ORION : la gendarmerie engagée sur un exercice d’ampleur avec les armées

  • Par le chef d'escadron Charlotte Desjardins
  • Publié le 10 mai 2023
Des chars se dirigeant vers un bâtiment de la Marine gris surmonté d'un pavillon français
© Ministère des armées

De février à mai 2023, les armées ont conduit un exercice opérationnel d’envergure sur le territoire national : ORION. Poursuivant la préparation opérationnelle des acteurs impliqués, ce rendez-vous inédit interarmées et interalliés s’inscrit dans l’hypothèse d’un engagement de haute intensité. La gendarmerie nationale était également engagée, au regard des enjeux sécuritaires induits par cette manœuvre d’ampleur, mais aussi comme composante de l’exercice.

ORION est un exercice interarmées initié dès 2021 et conduit à travers quatre phases : une phase de planification (O1), une phase de réflexion interministérielle sur des travaux civilo-militaires (O3) et deux phases opérationnelles (O2 et O4). La première phase opérationnelle correspond au déploiement de l’échelon national d’urgence, avec la projection interarmées sur le territoire à reprendre. Elle s’est déroulée du 21 février au 10 mars. La seconde, O4, jouée du 17 avril au 5 mai, correspond à la phase d’engagement et de contact avec l’ennemi, jusqu’à la sécurisation du territoire.

Basé sur un scénario d’engagement de haute intensité contre un ennemi fictif, cet exercice visait ainsi à entraîner les différents acteurs dans une préparation opérationnelle jouée de la Corse jusqu’au nord-est du territoire. Les armées y ont participé dans leurs différentes composantes (terrestre, amphibie, aéroportée, spatial, cyber), sur des sites militaires mais aussi en terrain libre. En tant que force armée, la gendarmerie a également été intégrée à cet entraînement.

L’objectif d’ORION était de proposer un exercice réaliste, au regard d’un contexte international qui se durcit. Le volume global de forces déployées a été conséquent : 7 000 militaires ont participé à O2, et 12 000 à O4. De multiples enjeux sécuritaires ont de fait été induits pour la gendarmerie, de la phase de préparation jusqu’à la fin de l’exécution des manœuvres.

Des véhicules de différents types, blindés, alignés d'avant en arrière de l'image, avec des militaires faisant des vérifications
© Ministère des armées

Des enjeux de sécurité publique tout au long de l’exercice

« Dès la phase de planification (O1), qui a débuté il y a deux ans, la gendarmerie a travaillé en lien avec les armées au niveau national et départemental, afin d’engager une manœuvre coordonnée », précise le colonel Jean-Christophe Le Neindre, affecté à la Direction des opérations et de l’emploi (DOE) de la gendarmerie nationale. Le déploiement massif de personnels, de véhicules et de matériels sur le territoire, impliquant une manœuvre logistique d’ampleur pour les armées, a dès lors nécessité un travail d’anticipation et de renseignement de la part des échelons locaux de la gendarmerie.

Le pilotage en a été initié par la DOE et le Centre national des opérations (CNO), sollicitant également les échelons zonaux et départementaux. « Au total, douze départements dans le sud du pays ont été concernés par les manœuvres pendant O2, et six dans le nord-est pendant O4, soit au total dix-huit groupements de gendarmerie départementale », poursuit le colonel Le Neindre. Ces derniers ont donc mené, dès la première phase de l’exercice, un travail de reconnaissance d’axes et de secteurs, de renseignement, de conseil auprès de leurs homologues militaires, y compris pendant l’exercice, via la présence d’officiers de liaison au sein de la DIREX (DIRection d’EXercice). Leur connaissance du territoire était un atout pour apporter les ajustements nécessaires à la conception du scénario, puis pour faciliter le bon déroulement des manœuvres à venir.

Tout au long d’ORION, la gendarmerie départementale a ainsi été impliquée, tout comme les gendarmeries spécialisées, à l’instar de la gendarmerie maritime et de la gendarmerie de l’Air sur les volets maritime et aéroporté de l’exercice.

A gauche le logo de l'exercice Orion, à droite en haut, trois militaires grimés et casqués sur un véhicule équipé d'une mitrailleuse; en bas à droite des militaires dans un poste de commandement
© Ministère des armées

À la suite de la phase de planification, la gendarmerie a donc été particulièrement active sur les aspects de sécurisation, à travers trois missions principales.

Tout d’abord, la sécurité publique, puisque les actions se déroulant, pour la plupart, en terrain ouvert, les unités locales devaient être en mesure d’intervenir sur d’éventuels incidents réels. Tout au long de l’exercice, ces dernières, agissant sur un territoire connu, ont également entretenu un lien rassurant avec la population.

