Pour l’adjudant David, répondre à l’appel à volontaires pour partir à Mayotte « était une évidence »
- Par le commandant Céline Morin
- Publié le 20 avril 2025

Affecté à Section opérationnelle de lutte contre les cybermenaces de Caen, l’adjudant David a répondu en début d’année à l’appel à volontaires pour aller renforcer le commandement de la gendarmerie de Mayotte après le passage du cyclone Chido. Il évoque cette première expérience en Mission de courte durée (MCD), qui n’était toutefois pas sa première mission outre-mer, ayant effectué six tours lors de son affectation en gendarmerie mobile.
Entré en gendarmerie le 1er septembre 2003, l’adjudant David a commencé sa carrière en gendarmerie mobile, où il a passé 16 ans : huit ans au sein de l'escadron 43/3, devenu 26/3 de Dreux, puis deux ans au 21/3 de Mont-Saint-Aignan, et enfin six ans au Groupement II/3 de gendarmerie mobile (GGM) de Mont-Saint-Aignan. Au cours de ses années de mobile, il a effectué plusieurs séjours outre-mer, à Tahiti, à Saint-Martin, en Nouvelle-Calédonie, à Mayotte et à la Guadeloupe. En 2021, il se réoriente et intègre la filière SOLC (Section Opérationnelle de Lutte contre les Cybermenaces). Marié et père de trois enfants âgés de 16, 13 et 6 ans, le militaire de 40 ans, affecté à la SOLC de Caen (14), a répondu en début d’année à l’appel à volontaires pour aller renforcer le commandement de la gendarmerie de Mayotte après le passage du cyclone Chido.
Comment avez-vous eu connaissance de ces Missions de courte durée (MCD) en outre-mer ?
Mes années en gendarmerie mobile m'ont permis de découvrir l'univers ultramarin, et mes six années en GGM m'ont quant à elles initié à la conception de manœuvre et à la conduite en cours d'action. Pendant mes déplacements, j'ai donc toujours été en contact avec des militaires en mission de courte durée, des sous-officiers officiers de police judiciaire, des sous-officiers du Corps de soutien technique et administratif (CSTAGN) AEB (mécaniciens), etc.
Qu'est-ce qui vous a motivé à vous porter candidat ?
J'avais apprécié mon précédent séjour à Mayotte en 2014, et lorsque j'ai appris qu'un cyclone allait frapper l'île, que le scénario semblait être le même que celui d'Irma à Saint-Martin, je m'attendais déjà à un appel à volontaires pour renforcer les unités sur place. De plus, connaissant des camarades affectés à Mayotte, je suivais de près l’évolution de Chido. Me porter volontaire pour cette mission était une évidence. J'ai ainsi retrouvé le sens de mon engagement, à savoir aller aider un territoire et une population dans le besoin.
Comment s'est déroulé votre détachement et quelles ont été vos missions sur place ?
Le séjour touche à sa fin dans trois semaines et ça a été une très belle expérience professionnelle et personnelle. L'équipe SOLC en place est très performante et soudée. Elle a également su accueillir les renforts comme si nous étions des leurs.
Nos missions étaient plus ou moins les mêmes qu'en métropole, avec cependant des moyens limités et des infrastructures dégradées. Sachant que le SCRTA (Service Centralisé des Réseaux et des Technologies Avancées) et le CNO (Centre National des Opérations) étaient déjà passés pour rétablir les communications radio sur les relais, notre priorité était de remettre en service le réseau intranet dans les unités sinistrées grâce à des moyens satellitaires sécurisés, puis, dans un second temps, de rétablir l’accès à Internet dans les unités et les cantonnements des militaires déplacés.
Le chef de la SOLC 976 a également profité de la présence des quatre renforts pour refaire le réseau de deux unités isolées au nord et au sud de l'île. Cependant, le problème de l'approvisionnement en matériel est un frein pour les chantiers, même avec une anticipation avancée.
Est-ce votre première MCD ?
Ce détachement est en effet ma première expérience MCD depuis que j’ai quitté la G.M., même si ce n’est pas ma première aventure ultramarine. Je suis en effet parti six fois pendant que j’étais en gendarmerie mobile. La première fois, c’était en 2005, à Tahiti, puis je suis reparti en 2007 à Saint-Martin, en 2009 en Nouvelle-Calédonie et en 2014 à Mayotte. En 2018, je suis retourné en Nouvelle-Calédonie. Comme j’étais titulaire du Certificat des systèmes d’information et de communication (CSIC) G.M. depuis 2009 et que j’étais employé dans le domaine des transmissions en unité de G.M., j’ai été détaché cette fois au sein de la Section des systèmes d’information et de communication (SSIC) 988 de Nouméa. Enfin, en 2019, pour mon dernier déplacement en G.M., je suis reparti avec mon unité, le GGM II/3, qui était désigné GTG Guadeloupe à Saint-Claude.
Que retirez-vous de cette expérience, tant à titre professionnel que personnel ?
Cette mission restera une très belle expérience, tant sur le plan professionnel que personnel. Cela a été l’occasion de travailler dans une situation dégradée au sein d’une équipe solide, avec un partage permanent des connaissances, mais aussi avec des moments de cohésion, ce qui était important loin de nos familles. Une cohésion que nous avons vécue au sein de l'unité ainsi qu'avec les personnels affectés sur le territoire, qui ont subi le cyclone et qui, malgré tout, ont su garder le moral et rester concentrés sur la mission, tout en préservant leurs proches. Les liaisons au sein du territoire sont souvent des leçons de vie. Nous sommes parfois confrontés à des scènes de désolation, mais les habitants savent malgré tout faire preuve de résilience, s'adapter et reconstruire tant bien que mal les habitations, malgré les problèmes d'approvisionnement en matériaux.
Nous avons également appris à vivre au rythme des coupures d’eau. Anticiper et stocker l’eau pour l’hygiène quotidienne est une véritable organisation ! De plus, l’approvisionnement en bouteilles d’eau est toujours très compliqué et coûteux (10 € le pack de six bouteilles d’1,5 l), c'est pourquoi la gendarmerie a mis en place des osmoseurs dans chaque unité et cantonnement, afin de fournir de l’eau fraîche filtrée propre à la consommation en permanence.
Seriez-vous prêt à repartir ?
Je serai de nouveau volontaire pour participer à une MCD à moyen terme. Professionnellement, je trouve que c'est toujours une parenthèse enrichissante dans la vie professionnelle, une expérience qui se nourrit des rencontres en interne comme en externe. Cela suscite souvent une remise en question de notre façon de travailler, car malgré un socle commun, nos méthodes diffèrent. Cela nécessite aussi de s’adapter aux contraintes locales. D’un point de vue plus personnel, ce déplacement a également été l’occasion de découvrir une culture différente et un territoire exceptionnel, avec un lagon magnifique…
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