Morbihan : les gendarmes veillent sur le golfe

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 31 août 2023
Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur l'Île aux Moines.
© GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET

Emblématique du département, le golfe du Morbihan est un lieu très apprécié des touristes, que ce soit en mer ou sur les îles. Dans le cadre de son Dispositif estival de protection des populations (DEPP), la gendarmerie assure une présence constante pour que l’été s’y déroule dans les meilleures conditions. Reportage à terre, sur l’Île-aux-Moines, avec les réservistes du poste provisoire, et en mer sur le semi-rigide de la Brigade nautique (B.N.) de Quiberon.

Au cœur de cette dernière quinzaine d’août, après avoir passé une partie de l’été à balancer entre gris clair et gris foncé, le ciel qui coiffe le golfe du Morbihan s’est décidé à virer au bleu, et les eaux clignotent de mille feux, faisant miroiter un soleil enfin roi. On ignore le nombre officiel d’îles et d’îlots qui forment ce puzzle sur mer imaginé par Dame Nature. Une quarantaine ? Une soixantaine ? Un dicton breton prétend même qu’il y en aurait autant que de jours dans l’année... Ce qui est sûr, c’est qu’il y a bien deux îles plus grandes que les autres, l’Île-aux-Moines et l’Île-d’Arz. Sur ces deux terres, proches du continent, la gendarmerie ne dispose pas de brigade permanente, comme sur les îles atlantiques de Belle-Île-en-Mer et Groix. Mais chaque été, pour faire face à l’afflux de touristes, dans le cadre de son Dispositif estival de protection des populations (DEPP), des postes provisoires sont installés, armés par cinq réservistes sur l’Île-aux-Moines et trois sur l’Île-d’Arz.

La municipalité de l’Île-aux-Moines soigne « ses » gendarmes

Pour Philippe Le Bérigot, maire de l’Île-aux-Moines, « natif de l’île et descendant du premier maire », comme il le rappelle fièrement, la présence de ces gendarmes est absolument indispensable. « Ici, la population est multipliée par 10 pendant l’été, pour dépasser les 6000 résidents, et en comptant les excursionnistes à la journée, on peut monter jusqu’à 12 000 personnes par moments. Et même à cinq minutes de bateau, on a parfois l’impression que certains pensent qu’il n’y a plus de règles. C’est donc important qu’ils voient tout de suite du bleu, dès le débarquement ! Et ce bleuissement est d’autant plus efficace que les gendarmes tournent sur l’île, ce qui donne l’illusion aux vacanciers qu’ils sont très nombreux ! »

La municipalité tient donc à « ses » gendarmes l’été, et elle les soigne, avec des locaux et des logements au sein même de la mairie, sans oublier des vélos électriques d’un bleu magnifique, auxquels il ne manque plus que la grenade sur le cadre. « Avant, les gendarmes disposaient de VTT, note l’édile, mais nous avons eu la faiblesse de leur donner goût à l’électrique, et je crains que ce ne soit irréversible ! Mais c’est un moyen beaucoup plus pratique et opérationnel pour pouvoir circuler sur l’île, surtout lors des périodes de forte affluence. »

L’adjudant-chef de réserve Stéphane confirme. À la retraite depuis six ans, et réserviste depuis quatre ans, il est présent sur l’île pour le quatrième été consécutif. « Et je serai sans doute là l’année prochaine. Je commence à être connu et bien identifié. J’ai pu nouer un bon contact avec les commerçants, travailler en amont avec eux pour faire de la prévention et les inciter à bien respecter les horaires de fermeture. » Philippe Le Bérigot rebondit : « C’est très important que le chef de poste connaisse bien l’île, ses problématiques, ses élus, ses commerçants, et même ses fauteurs de troubles éventuels. »

Ils sont donc cinq réservistes à patrouiller en permanence sur l’île, à pied ou à vélo. Aux côtés de Stéphane, voici le gendarme Aodrenn, membre de la réserve depuis deux ans pour découvrir la gendarmerie, parallèlement à ses études de psychologie. « Mon frère est gendarme, il m’a montré quelques facettes du métier et m’a donné envie de m’engager. Cette expérience m’a convaincu et je vais passer le concours de sous-officier l’an prochain. » La gendarme de réserve Bérengère effectue des missions pendant l’été dans le Morbihan depuis cinq ans. Elle était notamment à Damgan en 2021 et à Carnac en 2022. C’est sa première mission sur l’Île-aux-Moines. « Mon mari est gendarme, il dirige la Cellule de protection des familles (CPF) de Carnac. En temps que professeure des écoles, j’ai du temps à consacrer aux autres pendant les vacances scolaires. J’en profite pour me rendre utile dans un autre cadre, un autre environnement que l’école. »

