Coupe du Monde de rugby : les équipes cynophiles en action face au risque terroriste

  • Par Hélène THIN
  • Publié le 07 octobre 2023
Cyno Le Touquet vignette © BOULOT Nicolas.jpg

Le Maréchal des logis-chef Freddy, en compagnie de Packo, berger belge malinois

Reconnue pour son savoir-faire cynotechnique, la gendarmerie mobilise quotidiennement ses équipes cynophiles à l’appui de nombreuses missions opérationnelles. À l’occasion de la Coupe du Monde de rugby 2023, ces unités spécialisées ont une nouvelle fois fait la preuve de leur efficacité. Illustration au Touquet-Paris-plage, camp de base de l’équipe d’Angleterre, où Gendinfo a suivi l’une de ces équipes.

Ce samedi 2 septembre, plus de 1 500 personnes sont attendues au Palais des Congrès du Touquet, à l’occasion de la Welcome ceremony organisée par la ville en l’honneur de l’équipe de rugby d’Angleterre. Deux jours plus tôt, la sélection anglaise a pris ses quartiers dans cette paisible station balnéaire de la Côte d’Opale, camp de base de l’équipe durant la phase de poules.
Élus, personnalités locales, acteurs du monde sportif, Touquettois, journalistes, tous s’apprêtent ce jour-là à converger vers le Palais des Congrès, un bâtiment emblématique de la ville dessiné par le célèbre architecte Jean-Michel Wilmotte, afin de rencontrer et rendre hommage aux joueurs du XV de la rose. Tandis que la quiétude règne encore sur le site en ce tout début d’après-midi, les forces de sécurité intérieure déployées pour l’événement prennent possession des lieux.
C’est alors qu’entrent en action trois bergers belges malinois, accompagnés chacun de leur maître : Packo, affecté à l’équipe cynophile du Peloton de sûreté maritime et portuaire (PSMP) de Dunkerque (gendarmerie maritime), ainsi que Bella et Raïs, de la Police aux frontières (PAF) de Coquelles.
Spécialisées dans la détection d’explosifs, les trois équipes cynophiles ont été mobilisées pour sécuriser les lieux avant l’arrivée des invités, qui prendront place en milieu d’après-midi dans le grand auditorium de 1 200 places.

Coopération police – gendarmerie au service de la sécurité publique

Les trois binômes ont pour mission ce jour-là d’inspecter l’intérieur du Palais des Congrès ainsi que ses extérieurs, à la recherche de substances suspectes. Un périmètre précis est attribué à chaque malinois. L’intérieur du bâtiment pour Raïs. Les extérieurs pour Bella. Packo sera quant à lui chargé de l’exploration des gradins et des locaux techniques. Une tâche d’ampleur pour les équipes cynophiles au vu de la surface à couvrir. Formé et entraîné à rechercher et détecter tout type d’explosif en quantités infimes, et sur terrains variés, le chien sonde chaque recoin pouvant dissimuler une substance suspecte. À ses côtés, à l’affût de ses réactions, son maître le guide et le motive. En symbiose avec l’animal, il est capable de déceler le moindre signe d’alerte. Durant l’intervention, des substances sont dissimulées à divers endroits afin de stimuler l’animal. Lorsque le chien fait une découverte, il marque, désigne avec le nez l’emplacement du produit, puis s’assied ou se couche suivant son habitude. En présence d’une substance explosive, il obtient confirmation par un signal sonore émis par son maître au moyen d’un appareil de type cliqueur ou sifflet. Vient ensuite la récompense, sous forme de jeu - un coussin en tissu pour Bella et Raïs, une balle pour Packo - hors de la zone d’intervention potentiellement contaminée.
Dans le cadre de cette mission, une particularité : deux unités cynophiles, l’une de la gendarmerie, l’autre de la police, interviennent conjointement. Une coopération qui présente un double intérêt, comme l’explique le gardien de la paix François : « La collaboration police - gendarmerie sur ce type de mission est une première pour moi. Elle nous permet de confronter notre manière de travailler et de nous entraider. »
Un constat partagé par le Maréchal des logis-chef (MDC) Freddy, du PSMP de Dunkerque, qui ajoute : « Seule la couleur des véhicules diffère. Nous réalisons le même travail, tournés vers un objectif commun, celui de la meilleure sécurisation possible du lieu de la mission. Nous n’avons pas le droit à l’erreur en matière de lutte anti-terroriste, même si le risque zéro n’existe pas. C’est dans cet esprit que nous abordons chacune de nos missions. »
Une fois le repérage cynotechnique terminé, les chiens quittent les lieux. Entre alors en scène l’unité de déminage de la Sécurité civile. Ultime rempart avant l’ouverture des portes au public, ces professionnels procèdent à un contrôle visuel, venant compléter celui des équipes cynophiles. Ce sont eux également qui neutralisent les produits explosifs lorsqu’une détection est faite par le chien. Après le passage du déminage, la zone est considérée comme « décontaminée ». Un système de filtration est alors mis en place afin d’exercer un contrôle strict de toutes les entrées à l’intérieur du bâtiment.
Les équipes cynophiles, quant à elles, se tiennent en retrait, prêtes à intervenir à la moindre alerte durant tout l’événement. Elles quitteront le site une fois les derniers participants partis.

