Manche : immersion avec les patrouilles engagées dans la sécurisation des exploitations ostréicoles

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 30 décembre 2023
Tracteur descendant sur la cale aux côtés d'un militaire de la gendarmerie.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

Outre la Garde républicaine, plusieurs unités de la compagnie de gendarmerie départementale de Coutances ainsi que la brigade nautique sont engagées dans la sécurisation des exploitations ostréicoles, particulièrement exposées aux risques de vols à l’approche des fêtes de fin d’année.

Organisé par le commandant de compagnie de Coutances, le chef d'escadron Stéphane Gautron, à l’approche des fêtes de fin d’année, le dispositif opérationnel de sécurisation de l’activité ostréicole est mis en œuvre depuis 2011. Il s’appuie sur la spécialité équestre de la Garde républicaine et sur la complémentarité des unités locales pour parvenir à agir efficacement sur l’intégralité du littoral, de jour comme de nuit. Pour Gendinfo, nous avons pu suivre plusieurs patrouilles engagées dans le cadre de ce dispositif.

Mardi 12 décembre, 14 h 00 : la brigade locale quadrille le littoral

Militaire à bord de son véhicule sérigraphié.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

À la brigade de proximité de Lessay, le gendarme Romain et la brigadière Lou-Anne embarquent dans leur véhicule sérigraphié. Pendant quatre heures, ils vont sillonner le littoral, tant à proximité des plages, tandis que les ostréiculteurs remontent leurs poches d’huîtres sur leurs tracteurs, qu’aux abords des entrepôts où les professionnels s’affairent à nettoyer et calibrer les précieux coquillages avant de les expédier à la vente.

Militaires de la brigade de Lessay devant leur véhicule stationné devant la cale de mise à l'eau.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

Romain connaît parfaitement le secteur. Affecté depuis le 1er août 2020 à Lessay, il est originaire du coin. Il perçoit donc pleinement les enjeux liés à l’ostréiculture et les menaces qui peuvent peser sur cette profession. Début novembre, la région a d’ailleurs été fortement touchée par la tempête Ciaran. Celle-ci n’a pas épargné les zones d’élevage. Les dégâts qu’elle a causés sont ainsi venus s’ajouter aux problématiques rencontrées par une filière en tension, qui fait notamment face à une baisse continue du prix au kilo ces derniers mois.

Les militaires de la brigade de Lessay ont noué une relation privilégiée avec les ostréiculteurs installés sur la circonscription de l’unité. Ils ont ainsi échangé leurs numéros de téléphone. Au cours de la patrouille, Romain contacte Charline, co-dirigeante d’une société civile d'exploitation agricole, spécialisée dans l'aquaculture en mer, et lui propose de venir à sa rencontre.

Les militaires de la gendarmerie échangeant avec l'ostréicultrice.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

Dans l’entrepôt, parents et enfants s’activent à calibrer les huîtres en fonction de leur poids. Les deux gendarmes s’enquièrent de la production et des éventuels comportements suspects que les ostréiculteurs auraient pu déceler à l’approche des fêtes.


À l’issue, la patrouille se porte au contact des gardes républicains. Ces derniers ont relevé leurs camarades la veille. Positionnés en renfort du dispositif opérationnel de sécurisation de l’activité ostréicole de la compagnie de Coutances pour les deux semaines à venir, les cavaliers sont heureux de pouvoir échanger avec les gendarmes locaux, qui sont en mesure d’attirer leur attention sur des points particuliers du territoire.

Gendarmes de la brigade de Lessay devant le détachement à cheval de la Garde républicaine.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

La nuit, le Peloton de surveillance et d’intervention de la gendarmerie (PSIG) prend le relais de la brigade locale.

Mardi 12 décembre, 22 h 00 : le PSIG veille au grain

À 22 h 00, le maréchal des logis-chef Nicolas et le gendarme Romaric, affectés au PSIG de Coutances, prennent leur service. Chargés de lutter contre la délinquance dans les secteurs et les périodes les plus sensibles, ils sont pleinement engagés dans le dispositif de sécurisation des exploitations ostréicoles mis en œuvre par le commandant de compagnie. Dès le début de patrouille, les deux gendarmes, vêtus de leurs blousons d’intervention noirs, orientent leur action vers les zones d’entrepôts, déterminés à contrôler les véhicules et les individus suspects se trouvant aux abords de celles-ci. À l’aide de leurs moyens lumineux, les militaires inspectent les poches à huîtres empilées, les hangars, les bassins et les voitures arrêtées.