  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille de deux gendarmes du poste provisoire de l'Île aux Moines qui échangent avec une dame portant un enfant dans ses bras.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à vélo électrique d'un gendarme du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à vélo électrique d'une gendarme et à pied d'un gendarme du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes échangent avec des sauveteurs de la SNSM à Port-Blanc, dans le Morbihan.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Mairie de l'Île-aux-moines avec les locaux mis à disposition de la gendarmerie et au premier plan la voiture électrique de la gendarmerie.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le marché de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le marché de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le marché de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille de deux gendarmes du poste provisoire de l'Île aux Moines qui échangent avec une dame portant un enfant dans ses bras.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à vélo électrique d'un gendarme du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à vélo électrique d'une gendarme et à pied d'un gendarme du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes échangent avec des sauveteurs de la SNSM à Port-Blanc, dans le Morbihan.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Mairie de l'Île-aux-moines avec les locaux mis à disposition de la gendarmerie et au premier plan la voiture électrique de la gendarmerie.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le marché de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le marché de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le port de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur le marché de l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Patrouille à pied de deux gendarmes du poste provisoire sur l'Île aux Moines.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET

L’été touche à sa fin sur l’Île-aux-Moines et il s’est relativement bien passé. « Disons qu’il y a eu quelques bonnes averses en soirée pour calmer les ardeurs, souligne le maire. Bien sûr, la météo a joué un rôle important. On a par exemple eu aucun feu de plage cette année, alors que c’était une vraie problématique l’an dernier. » La présence constante de la gendarmerie sur le terrain a joué son rôle dissuasif. Ainsi, pour le 14 juillet, une présence forte et visible a permis d’éviter de revivre les bagarres de l’année précédente, qui avait déclenché l’engagement du Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) de Vannes, déplacé sur l’île pour renforcer les réservistes, grâce au bateau de la Société nationale de sauvetage en mer (SNSM). « Nous menons d’ailleurs une réflexion actuellement pour doter la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Vannes d’une embarcation propre, pour pouvoir intervenir sur les îles du golfe », indique le lieutenant-colonel Sébastien Coirier, commandant en second du Groupement de gendarmerie départementale (GGD) du Morbihan.

La B.N. sécurise la navigation et protège l’environnement

Le golfe du Morbihan est bien sûr l’un des terrains d’action de la Brigade nautique (B.N.) de Quiberon, qui compte six personnels, renforcés pendant l’été par un réserviste. « L’été, notre mission prioritaire est la sécurisation de la navigation et de la pêche de plaisance, dans le golfe du Morbihan, la baie de Quiberon, autour de Belle-Île, jusqu’à Étel, à l’ouest, et de l’autre côté jusqu’à l’embouchure de la Vilaine, près de Penestin, décrit le maréchal des logis-chef (MDC) Yann. Nous contrôlons notamment les vitesses, le respect des zones de baignade, le matériel de sécurité embarqué à bord, tels que des gilets de sauvetage ou des extincteurs non périmés. Nous vérifions aussi que les bateaux à moteur qui tractent des bouées ont bien la flamme orange qui l’indique. » Après 10 années dans la Marine nationale, et sept ans en brigade territoriale, Yann a rejoint la B.N. de Quiberon il y a deux ans. « Je voulais retourner vers le monde maritime, donc je suis comblé. Je me lève tous les jours avec le sourire. Professionnellement, je ne vois pas ce que je pourrais souhaiter de plus. »

L’adjudant Nicolas est gendarme sur l’eau depuis 25 ans, alternant l’eau salée et l’eau douce, brigade nautique et brigade fluviale, de Fort-de-France à Villefranche-sur-Saône, de Rouen à Quiberon. « Les missions sont globalement les mêmes, mais les conditions sont très différentes, considère-t-il. Le pilotage en eaux intérieures est plus technique parce qu’on est toujours en eaux resserrées. Mais l’avantage, c’est qu’on ne peut pas se perdre ! Bien sûr, on n’essuie pas sur un fleuve de tempêtes comme en mer, encore qu’à Rouen, quand le courant de la Seine rencontrait celui de la marée, on pouvait avoir des beaux petits creux ! »

Dès les ponts de mai, la navigation, à voile, à moteur, à rames ou à pagaie, explose et le golfe devient un gigantesque terrain de jeu, avec ses règles à respecter pour éviter les accidents. Ainsi, la vitesse y est limitée à 10 nœuds, et même à 5 dans la bande des 300 mètres. Constatant un excès de vitesse à vue d’œil, Yann et Nicolas font bondir les 200 chevaux du semi-rigide de 6,70 mètres qui file sur les vagues pour rattraper le contrevenant. Celui-ci paraît bien en peine d’expliquer son excès, d’autant que le bateau n’est pas à lui, prêté par un ami, et qu’il n’a sur lui ni permis ni pièce d’identité, sans compter qu’il n’y a pas assez de gilets pour tous les passagers ! Il devra se présenter à la B.N. dès le lendemain, et la suspension de permis ne fait pas l’ombre d’un doute dans son cas.