Un gendarme et son chien ansi que deux hommes de la police debout dans le hall d'accueil du Palais des congrès du Touquet
© BOULOT Nicolas

Un lien indéfectible

Comme tous les chiens affectés à une unité cynophile, Packo a été sélectionné pour son tempérament joueur. La recherche représente un jeu et un plaisir pour l’animal, ainsi que l’explique son maître, le MDC Freddy. Les chiens sont testés dès leur plus jeune âge sur divers traits de caractère : leur « fanatisme » au jeu, leur résilience, leur obéissance, leur faculté de familiarisation avec l’homme mais aussi avec leurs congénères canins.
Vive, intelligente, dévouée et docile, la race des bergers belges malinois est reconnue pour ses compétences, notamment en recherche d’explosifs. Solide et polyvalente, elle représente aujourd’hui environ 75 % du « cheptel » de la gendarmerie.
« Contrairement aux représentations collectives, le malinois ne présente aucune agressivité, dès lors qu’il est correctement éduqué. C’est l’une des raisons pour lesquelles cette race est aujourd’hui privilégiée en gendarmerie, le chien étant amené à intervenir dans des lieux publics », poursuit le militaire.
Packo et son maître ont été formés au Centre national d'instruction cynophile de la gendarmerie (CNIGG) de Gramat, dans le Lot. La filière est sélective. À l’entrée, épreuve physique éliminatoire et tests psychotechniques pour le maître, suivis d’une formation de trois mois. En amont de cette formation, le chien est éduqué par des dresseurs instructeurs, et entraîné sur différentes matières explosives. Dans cette spécialité, l’animal doit apprendre à marquer sans toucher le produit. C’est l’une des difficultés de l’apprentissage. À l’issue de cette période, le dresseur constitue les binômes chien / maître, en tenant compte des tempéraments respectifs de l’homme et de l’animal, de l’unité d’affectation et de l’environnement.
Maîtres et chiens sont ensuite présentés lors de la « cérémonie du mariage ». Une période de familiarisation de quinze jours permet alors à chaque binôme d’apprendre à se connaître et à explorer différentes situations de recherche. Une étape clé qui doit confirmer la compatibilité entre le maître et l’animal. « Dès l’instant où j’ai rencontré Packo, ce fut une évidence ! », se souvient le MDC Freddy.
C’est aussi un aboutissement pour ce quarantenaire, qui n’imagine pas finir sa carrière ailleurs qu’à l’unité cynophile : « Les places de maître de chien sont rares en gendarmerie maritime. L’attente est parfois longue. Ce poste est pour moi le métier rêvé. La relation avec l’animal, les conditions d’exercice en extérieur, la diversité des missions et la confiance que m’accorde l’Institution, sont autant d’éléments que j’apprécie. »
Tout au long de sa carrière, d’une durée approximative de huit ans, l’animal alternera séances d’entraînement et missions opérationnelles. « L’objectif est d’amener le chien à améliorer sa performance, à la fois en termes de finesse olfactive, de précision, de concentration et d’endurance. Pour cela, nous varions les exercices, à la recherche d’opportunités nouvelles. Entre bâtiments, wagons, navires, cortèges officiels, fouille de bagages, nous multiplions les sites et les conditions d’entraînement pour placer le chien dans des conditions inédites, sur des terrains d’exercice non encore explorés. »
Si le duo intervient principalement sur des missions de sûreté maritime et portuaire, il est aussi sollicité pour d’autres missions ponctuelles, de natures variées.
Au sein de ce binôme fusionnel, la confiance est totale. « Le flair de Packo ne m’a jamais trompé », reconnaît le maître de chien.
Devenu en quelques décennies un acteur incontournable au service de l’investigation en gendarmerie, le chien est extrêmement fiable en matière de recherche d’explosifs.

Qautre hommes de dos marchant dans une allée extérieure au milieu d'arbres. Parmi eux, un maître chien tient en laisse son malinois.
© BOULOT Nicolas

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