La gendarmerie engagée aux côtés de l’armée de Terre dans un exercice opérationnel d’ampleur

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 10 octobre 2023
Un gendarme et un militaire de l'armée de Terre accroucpis dans l'herbe regardant dans la même direction. Le  militaire de l'armée de Terre désigne un point avec les doigts de ses deux mains.
© DOUBLET Thomas

Une vingtaine de militaires de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Bar-sur-Aube, dans le Grand Est, ont participé à un exercice tactique aux côtés des personnels du Service interarmées des munitions (SIMu) de l’armée de Terre. Baptisé « Bir-Hakeim », l’entraînement, qui s’est déroulé le 25 septembre 2023, s’inscrit dans le cadre de la préparation des militaires à l’engagement dit de « haute intensité ». Immersion au cœur d’un exercice grandeur nature.

Du nom de la célèbre bataille de Bir-Hakeim (1942), marquée par la défense héroïque des Forces françaises libres, un exercice interarmées s’est déroulé ce lundi 25 septembre dans le département de l’Aube (région Grand Est). L’opération, organisée à l’initiative du Service interarmées des munitions (SIMu), en coopération avec la gendarmerie, a nécessité une préparation minutieuse, engagée plusieurs mois auparavant. Objectif : travailler la coordination interarmées, avec l'appui aérien d’un hélicoptère de la Section aérienne de gendarmerie (SAG) de Dijon-Longvic, à partir d’une mise en situation fondée sur un scénario réaliste. Étaient mobilisés dans ce cadre une quarantaine de militaires de l’Établissement principal des munitions (EPMu) ainsi qu’une vingtaine de gendarmes issus d’unités plurielles : quatre binômes de la Compagnie de gendarmerie départementale (CGD) de Bar-sur-Aube, six membres du Peloton de surveillance et d’intervention de gendarmerie (PSIG), et l’équipage de l’hélicoptère de la SAG de Dijon-Longvic.
Cette séquence tactique en terrain libre, dans une zone comprise entre Brienne-le-Château et Bar-sur-Aube, s’est tenue à l’issue d’une première phase réalisée en zone militaire. Des exercices de tir, de combat et d’explosifs ont eu lieu en amont, du 22 au 24 septembre, auxquels ont participé cinq gendarmes du PSIG.
« L’exercice Bir-Hakeim a permis aux militaires de la gendarmerie de découvrir la manière dont travaille l’armée de Terre, de s’acculturer avec un matériel différent, ainsi que d’étudier d’autres process de progression en zone de recherche afin d’améliorer leur analyse terrain. Ce sont là des compétences que nous mettons en œuvre lors de recherches menées dans le cadre de disparition de personne ou d’aéronef. L’exercice tactique est l’occasion de travailler notre technique de balisage ainsi que l’orientation des patrouilles, ici réparties sur un large secteur, avec l’appui de l’hélicoptère. L’appareil offre une dimension tridimensionnelle, avec une vue et une coordination depuis le ciel », explique le chef d’escadron Maxime Ladret, commandant la CGD de Bar-sur-Aube, qui coordonne les forces de gendarmerie dans le cadre cette opération.
L’exercice est enrichissant à plusieurs titres. Pour les jeunes gendarmes, nombreux au sein de la compagnie, ce type de mise en situation est une première. C’est aussi, pour la gendarmerie, l’opportunité de développer des synergies avec d’autres acteurs. C’est pourquoi le chef d’escadron Maxime Ladret, par ailleurs ancien réserviste de l’armée de Terre, a immédiatement répondu à l’appel du capitaine Guillaume, du SIMu.