Ensuite, la sécurité des flux. Les deux phases opérationnelles, au-delà des exercices eux-mêmes, ont en effet donné lieu à des déplacements de convois militaires sur des axes routiers ouverts au public, engageant automatiquement les militaires de la gendarmerie. Ce travail, réalisé en lien avec l’arme du Train, a permis de fluidifier le passage des rames, tout en facilitant celui de la population locale.

Enfin, l’ordre public, au regard d’éventuelles contestations pouvant survenir sur les secteurs concernés par l’exercice. Cette mission était ainsi couplée au travail quotidien de renseignement des unités territoriales, en lien avec leurs partenaires habituels.

Deux rendez-vous phares étaient par ailleurs prévus au cours des deux phases opérationnelles : les « DV-days », ou distinguished visitors-days. Le premier a eu lieu le 2 mars, à Sète, pour O2, et le second le 4 mai, à Suippes, pour O4, offrant à des délégations de haut niveau des démonstrations grandeur nature effectuées par les composantes engagées. Deux journées importantes, qui ont nécessité un engagement sécuritaire complémentaire pour la région zonale Sud et les régions de gendarmerie Occitanie, Grand Est et celle des Hauts-de-France, mais aussi pour la gendarmerie des transports aériens. Le tout a notamment porté sur les trois missions précédemment évoquées, avec des effectifs en renfort.

« Ce travail de sécurisation a été mis en œuvre en amont de l’exercice, tout au long de celui-ci, et jusqu’aux phases de désengagement des unités des armées », précise le colonel Le Neindre.

Au-delà de ce travail inhérent aux missions habituelles de la gendarmerie, cette dernière a également participé à ORION en tant qu’acteur, à travers plusieurs de ses composantes.

 

La gendarmerie, un des participants de l’exercice

Dans le cadre de la guerre de haute intensité, la gendarmerie, force armée, a vocation à accompagner la force et à la protéger, en prenant part à une partie du champ missionnel.

Sur toute la durée de cette manœuvre, déployantenviron 12 000 militaires, la gendarmerie a ainsi été engagée au titre de la gendarmerie prévôtale. Cette dernière, qui accompagne habituellement les contingents déployés en Opérations extérieures (OPEX), a donc travaillé sur son champ missionnel. « Au sein d’ORION, 18 prévôts jouaient les missions traditionnellement remplies dans la réalité : police judiciaire lors de commission de crimes ou délits à l’encontre ou par des militaires français, appui à la force et renseignement. Commandés par le Conseiller gendarmerie (CONSGEND) auprès du commandant de la 3division pour réaliser ces missions, ils traitaient l’ensemble des faits, des plus simples aux plus graves. Le but était d’entraîner les prévôts et d’améliorer les processus de coordination avec les armées afin de travailler de la manière la plus efficace possible. Force est de constater que cela fonctionne », explique le colonel Benoît Vallette, CONSGEND durant l’exercice.

Focus sur le brassard des prévôts sur des personnels de la gendarmerie en treillis
© SIRPA-G - GD B. Lapointe

« Ce travail en coordination est un élément essentiel, d’autant que les investigations judiciaires peuvent se révéler avoir des conséquences stratégiques », souligne le colonel Pierre-Yves Bardy, à la Direction de l’exercice (DIREX) d’O4. Les prévôts doivent faire montre de hautes qualités techniques et posséder un savoir-faire bien spécifique pour s’intégrer au seindes armées. Le sens du discernement est également requis, de manière à mener les investigations sans gêner le déroulement d’une guerre de haute intensité. »

D’autres gendarmes ont également pris part à ORION, à travers d’autres spécialités : cyber, gendarmerie scientifique, enquêteurs sur des crimes de guerre… Ces derniers ont participé à la manœuvre via deux exercices, appelés « vignettes », joués au cours des phases opérationnelles.

En tant que force armée, la gendarmerie occupe donc une place particulière, qui s’intègre au champ d’action des armées, y compris sur l’engagement de haute intensité. Ses personnels sont des militaires aptes à servir en tout temps et en tous lieux, qui possèdent des compétences spécifiques, telles que la police judiciaire, le renseignement ou le maintien de l’ordre ; des compétences inhérentes aux missions habituelles de la gendarmerie, qui viennent en appui et en protection des forces armées.

À travers ORION, qui a déployé les capacités de l’ensemble des armées en totale coordination, c’est un entraînement et un effort communs qui ont été menés pour la sécurité des Français, et auxquels la gendarmerie, comme les autres acteurs, a apporté son savoir-faire et son expertise, tout en participant activement à la sécurisation de l’exercice sur le territoire national.

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