La rusticité : fil rouge de la formation des officiers
- Par le capitaine Tristan Maysounave
- Publié le 25 septembre 2023

L’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) forme des chefs militaires. Forte de cette singularité au sein des Forces de sécurité intérieure (FSI), l’Institution a souhaité densifier la militarité, et notamment la rusticité, qui en constitue une composante essentielle, au cours de la formation initiale des officiers. Dans un contexte de guerre en Ukraine et de multiplication des crises sur le territoire national et en dehors de nos frontières, les élèves de la 130e promotion de l’EOGN ont pu prendre la pleine mesure de cette notion à l’occasion de leur Formation militaire initiale (FMI), organisée à Beynes (Yvelines), du 19 août au 14 septembre.
Ils sont 123 hommes et 47 femmes, âgés de 22 à 45 ans, à avoir incorporé l’École des officiers de la gendarmerie nationale le 16 août 2023. Tout juste sortis des bancs de la fac ou disposant au contraire déjà d’une solide expérience professionnelle (en tant que sous-officier de gendarmerie, d’ingénieur ou de juriste par exemple), ils effectueront une formation initiale de deux ans avant de rejoindre leur première unité en qualité de chef.
Former des militaires avant tout
La première année de formation (2e groupement d’instruction de l’EOGN) vise avant tout à faire acquérir aux élèves les valeurs de l’Institution ainsi qu’un socle de connaissances commun aux armées en matière de combat militaire. Anciennement désigné sous le nom de format Proterre, celui-ci est désormais dénommé Concept commun du combat terrestre (C3T). Plusieurs stages sont ainsi organisés et permettent aux élèves-officiers d’endosser progressivement les rôles de chef de trinôme, de chef de groupe (10 militaires environ) et de chef de section (une trentaine de militaires).
Ce n’est qu’à la fin de cette année et surtout au cours de la seconde, qu’ils se spécialiseront dans l’une des dominantes suivantes : gendarmerie départementale, gendarmerie mobile, police judiciaire ou sécurité des mobilités.
À peine incorporés et déjà partis. Dès le 19 août, les élèves de la 130e promotion ont rejoint le Camp de la Frileuse, situé à Beynes, afin d’y suivre une Formation militaire initiale (FMI) de quatre semaines et d’y faire leur apprentissage de chef de trinôme.
Un fil rouge marque ce premier stage et l’intégralité de leur scolarité : la rusticité. Parfois connoté péjorativement, ce terme est au contraire un savoir-être indispensable du militaire, entendu comme la capacité à accepter l’inconfort et à ne pas ménager ses efforts. Les deux années de scolarité doivent donc permettre de former des chefs rustiques, ayant valeur d’exemple pour les militaires qui serviront sous leurs ordres.
Forger le corps et l’esprit
Tout au long des stages, les élèves en formation sont incités à se dépasser. Efforts physiques répétés, temps de sommeil réduit, et méconnaissance de la programmation journalière, autant de situations inconfortables pour le corps et l’esprit qui conduisent les stagiaires à repousser leurs limites. Pour surmonter ces épreuves, il leur faut faire preuve d’esprit de cohésion et d’entraide.
L’élève-officier Sarah, de recrutement universitaire, perçoit déjà les bienfaits de cet aguerrissement à long terme : « le fait de subir maintenant fait qu’on ne subira pas plus tard lorsque nous serons en poste dans nos unités. »
À Beynes, les élèves-officiers ont ainsi pu expérimenter à plusieurs reprises la méthode de préparation opérationnelle dite « naturelle », aussi connue sous le nom de bootcamp. Confrontés à des exercices physiques de forte intensité en milieu naturel, ils auront par exemple eu à porter des troncs d’arbre en équipe.
Benoît, élève de cette promotion et ancien sous-officier, admet n’avoir jamais connu cette intensité. Il faut dire que la fatigue se fait sentir alors que les stagiaires enchaînent depuis déjà plusieurs semaines, bivouacs sommaires, marches nocturnes et exercices tactiques de jour comme de nuit.
Exercices diurnes et nocturnes
La pratique de la tactique militaire, que les élèves-officiers abordent au travers du C3T, constitue l’essentiel du stage. La formation est tournée vers l’apprentissage des cadres d’ordre (série d'ordres préformatés via des modèles mnémotechniques) et l’assimilation des actes réflexes du combattant (savoir-faire individuels au combat). Essentielles au succès du combat interarmées, ces connaissances, dont l’utilisation doit devenir automatique, constitueront également un socle sur lequel s’appuieront les futurs chefs afin de commander de manière efficiente sur le terrain.
« Les élèves-officiers réalisent des exercices progressifs et répétés », explique le chef d’escadron Jérémy, en charge de l’instruction tactique. Ainsi, les stagiaires ont d’abord pu se familiariser avec les attendus à l’occasion d’ateliers de découverte, avant des mises en pratique de plus en plus complexes. Afin de se rapprocher des conditions réelles du combat, les élèves ne sont pas ménagés. Exercices diurnes et nocturnes s’enchaînent, obligeant les jeunes chefs à rester lucides, aussi bien dans les ordres à donner qu’à appliquer. À l’approche de la fin de la formation militaire initiale, les instructeurs commencent à faire entrevoir aux élèves-officiers la position de chef de groupe, qui constituera le cœur de leur prochain stage, en donnant aux exercices une dimension plus importante. Ils appréhendent alors pour la première fois la gestion des ressources humaines et logistiques à l’occasion de manœuvres de longue durée.
Rentrés le 14 septembre, les jeunes officiers de la 130e promotion ne disposent que de quelques jours pour souffler, avant d’enchaîner sur le stage de chef de groupe, se déroulant à l’école de gendarmerie de Châteaulin (Finistère), du 2 au 20 octobre.
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