisation et de la commune de L’Alpe d’Huez, ainsi que les numéros de téléphone des télé-pilotes. Cela nous donne ce qu’on appelle la white list. Lors du festival, si le radar détecte un drone, on vérifie que celui-ci est bien autorisé. Si ce n’est pas le cas, et s’il n’y a pas de danger immédiat, on évite de brouiller le signal pour ne pas perturber le déroulement du festival, et on envoie une patrouille pour intercepter le télé-pilote, comme cela a été le cas deux fois déjà hier, et éventuellement confisquer le drone. Ce sont souvent des touristes qui connaissent mal la législation, mais au-delà du risque attentat, il y a aussi un danger de voir tomber accidentellement un drone dans la foule. On doit donc faire très attention. »

  • Gendarme opérateur de Lutte anti drone qui surveille son écran au festival Tomorrowland Winter en surplomb de la scène.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarme opérateur de Lutte anti drone qui surveille son écran au festival Tomorrowland Winter.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarme opérateur de Lutte anti drone au festival Tomorrowland Winter.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarmes opérateurs de Lutte anti drone au festival Tomorrowland Winter.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarme opérateur de Lutte anti drone qui surveille son écran au festival Tomorrowland Winter en surplomb de la scène.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarme opérateur de Lutte anti drone qui surveille son écran au festival Tomorrowland Winter.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarme opérateur de Lutte anti drone au festival Tomorrowland Winter.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Gendarmes opérateurs de Lutte anti drone au festival Tomorrowland Winter.
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE

À pied et à ski

Il est 15 heures. Sur la scène du Crystal Garden, avec une vue imprenable sur le massif des Grandes Rousses, la foule vibre aux sons du DJ, sous le regard de l’aigle dont les ailes épousent la scène. Sur le balcon du restaurant Chantebise, à proximité du carré VIP où valsent les magnums de Champagne, les opérateurs de la LAD surveillent les appareils qui survolent la zone. « Si un drone non autorisé apparaît sur l’écran, on rend compte au coordinateur et on attend les directives pour intercepter le télé-pilote », explique l’adjudant Adrien, de la SOLC 38.

Plus bas, les gendarmes patrouillent à pied, avec le renfort d’une équipe du Groupe d’investigations cynophile de Bonneville, en Savoie, pour détecter d’éventuels usages de stupéfiants et procéder aux AFD. Leur rôle est aussi d’interroger les consommateurs pour obtenir des renseignements sur la manière dont ils se sont procuré le produit, le lieu de la transaction, voire les coordonnées du vendeur afin de permettre aux ESP de le contacter et de monter une interpellation.

À l’entrée du restaurant, un autre binôme surveille aussi les participants. Ce sont les gendarmes à ski. « Notre mission est de sécuriser tout ce qui peut se passer sur les pistes, de pouvoir renforcer rapidement les unités à pied, et éventuellement de prendre en compte quelqu’un qui prendrait la fuite à ski », précise l’adjudant-chef (ADC) Dorian, commandant adjoint de la Brigade territoriale autonome (BTA) de Bourg-d’Oisans, en renfort des militaires du Groupe montagne gendarmerie (GMG) pendant la durée du festival. Il patrouille aujourd’hui avec la maréchale des logis-cheffe Léa, qui commande la Brigade de proximité (B.P.) de Mens et qui fait partie du GMG. Les deux gendarmes skieurs ont aussi un rôle important à jouer en fin de journée, lors de la fermeture des scènes, pour accompagner les nombreux festivaliers qui descendent par les pistes... après avoir consommé beaucoup trop d’alcool.

  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Le commandant Etienne Estachy qui commande la Compagnie de gendarmerie départementale de la Mure au PC Sécurité du festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.

    Le commandant Etienne Estachy qui commande la Compagnie de gendarmerie départementale de la Mure au PC Sécurité du festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.

    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Le commandant Etienne Estachy qui commande la Compagnie de gendarmerie départementale de la Mure au PC Sécurité du festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.

    Le commandant Etienne Estachy qui commande la Compagnie de gendarmerie départementale de la Mure au PC Sécurité du festival Tomorrowland Winter à L'Alpe d'Huez.

    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE
  • Sécurisation du festival Tomorrowland Winter
    © GEND/SIRPA/MDC B. LAPOINTE

Le soleil se couche lentement sur la station, les remontées mécaniques ne remontent plus personne. Après une courte accalmie, la musique électronique reprend de plus belle. Le Mainstage, qui peut accueillir 17 000 personnes, et les scènes de The Core et The Cage, qui peuvent en recevoir 2 500 chacune, font le plein, sans oublier les deux bars à ambiance bondés. Hormis le commandement et les opérateurs de la LAD, les gendarmes n’entrent pas dans la zone de 500 sur 250 mètres, sécurisée exclusivement par l’organisateur. « Un trinôme de militaires est placé à l’entrée principale, un autre à l’entrée secondaire dédiée aux volontaires, et un troisième sécurise le périmètre en voiture et à pied », décrit le CEN Estachy. L’objectif, là aussi, est de prendre en compte les festivaliers qui tenteraient de pénétrer à l’intérieur avec des produits stupéfiants, voire avec une arme. Le sentiment de sécurité des participants du Tomorrowland Winter est un gage essentiel de réussite de l’événement, et les organisateurs belges savent pouvoir compter sur la Gendarmerie nationale pour cela. Peu après minuit, la musique cesse et le silence reprend progressivement ses droits sur la montagne.


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