Une traque à grande échelle

Il est 5 heures, ce lundi 25 septembre au matin, lorsqu’un bombardement visant l’EPMu Champagne Lorraine est simulé. C’est alors que débute l’exercice tactique dans ce lieu stratégique, premier centre de munitions d’Europe fournissant toutes les forces armées, où travaillent 280 personnels, militaires et civils. Parmi eux, une trentaine de militaires sélectionnés pour participer à l’exercice sont capturés, fond sonore à l’appui. Informés quelques minutes plus tôt de la nature de l’exercice, ces derniers sont encagoulés et menottés, avant d’être soumis à des interrogatoires menés par d’autres « joueurs », des militaires du PSIG. Les trente militaires de l’EPMu parviennent à échapper à la force adverse grâce au concours d’un contact partisan, puis à s’exfiltrer du bâtiment. Partis d’un point A, ils doivent traverser une zone hostile pour rallier un point B sans se faire intercepter par l’adversaire. S’engage alors une traque en zone libre, à travers champs et forêts, au départ de Petit-Mesnil. Divisés en dix trinômes et munis d’une première fraction de carte IGN, les militaires de l’EPMu devront faire étape à Lévigny, village situé à mi-parcours, où ils récupéreront une deuxième portion de carte auprès de contacts partisans, leur permettant de rejoindre le point d’arrivée, à Bar-sur-Aube. L’objectif pour les exfiltrés est d’échapper aux patrouilles de gendarmerie et de l’encadrement, mais également de réagir aux prises à partie de l’ennemi fictif.
En face, l’adversaire se déploie sur la zone du raid, délimitée en trois fuseaux. Une zone bleue, divisée en sous-secteurs, surveillée par les patrouilles de gendarmerie, soit un total de huit hommes, répartis dans quatre véhicules. Ces derniers ont pour rôle de renseigner l’encadrement du SIMu ainsi que le PSIG sur la situation en zone bleue, et de procéder, sur opportunité, à l’interpellation des exfiltrés, sans qu’il soit fait usage de leur arme. Deux zones rouges, sur lesquelles sont déployées les équipes dites de « contact-feu », constituées d’éléments encadrants du SIMu et de six gendarmes du PSIG. Leur mission : perturber la progression des hommes de l’EPMu.
Équipés de fusils Famas – les mêmes que ceux dont sont armés les exfiltrés – et de munitions à blanc, les membres de ce groupe tenteront de jalonner, puis de détruire « l’ennemi », au moyen d’embuscades.
Dotés de radios, les équipes et l’encadrement communiqueront entre eux tout au long de l’exercice, afin de coordonner leur action et opérer des redéploiements à mesure de la progression des exfiltrés.
Un hélicoptère EC135 de la SAG de Dijon-Longvic vient parachever ce dispositif. L’appareil, pourvu d’une caméra thermique, a pour rôle de compléter le renseignement des ressources au sol sur les axes de progression des trinômes de l’EPMu, et ainsi de faciliter leur interpellation. Il survolera la zone durant une heure, avec à son bord les deux membres de l’équipage, le capitaine Guillaume et le chef d’escadron Maxime Ladret.
Difficulté supplémentaire : un danger Nucléaire, radiologique, biologique et chimique (NRBC), intégré à l’ouest de la zone de progression, devra également être déjoué par les exfiltrés.

L'image d'un gendarme au téléphone au volant de son véhicule se reflète dans son rétroviseur
© DOUBLET Thomas

Immersion à bord du véhicule de patrouille « Bar-sur-Aube 1 »

Parmi les forces composant ce dispositif, le gendarme Maximilien prend place au volant du véhicule Skoda Kodiac. Il est rejoint par le gendarme adjoint volontaire Jorrys. Âgés respectivement de 27 et 19 ans, tous deux entament leur patrouille dans le cadre de l’exercice Bir-Hakeim. Affectés à la Brigade de proximité (B.P.) de Bar-sur-Aube, les jeunes militaires ont appris deux semaines plus tôt leur sélection pour participer à la mission. « C’est pour nous l’opportunité de nous exercer à la recherche de personne disparue, en travaillant le recueil d’informations, l’analyse, la coordination et la stratégie. S’agissant de faits exceptionnels, il est important de pouvoir appréhender cette thématique à travers des simulations de ce type », explique Jorrys.
Tout au long de la matinée, la patrouille, qui répond au nom de code « Bar-sur-Aube 1 », sillonne le secteur à l’affût du moindre mouvement. Les véhicules civils, potentiellement utilisés par les trinômes pour progresser, sont également scrutés, voire contrôlés. Le périmètre à couvrir est vaste, et peu connu des gendarmes. Néanmoins, « la topographie des lieux et la végétation guident nos recherches, précise Maximilien. Les exfiltrés devraient privilégier les quelques parcelles boisées que compte le secteur afin de progresser sans être vus. C’est pourquoi nous concentrons notre action sur certaines zones ciblées. » À intervalles réguliers, la radio émet des informations transmises par les partenaires de jeu. La liaison, parfois mauvaise, notamment depuis l’hélicoptère, oblige par moments à délaisser la radio au bénéfice du téléphone. Les informations recueillies sur la position supposée de l’adversaire permettent à Bar-sur-Aube 1 et aux autres patrouilles de se repositionner au plus près de la cible.
Il est 11 heures lorsque la voiture accélère soudainement, gyrophare allumé. Les deux gendarmes viennent de distinguer un mouvement à la lisière du bois longeant la route D18. C’est ainsi qu’ils interceptent la trentaine d’exfiltrés de l’EPMu, réorganisés en trois groupes, Golf 1, Golf 2 et Golf 3, progressant en section de combat. Première interception de la matinée, après trois heures de patrouille. Une grande satisfaction pour les deux militaires.
Conformément aux règles de l’exercice, Bar-sur-Aube 1 notifie l’interpellation par un coup de sifflet. Les trois groupes ont alors pour obligation de marquer l’arrêt et de présenter un carton d’interpellation, tandis que les gendarmes relèvent sur une fiche plusieurs informations : identités, horaire et lieu de l’interpellation. Après une pénalité de cinq minutes, la trentaine d’interpellés reprend sa progression. La patrouille, quant à elle, poursuivra sa route, non sans espérer intercepter une nouvelle fois l’adversaire avant le coup de sifflet final. L’exercice prendra fin en début d’après-midi par un débriefing avec le commandement.

