Coupe du Monde de rugby : les bleus de la gendarmerie aux côtés des Dragons Rouges

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 27 septembre 2023
Un militaire du GIGN sécurise le départ du bus de l'équipe du Pays de Galles.
© GEND/SIRPA/A.FAURE

Le Pays de Galles est l’une des dix équipes de la compétition accompagnées par un Team Security Liaison Officer (TSLO) de la gendarmerie, et l’une des sept à bénéficier d’une protection renforcée du GIGN ou du RAID. Reportage sur leur camp de base, à Versailles.

À 10 heures précises, ce mardi 19 septembre, les joueurs du Pays de Galles sortent de leur hôtel pour s’engouffrer dans le bus de l’équipe. Un Français les accompagne et s’assoit à l’avant, près du Team manager. Il ne s’agit pas d’un espion de la Fédération française de rugby, mais d’un officier de gendarmerie, le lieutenant Nelson Pajkic. Il est le Team security liaison officer (TSLO), chargé d’assurer l’interface, pour toutes les questions de sécurité, entre la sélection, les services du ministère de l’Intérieur et des Outre-mer et le comité d’organisation de la Coupe du Monde de rugby France 2023. Ils sont dix gendarmes à accompagner ainsi l’une des 20 sélections de la compétition, les dix autres TSLO étant des policiers.

 

Deux véhicules se placent devant et derrière le car avant le franchissement des grilles de l’hôtel. À leur bord, des militaires du Groupe d’intervention de la gendarmerie nationale (GIGN). « Nous sommes chargés d’assurer une protection renforcée de la sélection du Pays de Galles, l’une de celles considérées comme sensibles* au regard de l’évaluation de la menace », détaille le chef de détachement, le lieutenant Guillaume, de la Force sécurité protection (FSP) du GIGN. L’équipe est composée à la fois de membres de la FSP et de militaires chargés de la Protection de haute personnalité (PHP) venus d’antennes GIGN de métropole. « Nous sécurisons l'équipe sur son camp de base, mais aussi lors de chaque déplacement. Le GIGN assure également des réserves d'intervention pendant les matchs. Nous entretenons des liens étroits avec le staff, qui nous renseigne en permanence sur les activités des joueurs. L'anticipation et une bonne coordination inter-services sont nécessaires pour pallier les éventuels imprévus. »

Mais le lieutenant Guillaume insiste, filant la métaphore sportive : « Ce n’est pas un marquage à la culotte ! Le Team Manager veut laisser de la liberté à ses joueurs pour leur permettre d’évacuer la pression. Il faut savoir mettre le curseur au bon niveau sur l’échelle du risque, et être capable, à tout moment, de monter ce curseur si on passe d’une situation calme à une situation plus tendue. Mais nous avons l’habitude. »

  • Sécurisation de l'entraînement du Pays de Galles par un militaire du GIGN, de dos avec une oreillette.
    © GEND/SIRPA/A.FAURE
  • Deux véhicules du GIGN escortent le bus de l'équipe du Pays de Galles à son départ de l'hôtel.
    © GEND/SIRPA/A.FAURE
  • Le Team Liaison Security Officer (TSLO) de l'équipe du Pays de Galles, le lieutenant Nelson Pajkic, à droite, échange avec le chef du détachement du GIGN, à droite, de dos, devant le terrain d'entraînement.

    Le Team Liaison Security Officer (TSLO) de l'équipe du Pays de Galles, le lieutenant Nelson Pajkic, à droite, échange avec le chef du détachement du GIGN, le lieutenant Guillaume, à sa gauche, de dos.

    © GEND/SIRPA/A.FAURE
  • Sécurisation de l'entraînement du Pays de Galles par un militaire du GIGN, de dos avec une oreillette.
    © GEND/SIRPA/A.FAURE
  • Deux véhicules du GIGN escortent le bus de l'équipe du Pays de Galles à son départ de l'hôtel.
    © GEND/SIRPA/A.FAURE
  • Le Team Liaison Security Officer (TSLO) de l'équipe du Pays de Galles, le lieutenant Nelson Pajkic, à droite, échange avec le chef du détachement du GIGN, à droite, de dos, devant le terrain d'entraînement.

    Le Team Liaison Security Officer (TSLO) de l'équipe du Pays de Galles, le lieutenant Nelson Pajkic, à droite, échange avec le chef du détachement du GIGN, le lieutenant Guillaume, à sa gauche, de dos.