  • Militaires du PSIG Coutances se tenant devant un entrepôt.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaires du PSIG Coutances contrôlant les bassins de rétention d'eau.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaires du PSIG Coutances vérifiant l'intérieur d'un entrepôt.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaire du PSIG de Coutances inspectant des poches à huîtres.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaires du PSIG Coutances se tenant devant un entrepôt.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaires du PSIG Coutances contrôlant les bassins de rétention d'eau.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaires du PSIG Coutances vérifiant l'intérieur d'un entrepôt.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaire du PSIG de Coutances inspectant des poches à huîtres.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN


Le premier contrôle ne se fait pas attendre. Il faut dire que les militaires profitent de l’effet de surprise produit par leur véhicule banalisé. Fausse alerte, l’inspection de la voiture et les vérifications effectuées permettent de déterminer que le conducteur contrôlé quitte simplement l’entreprise ostréicole pour laquelle il travaille.

Militaires du PSIG de Coutances contrôlant un véhicule.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

Les délinquants sont prévenus, le PSIG de Coutances veille.

Mercredi 13 décembre, 10 h 00 : le commandant d’unité au plus près des acteurs locaux

Le major Robine, commandant de la Communauté de brigades d'Agon-Coutainville, est natif de la région. Pleinement investi dans son rôle de commandant d’unité, il entretient des échanges réguliers avec les acteurs locaux du monde politique et de la sphère économique, et s’attache à ce que les militaires placés sous ses ordres s’investissent également dans ces relations.

Le Major Robine au contact d'un exploitant.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN


À moins de deux semaines des fêtes de Noël, il rend ainsi visite à un producteur d’huîtres local et s’informe de sa situation financière et de ses horaires de travail, afin d’être à même d’ajuster les patrouilles engagées dans la sécurisation des exploitations le cas échéant.

Mercredi 13 décembre, 12 h 00 : la brigade nautique opère à terre

La brigade nautique de Granville débarque… en voiture. Agissant en renfort du dispositif de sécurisation de l’activité ostréicole, cette unité s’adapte au terrain et aux besoins opérationnels, en s’appuyant sur sa technicité, comme l’explique son commandant, l’adjudant-chef Charles-Damien De Botton. Armée par quatre personnels, la brigade nautique, directement rattachée au Groupement de gendarmerie départementale de la Manche, est chargée de la surveillance maritime et de celle du littoral sur tout le département.

Militaires de la brigade nautique surveillant la plage.
© GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

« Dans le cadre de la sécurisation des exploitations ostréicoles, nous agissons en appui des unités locales pendant les créneaux qu’elles ne remplissent pas, explique le commandant d’unité. En utilisant notre assise territoriale plus large que celle de la compagnie de gendarmerie de Coutances, nous effectuons des contrôles à marée basse et nous vérifions que les délimitations des concessions transmises par le Comité régional de la conchyliculture (CRC) de Normandie sont respectées. Il faut en effet savoir qu’une partie des vols commis est liée aux prédations entre professionnels. Dans le cadre de ces opérations, nous contrôlons également les pêcheurs à pied. Les services des Affaires maritimes édictent des réglementations spécifiques dans ce domaine. Ici, les pêcheurs à pied ont interdiction de pratiquer leur activité à moins de trois mètres des concessions et doivent être en mesure de nous présenter leur permis de pêche, sur lequel figurent les licences de pêche locales. La moindre entorse est immédiatement sérieuse, dans la mesure où les infractions à la pêche sont toutes classées dans la catégorie des délits. »

  • Militaire de la brigade nautique surveillant les exploitations ostréicoles à l'aide de ses jumelles.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaire de la brigade nautique échangeant avec un ostréiculteur.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • La brigade nautique au contact des ostréiculteurs.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaire de la brigade nautique surveillant les exploitations ostréicoles à l'aide de ses jumelles.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • Militaire de la brigade nautique échangeant avec un ostréiculteur.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN
  • La brigade nautique au contact des ostréiculteurs.
    © GEND/ SIRPA-G/ BRC TAUPIN

S’adaptant au terrain, en préférant la voiture à l’embarcation, la brigade nautique ajuste également ses patrouilles aux horaires de marée. Le soir même, un service de sécurisation de l’activité ostréicole est ainsi prévu de 3 heures à 6 heures.

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