Dans l'un des grands hangars de l'école de gendarmerie de Fontainebleau, où se trouve le village d'intervention professionnelle, les huit participants au séminaire sur le secourisme opérationnelainsi que leurs deux traducteurs écoutent attentivement l'adjudant Ludovic, formateur à la Cellule nationale de formation au secourisme (CNFS). Appuyé par une présentation PowerPoint réalisée dans les quatre langues (français, espagnol, italien et portugais), ce dernier aborde, ce jeudi matin, l'ensemble du fonctionnement du secourisme opérationnel en gendarmerie, de la chaîne territoriale des formateurs à son application concrète sur le terrain.

Pour illustrer son propos et passer de la théorie à la pratique, les secouristes de la CNFS réalisent ensuite une démonstration simulant la blessure par balle d’un gendarme lors d’une intervention. Réalisée dans un premier temps étape par étape par les membres de la cellule de secourisme, cette démonstration est ensuite reproduite par les observateurs étrangers dans le but de leur transmettre les bonnes pratiques et le savoir-faire de la gendarmerie nationale en matière de secourisme.

« Découvrir ce que font nos voisins »

Cette rencontre s’inscrit dans le cadre d’échanges de bonnes pratiques mis en place en 2024 au sein d’Initiative G4, un groupe de travail regroupant les forces de sécurité intérieure à statut militaire de la France, de l’Italie, de l’Espagne et du Portugal. Huit participants aux profils variés sont ainsi venus à Fontainebleau, au sein de la Cellule nationale de formation au secourisme de l’école de gendarmerie, afin d'observer les pratiques des autres pays en matière de secourisme opérationnel. « Ce sont nos homologues, ils sont tous gendarmes, mais ont des profils différents. La délégation espagnole est ainsi composée de deux membres d'un groupe d'anti-terrorisme de la Guardia Civil, formés aux premiers secours (seules les unités d’élite de la Guardia Civil sont formées aux premiers secours). Au sein de la délégation portugaise, nous avons des gendarmes, dont deux sont également infirmiers et le dernier est médecin. Au sein de la délégation italienne, nous avons trois infirmiers carabiniers », explique l’adjudante-cheffe Aude, cheffe de la cellule nationale de formation au secourisme.

Tous volontaires, l’ensemble de ces personnels a ainsi pu découvrir le fonctionnement du secourisme opérationnel en gendarmerie et partager leurs techniques et certains de leurs matériels durant leurs quatre jours de présence à la CNFS. « L’objectif était de découvrir comment travaillent nos voisins, car nous n’avions pas d’idée claire de leur façon de procéder », poursuit-elle. Des échanges particulièrement enrichissants pour l’ensemble des acteurs présents, à l'image du sergent José Luis et du caporal Pablo, deux gardes civils espagnols convaincus par l’intérêt de ces rencontres. « Nous avons trouvé cela très intéressant. Cela nous permet de nous mettre en contact avec d'autres unités, d'autres pays, et de voir comment nous travaillons sur les mêmes sujets. Maintenant que les premiers liens sont établis, nous allons pouvoir continuer à travailler ensemble de façon plus spécifique. En ce qui concerne la formation, par exemple, nous trouvons la formation de base dispensée à chaque gendarme très intéressante. C’est quelque chose que nous aimerions exporter pour l’intégrer aux futures formations de la Guardia Civil. »

Des échanges réciproques 

Si pour les délégations étrangères, cette rencontre a été une véritable plus-value, cela a également été le cas pour la gendarmerie nationale, comme l’explique l’adjudante-cheffe Aude : « Globalement, on travaille de la même façon, on pose un garrot de la même façon, on fait une réanimation cardio-pulmonaire de la même façon, donc là, on se retrouve pour tout ce qui est vital. En revanche, nous avons pu observer des choses intéressantes sur le plan technique. Si je prends l’exemple des Italiens, ils ont des DSA (Défibrillateurs Semi-Automatiques) dans leur véhicule de patrouille, ce que nous n’avons pas pour l’instant. Ce serait donc un point intéressant à développer chez nous. »
À l’issue de cette formation, les participants réaliseront un retour d’expérience (RETEX) des techniques et savoir-faire qu’ils auront observés. Ils diffuseront ensuite ces retours d'expérience au sein des unités afin d'améliorer certains processus, de les perfectionner ou simplement de découvrir le fonctionnement des autres gendarmes avec qui ils pourraient être amenés à coopérer.