Stage forêt, épisode 2 : les gendarmes engagés en Guyane apprennent à s’orienter et à survivre en forêt

Stage forêt, épisode 2 : S'orienter et survivre en forêt
  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 22 mars 2024
Militaire apprenant à monter son bivouac.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Suite de notre reportage en Guyane sur le stage forêt. Où l’on découvre comment les gendarmes nouvellement affectés dans le cadre de l’opération Harpie apprennent à se déplacer et à éviter les nombreux pièges de la jungle amazonienne.

Les gendarmes l’auront perçu dès leur première marche. Il leur suffit d’avancer de quelques dizaines de mètres, puis de se retourner, pour découvrir que la densité de la jungle est telle qu’on ne sait plus d’où l’on vient. En Guyane, elle est en effet composée à 95 % de forêt primaire, c’est à dire jamais cultivée par l’homme.

Se déplacer en forêt et sur le fleuve

L’un des objectifs du stage forêt vise donc à permettre aux militaires de s’y orienter, en utilisant différents outils (boussole, navigateur GPS, application AlpineQuest, etc.), à la fois utiles pour se repérer et pour atteindre les chantiers (sites clandestins, NDLR) à détruire, identifiés à l’aide des données cartographiques transmises par le Centre de conduite des opérations (CCO). En l’absence ou en cas de dysfonctionnement de ces outils, la sécurité des militaires engagés en forêt est immédiatement mise en cause. Anthony, affecté à l’Antenne du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (AGIGN) de Cayenne, préconise aux stagiaires de « doubler les matériels qu’ils emportent et de prendre deux piles par GPS et par jour ».

Militaires de l'EGM 13/5 utilisant un GPS en forêt.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Une séquence est également consacrée au maniement des pirogues avec Romain et Joris de l’antenne. L’Amazonie est striée de fleuves et de rivières que garimpeiros et gendarmes empruntent pour se déplacer plus rapidement. Ces derniers sont donc sensibilisés à l’utilisation de ces embarcations, à leurs différentes motorisations et aux dangers qu’ils peuvent rencontrer en naviguant. Il ne leur faut qu’un court instant pour saisir l’utilité du takariste positionné à l’avant de l’embarcation. Celui-ci a pour rôle de sonder la rivière et d'indiquer au piroguier les hauts-fonds, nombreux en Guyane. À l’issue du stage forêt, une partie des gendarmes de l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 13/5 approfondiront leur formation avec les militaires de l’AGIGN par un stage pirogue d’une durée de deux jours.

Militaires de l'EGM 13/5 s'entrainant au maniement des pirogues.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Se protéger de dangers multiples

Le stage vise également à démystifier les risques en forêt, en rappelant que les dangers les plus importants ne sont pas nécessairement ceux auxquels on pense. « Le danger le plus important en forêt, ce ne sont pas les garimpeiros, mais les arbres qui tombent », rappelle d’ailleurs régulièrement le général Jean-Christophe Sintive, commandant la gendarmerie en Guyane, lors de son discours d’accueil.

Christian de l’AGIGN souligne que « l’important en forêt est d’avoir de l’eau potable ». Les gendarmes doivent donc emporter des bouteilles qu’ils recompléteront à l’aide d’un filtre et de pastilles de désinfection, en les remplissant dans les cours d’eau rencontrés au cours de la mission. Pour se nourrir, ils sont pourvus en rations de combat.

Gendarmes de l'EGM 13/5 mangeant leurs rations de combat.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Les stagiaires apprennent à confectionner un bivouac. Romain leur explique qu’ils doivent procéder au nettoyage du site choisi en utilisant le sabre d’abattis fourni avec le sac forêt, en portant les coups vers l’extérieur afin de ne pas se blesser. « Vous devez ensuite identifier deux arbres solides. La première nuit où on dort en forêt, on entend tous un arbre tomber. Pour fixer votre hamac et votre faîtière, vous pouvez utiliser un nœud de mule et un demi-cabestan qui vous permettront de lever rapidement le camp si besoin ».

Militaire installant son bivouac.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU


Les hamacs fournis comprennent également une moustiquaire. « L’un des premiers dangers en forêt est le moustique qui est souvent porteur de maladie. Lorsque vous dormez dans votre hamac, il faut aussi que vous évitiez de toucher la moustiquaire avec vos pieds, car vous pourriez être mordus par une chauve-souris. En Guyane, elles peuvent avoir la rage. Même si cet évènement est relativement rare, le mieux est de porter des chaussettes en plus afin de créer une épaisseur supplémentaire. Le matin, lorsque vous vous levez, vérifiez que vous n’avez pas de sang sur vos pieds et ne mettez pas vos chaussures et votre treillis sans les avoir secoués, ça vous évitera d’être piqué par un scorpion qui se serait introduit à l’intérieur. »

Communiquer et secourir

Les stagiaires sont également formés à l’emploi de la VHF aéro, servant à communiquer avec les moyens aériens, et à l’utilisation du téléphone satellite Inmarsat, avec lequel les patrouilles doivent effectuer des vacations quotidiennes à destination du CCO. Systématiquement emporté en mission de lutte contre l’orpaillage illégal, ce moyen constitue la ligne de vie des militaires engagés en forêt, notamment en cas de blessure nécessitant une évacuation sanitaire. « En jungle, il est difficile de passer l’alerte. Le délai d’évacuation est de deux voire trois heures minimum. La sécurité doit être la priorité », résume le capitaine Bastien, directeur du stage et adjoint au commandant de l’AGIGN.

Militaire apprenant à utiliser le téléphone inmarsat.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Un dernier module est consacré au secourisme. Avec Jérémy, les stagiaires révisent les gestes de premier secours et la confection d’un brancard de fortune. Confrontés aux dangers liés à l’utilisation des pirogues, ils découvrent également comment secourir un camarade tombé à l’eau et inconscient après un choc. Jérémy complète son intervention par une instruction portant sur la faune locale, en les sensibilisant par exemple aux différents serpents présents en forêt et aux symptômes associés à leurs venins. Enfin, une séquence permet d’aborder les techniques à mettre en œuvre pour rechercher une personne, situation qui peut notamment survenir si un militaire s’égare dans la jungle.

Militaire apprenant à secourir un camarade tombé à l'eau.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Retrouvez le troisième et dernier épisode de notre reportage.

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