Le gendarme Pierre-Marc et le brigadier-chef Nathan sont détachés à la Brigade de gestion des événements (BGE) dédiée à la Lutte contre l’immigration clandestine (LIC) de la Compagnie de gendarmerie départementale d’Écuires (Pas-de-Calais). Ils sont aujourd’hui dix gendarmes à armer ce dispositif, qui permet de lutter au quotidien contre les réseaux de passeurs, en utilisant des moyens spéciaux (drones, quads, etc.) et en se coordonnant avec les autres unités locales (Police nationale, Marine nationale, etc.).

Une lutte acharnée contre les taxi-boats

Il est 4 heures du matin, ce mercredi 23 août, lorsque le gendarme Pierre-Marc et le brigadier-chef Nathan débutent leur patrouille. Ils se dirigent immédiatement vers le fleuve de la Canche, où sévit le phénomène des taxi-boats. Ce stratagème consiste, pour les passeurs, à effectuer la mise à l’eau de l’embarcation dans une zone isolée, où les contrôles des forces de l’ordre sont moins fréquents. Ils naviguent ensuite jusqu’aux abords de la plage, où les migrants les attendent pour embarquer. Ces derniers doivent alors se jeter à l’eau et nager pour rejoindre l’embarcation restée au large. Le danger est donc encore plus important pour les migrants, déjà épuisés par le voyage effectué depuis leur pays de provenance, mais l’est beaucoup moins pour les passeurs, qui tentent ainsi d’échapper à l’action des forces de l’ordre.

Une heure après leur début de patrouille, les deux militaires de la gendarmerie repèrent une embarcation qui navigue sur la Canche. Ils la poursuivent alors en quad depuis le littoral. Arrivés à l’embouchure de l’estuaire, ils sont sollicités pour renforcer « des policiers positionnés en surveillance sur la commune de Le Portel, qui font face à une soixantaine de migrants très agressifs tentant de prendre la mer », explique le Préfet du Pas-de-Calais. Ils attendent en fait le taxi-boat repéré précédemment par les deux gendarmes.

Sauvées de la noyade in extremis

À l’approche des forces de l’ordre, les migrants qui attendaient sur la plage se jettent à l’eau pour rejoindre l’embarcation. Rapidement, les policiers et les gendarmes présents sur place repèrent une mère et sa fille qui éprouvent des difficultés à rejoindre le bateau pneumatique. Alourdies par leurs nombreux vêtements et par un sac qu’elles transportent avec elles, elles ne parviennent plus à respirer. Le gendarme Pierre-Marc et le brigadier-chef Nathan, ainsi que trois policiers, se précipitent alors à l’eau pour les secourir, alors que celles-ci dérivent dans l’eau et que leurs têtes n’émergent désormais plus.

Parvenant à les ramener jusqu’au rivage, ils leur prodiguent les gestes de premiers secours, avant de les porter jusqu’aux sapeurs-pompiers. D’origine érythréenne, la jeune fille de 8 ans est alors consciente, mais sa mère se trouve au stade 2 de la noyade. Toutes les deux sont transportées au centre hospitalier de Boulogne-sur-Mer. Les jours de la mère ne sont plus en danger.

L’action combinée des gendarmes et des policiers aura permis de les sauver d’une mort certaine.

Contacté à ce sujet, le gendarme Pierre-Marc, qui avait déjà effectué un sauvetage similaire en décembre 2022, dans des conditions particulièrement difficiles, confie se sentir partagé à l’issue de cette nouvelle intervention : « Je suis heureux d’avoir sauvé cette femme de la noyade, mais je sais que cette famille tentera de nouveau la traversée vers le Royaume-Uni au péril de sa vie. »