A la lisière d'une forêt, un gendarme remplit une fiche en prenant appui sur sa cuisse, face à trois militaires de l'armée de Terre
© DOUBLET Thomas

Une coopération fructueuse

À l’heure du bilan, tous sont unanimes. Cet exercice grandeur nature a permis à chaque partie prenante de partager son expertise et de déployer ses capacités d’action, en coordination avec des forces tierces.
« L’exercice a été l’occasion de nous familiariser avec le fonctionnement de la gendarmerie, avec laquelle nous sommes en interaction permanente, estime Sarah, capitaine de l’armée de Terre. La dimension interarmées est un axe fondamental, que nous devons continuer à développer. C’est du gagnant-gagnant ! »
Pour le capitaine Guillaume, « outre la réaffirmation et la revalidation de savoirs opérationnels, qui constituent des points essentiels dans le cadre de l’entraînement à la haute intensité, l’exercice Bir-Hakeim a permis de mettre en évidence nos complémentarités. La gendarmerie dispose d’une connaissance fine du territoire, et l’armée de Terre d’une solide expertise tactique. La mise en place de synergies est d’autant plus importante que gendarmerie et armée de Terre sont amenées à intervenir conjointement, notamment dans le cadre d’opérations extérieures. »
Sur le plan opérationnel, le retour d’expérience a permis de dresser un bilan positif de l’opération, après analyse des différents points : dimensionnement de la zone de recherche, communication, orientation, coordination, adaptabilité face aux contraintes, apport de l’hélicoptère et de la caméra thermique, facteurs topographiques… Quelques axes d’amélioration ont pu être dégagés, qui feront prochainement l’objet d’un plan de formation spécifique.
Enfin, l’opération fut également l’occasion pour les deux forces armées d’une communication à destination de la population locale, en lien avec leur politique de rayonnement et de recrutement, un enjeu de premier plan pour chacune.

 

  • Un gendarme couché au sol dans l'herbe, armé d'un fusil, en train de viser. A ses côtés, un militaire de l'armée de terre accroupi désigne une cible.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme et un militaire de l'armée de terre, tous deux en tenue, accroupis côte à côte sur une bâche disposée dans l'herbe, regardent une carte. Le militaire de l'armée de terre désigne du doigt un point sur la carte. Devant lui est posé son fusil.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme dans son véhicule de service, girophare allumé, assis derrière le volant, manipule sa radio.
    © DOUBLET Thomas
  • Deux militaires de l'armée de terre, armés chacun d'un fusil, sont debout sur la route  à la lisière d'une forêt. Ils échangent avec un gendarme que l'on voit ici de dos.
    © DOUBLET Thomas
  • Trois militaires de l'armée de terre, postés côte à côte devant leur véhicule, regardent dans la même direction avec leurs jumelles
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme et un militaire de l'armée de terre, accoudés au toit d'un véhicule de gendarmerie, regardent un point dans la même direction. Le gendarme désigne un point du doigt, tandis que le militaire de l'armée de terre tient ses jumelles à la main. Au-dessus d'eux, on aperçoit le ciel bleu.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme debout entouré d'autres gendarmes et de militaires de l'armée de Terre s'exprime devant tous. Ils sont dehors, entourés de véhicules. derrière eux, on aperçoit un champ. Le ciel est bleu.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme couché au sol dans l'herbe, armé d'un fusil, en train de viser. A ses côtés, un militaire de l'armée de terre accroupi désigne une cible.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme et un militaire de l'armée de terre, tous deux en tenue, accroupis côte à côte sur une bâche disposée dans l'herbe, regardent une carte. Le militaire de l'armée de terre désigne du doigt un point sur la carte. Devant lui est posé son fusil.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme dans son véhicule de service, girophare allumé, assis derrière le volant, manipule sa radio.
    © DOUBLET Thomas
  • Deux militaires de l'armée de terre, armés chacun d'un fusil, sont debout sur la route  à la lisière d'une forêt. Ils échangent avec un gendarme que l'on voit ici de dos.
    © DOUBLET Thomas
  • Trois militaires de l'armée de terre, postés côte à côte devant leur véhicule, regardent dans la même direction avec leurs jumelles
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme et un militaire de l'armée de terre, accoudés au toit d'un véhicule de gendarmerie, regardent un point dans la même direction. Le gendarme désigne un point du doigt, tandis que le militaire de l'armée de terre tient ses jumelles à la main. Au-dessus d'eux, on aperçoit le ciel bleu.
    © DOUBLET Thomas
  • Un gendarme debout entouré d'autres gendarmes et de militaires de l'armée de Terre s'exprime devant tous. Ils sont dehors, entourés de véhicules. derrière eux, on aperçoit un champ. Le ciel est bleu.
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