  • Contrôle en mer d'une embarcation à moteur par la brigade nautique de Quiberon.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes de la brigade nautique de Quiberon patrouillent dans le golfe du Morbihan à proximité du littoral.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Un gendarme de la brigade nautique de Quiberon contrôle les papiers d'un bateau lors d'un contrôle en mer.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes de la brigade nautique de Quiberon patrouillent dans le golfe du Morbihan à proximité du littoral.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Contrôle en mer d'une embarcation à moteur par la brigade nautique de Quiberon. Le gendarme vérifie les papiers du bateau.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes de la B.N. de Quiberon échangent à bord du semi-rigide de l'unité lors d'un contrôle en mer.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Contrôle en mer d'une embarcation à moteur par la brigade nautique de Quiberon.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes de la brigade nautique de Quiberon patrouillent dans le golfe du Morbihan à proximité du littoral.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Un gendarme de la brigade nautique de Quiberon contrôle les papiers d'un bateau lors d'un contrôle en mer.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes de la brigade nautique de Quiberon patrouillent dans le golfe du Morbihan à proximité du littoral.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Contrôle en mer d'une embarcation à moteur par la brigade nautique de Quiberon. Le gendarme vérifie les papiers du bateau.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET
  • Deux gendarmes de la B.N. de Quiberon échangent à bord du semi-rigide de l'unité lors d'un contrôle en mer.
    © GEND/SIRPA/BRI T. DOUBLET

Les gendarmes de la « nautique » peuvent aussi intervenir pour du secours en mer. Ils reçoivent tous les appels de détresse transmis par le Centre régional opérationnel de surveillance et de sauvetage (CROSS) Étel. « Nous ne sommes pas intégrés au schéma de secours, précise Nicolas. Sinon nous serions sollicités en permanence, et nous ne pourrions pas remplir nos missions de gendarmerie. Mais bien sûr, si nous sommes à proximité, nous répondons à l’appel, c’est l’obligation des gens de mer. » Ils peuvent également être engagés en soutien des brigades et des sections de recherches, pour trouver une arme jetée à l’eau par exemple, dans le cadre d’une enquête. La B.N. de Quiberon n’a plus d’habilitation plongée, mais peut prendre en compte les plongeurs de Lézardrieux, dans les Côtes-d’Armor, et les assister lors de leurs investigations subaquatiques.

Enfin, les militaires de la B.N. peuvent aussi prendre part à des opérations inter-services, comme ce fut le cas récemment lors de la mise en place d’une souricière à Saint-Gildas-de-Rhuys, avec l’antenne de l’Office central de lutte contre les atteintes à l’environnement et à la santé publique (OCLAESP) de Rennes, l’Office français de la biodiversité (OFB), les Affaires maritimes et les unités de recherches de la gendarmerie maritime de Lorient et Brest, dans le but d’interpeller en flagrant délit des pêcheurs de pouce-pieds espagnols.

La gestion de ces pêches illicites, ou encore la protection des parcs ostréicoles contre les pollutions, entrent dans le champ de la lutte contre les atteintes à l’environnement, sur laquelle la B.N. monte en puissance, et pour laquelle les militaires de l’unité sont les référents du GGD du Morbihan, et apportent à ce titre un soutien technique aux unités territoriales. « Nous suivons tous les stages de manière à être formés sur les normes, les différents intervenants, indique Nicolas. Ce qui est intéressant dans ces stages, c’est qu’il n’y a pas que des gendarmes, mais aussi les Unités littorales des affaires maritimes (Ulam), des personnels des grands ports de plaisance, des représentants des parquets. Cela permet de confronter les points de vue et de s’enrichir de l’expérience des autres. » L’une des problématiques environnementales majeures, que rencontrent tous les départements littoraux, concerne le carénage sauvage. « Le carénage doit se faire sur des aires prévues à cet effet, afin de récupérer et de traiter les éclats de peinture de la coque, qui sont biocides, et éviter qu’ils ne partent en mer avec la marée, explique l’adjudant de la B.N. C’est un sujet compliqué parce qu’il faut forcément prendre les contrevenants en flagrant délit, à moins d’avoir du renseignement. »

À terre comme en mer, gendarmes départementaux et réservistes unissent ainsi leurs forces pour protéger la population et l’environnement dans le Morbihan. Illustration lors de notre prochaine étape, de Carnac à la presqu’île de Quiberon.

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