    © GEND/SIRPA/A.FAURE

Le bus de l’équipe arrive sur le lieu d’entraînement, sur les hauteurs de Versailles, « sanctuarisé et totalement hermétique, hormis pour certains entraînements ouverts au public », précise le lieutenant  Pajkic. Sur le terrain, ça ne plaisante pas. Le XV au poireau répète ses gammes, inlassablement. Touche, mêlée, lancement de jeu… Les corps transpirent l’effort, les visages la concentration. Il en va de même dans la salle de musculation, installée spécialement pour l’équipe à quelques yards du terrain. À cinq jours d’un match très important contre l’Australie**, la pression est montée d’un cran, sauf peut-être pour la star de l’équipe, Dan Biggar, qui du haut de ses 33 ans et de sa bonne centaine de sélections, en a vu d’autres. Il arrive sur le terrain et gratifie Nelson d’un geste de la main accompagnant un « salut, ça va ? », en français dans le texte.

Panneau indiquant l'entrée du Camp de base de l'équipe du Pays de Galles à Versailles avec le logo de l'équipe (un dragon rouge sur fond vert et blanc) et celui de la Coupe du Monde de rugby France 2023, accroché sur une grille derrière laquelle on devine un véhicule de gendarmerie.
© GEND/SIRPA/A.FAURE

Souplesse, réactivité, faculté d’adaptation

Dans les gradins, les membres du staff n’en perdent pas une miette, et rien n’est laissé au hasard. Chaque entraînement est filmé, et les combinaisons visionnées le soir même. Les Gallois utilisent pour cela un drone, seul appareil autorisé par les télépilotes de la police nationale à survoler cette zone, avec bien sûr ceux des Forces de sécurité intérieure (FSI). Ce matin, Nelson doit d’ailleurs gérer un léger problème technique avec les policiers et le droniste de l’équipe. Un bon exemple de la fonction de TSLO : être la porte d’entrée du Team manager pour toutes les questions liées à la sécurité.

« Il faut pouvoir répondre aux attentes de l’équipe, être présent tout en restant discret pour ne pas les gêner », résume-t-il. Souplesse, réactivité, faculté d’adaptation sont autant de qualités indispensables. « Mon rôle est de coordonner l’action de nombreux intervenants : les militaires du GIGN, les télépilotes et les cavaliers de la police nationale, qui surveillent les abords du terrain d’entraînement, mais aussi les policiers municipaux, qui sécurisent un axe en sens interdit pour faciliter l’accès au stade, les agents de la ville, qui contrôlent les entrées et vérifient les accréditations, ou encore les agents des sociétés de sécurité privée partenaires du comité d’organisation de la Coupe du Monde de rugby France 2023. C’est une grosse machine et ma mission est de fluidifier son fonctionnement. »

Le Team Liaison Security Officer (TSLO) de l'équipe du Pays de Galles, le lieutenant Nelson Pajkic, à gauche, échange avec deux télépilotes de la police nationale, au centre, et deux membres du staff du Pays de Galles, à droite, dont le droniste qui regarde un ordinateur.

Le Team Liaison Security Officer (TSLO) de l'équipe du Pays de Galles, le lieutenant Nelson Pajkic, à gauche, échange avec deux télépilotes de la police nationale et deux membres du staff du Pays de Galles dont le droniste.

© GEND/SIRPA/A.FAURE

Le TSLO et les militaires du GIGN accompagnent également l’équipe lors des matchs, comme ce fut le cas à Bordeaux contre les Fidji, puis à Nice contre le Portugal, et à nouveau ce dimanche 24 septembre à Lyon, contre l’Australie. Le lieutenant Nelson Pajkic se charge là aussi de coordonner la sécurité des déplacements, en lien notamment avec ses camarades de la Gendarmerie des transports aériens (GTA) et les policiers de la Police aux frontières. Sur les lieux des différentes rencontres, les Gallois occupent des camps de base temporaires, qui comprennent un hôtel, un gymnase, un terrain d’entraînement extérieur, une piscine et une salle de musculation, et qu’il faut également sécuriser. Lors de ces déplacements, des militaires du GIGN - les précurseurs - partent ainsi en avance pour contrôler la sécurité à l’arrivée, les autres restant avec l’équipe. C’est aussi le cas lors de chaque retour à Versailles.

Il est midi. L’entraînement du matin se termine. Les Dragons Rouges remontent dans le bus pour aller déjeuner à l’hôtel, toujours en compagnie du TSLO et des membres du GIGN. La mission des gendarmes a débuté le 3 septembre, à l’arrivée des Gallois sur le territoire français. Elle durera jusqu’à leur élimination... ou leur victoire en finale, le 28 octobre.

*Angleterre, Australie, Pays de Galles par le GIGN ; Irlande, Écosse, Nouvelle-Zélande, France par le RAID.

**Victoire des Gallois 40 à 6, avec à la clé la qualification pour les quarts de finale.

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