Chantier de l’A69 : une manœuvre d’envergure conduite dans le Tarn ce week-end

  • Par le commandant Céline Morin
  • Publié le 23 octobre 2023
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Près de 1 600 membres des forces de sécurité intérieure - essentiellement des gendarmes (mobiles, départementaux, réservistes et moyens spécialisés) - ont été mobilisés, les 21 et 22 octobre, dans le Tarn, afin de sécuriser le rassemblement organisé par des opposants au projet d’aménagement de l’autoroute A69 reliant Toulouse à Castres et protéger le site du chantier. Face à la violence de plusieurs centaines d’adversaires déterminés, leur action a permis d’empêcher l’installation d’une ZAD. Six membres des forces de l'ordre ont été blessés. Quatorze personnes ont été interpellées.

Au cours du week-end des 21 et 22 octobre, les forces de gendarmerie ont été fortement mobilisées dans le Tarn, où un rassemblement était organisé par les opposants au projet d'aménagement de l'autoroute A69 reliant Toulouse à Castres. Leur mission : assurer le bon déroulement de la manifestation, tout en garantissant l’ordre public, et empêcher l’installation d’une ZIO (Zone Illégalement Occupée), autrement dit une ZAD dans la terminologie adverse.

Un groupe d'une douzaine de gendarmes mobiles vus de dos, avançant sur une route de campagne bordée d'arbres. Devant eux, un nuage de fumée blanche.
© SIRPA-G - GND T. Chatain

Au plus fort des opérations, quelque 1 500 militaires ont ainsi été engagés, issus de douze escadrons de gendarmerie mobile (placés sous le commandement d’un Groupement opérationnel de maintien de l’ordre et de trois groupements tactiques de gendarmerie), du centre zonal des opérations de la région de gendarmerie PACA, du Groupement de gendarmerie départementale de Haute-Garonne (GGD31 – 200 militaires) et du GGD du Tarn (81 – 280 gendarmes d'active et 60 réservistes). Différents moyens spécialisés ont également été déployés, à l’instar des sections aériennes de gendarmerie (trois hélicoptères), des Véhicules blindés à roues de la gendarmerie (2 VBRG), des Dispositifs de retenue autonome du public (DRAP), des télépilotes de drones et d’unités de lutte anti-drone, des équipes cynophiles (3), d’un pool enquêteurs (section de recherches, section d’appui judiciaire...), ou encore d’une EMOG (Équipe médicale opérationnelle de la gendarmerie)…

Opérations de décrochage des « écureuils » et contrôle des flux

En amont du rassemblement annoncé, plusieurs opérations avaient été conduites au cours de la semaine, avec l’appui de la CNAMO (Cellule Nationale d’Appui à la MObilité), pour déloger plusieurs « écureuils » perchés dans les arbres, en différents points du site du chantier de l’A69.

Dès vendredi 20 octobre, les contrôles réalisés aux abords du point de convergence ont permis de saisir de nombreuses armes par destination : barres de fer, pioches, masques à gaz, boules de pétanque, couteaux, etc.

4 900 manifestants, dont 2 500 individus radicaux

Le lendemain, peu avant 13 heures, tandis que le cortège s’ébranlait, les autorités dénombraient quelque 4 900 manifestants sur le site, dont 2 500 individus radicaux, parmi lesquels des centaines vêtues de noir et encagoulées appartenant à la mouvance black bloc. Ces derniers se sont rapidement détachés du cortège principal pour suivre un autre itinéraire non autorisé, commettant des exactions sur leur parcours, s’en prenant notamment à une cimenterie et à des bâtiments et véhicules de travaux publics.

Au premier plan, des blocs de béton à droite et à gauche. Au second plan, une bétonnière en flammes surplombée d'un épais nuage de fumée noire.
© SIRPA-G - GND T. Chatain

Essuyant de nombreux tirs de projectiles et de mortier, les gendarmes sont parvenus à mettre un terme à ces dégradations et faire cesser la menace par une « une réponse proportionnée (...), sans donner lieu à une confrontation directe », a indiqué le préfet du Tarn en fin de journée dans un communiqué, condamnant « avec la plus grande fermeté ces violences ». Cinq personnes ont été interpellées au cours de la journée.

Une barricade faite de barrières métalliques, de panneaux routiers et de branchages au milieu d'une route de campagne. A droite et à gauche, sur le bas-côté, des gendarmes mobiles en progression.
© SIRPA-G - GND T. Chatain

Le calme est revenu en fin d’après-midi, tandis qu’une partie des manifestants regagnaient la ferme de la Crémade, avec l’intention affichée d’y installer une ZAD.

Un dispositif de sécurisation a été maintenu toute la nuit par les gendarmes.

Opération d’évacuation du site de la Crémade

Deux VBRG avancent de front, en quinconce, sur une route de campagne. A droite et à gauche, sur le bas-côté, des gendarmes mobiles sont en progression.
© SIRPA-G - GND T. Chatain

Ce dimanche 22 octobre, en début d’après-midi, dans le cadre d’une opération judiciaire pour introduction et maintien dans un local à l’aide de voie de fait, les gendarmes ont procédé à l’évacuation du site de la Crémade, illégalement occupé par plusieurs centaines d’individus déterminés. Malgré les très nombreuses barricades érigées autour du site et une opposition violente, la manœuvre dynamique et coordonnée mise en œuvre par les militaires, avec l’appui des VBRG, a permis de rapidement déloger les occupants, dont certains s’étaient juchés sur les toits ou dans les arbres. Des DRAP ont notamment été déployés par la suite afin d’éviter toute nouvelle occupation illégale.

Tandis qu’ils étaient repoussés dans les champs voisins, les manifestants ont continué à affronter les forces de l’ordre, les ciblant par de multiples jets de projectiles. Le calme est finalement revenu en fin d’après-midi, où seule une centaine de manifestants était encore comptabilisée sur l’ensemble du site.

À l’issue de cette seconde journée, au cours de laquelle neuf personnes ont de nouveau été interpellées, six membres des forces de l'ordre ont été légèrement blessés.

Au centre de la photo, deux gendarmes mobiles de dos sur le site (terrain vague) qui vient d'être évacué. A gauche, une charpente en bois chancelante et des tas de parpaings. Au milieu, des chaises et un drapeau rouge. En arrière-plan, à gauche, des tas de tôle ondulée et, à droite, des groupes de gendarmes mobiles en formation.
© SIRPA-G - GND T. Chatain

Un dispositif sera maintenu en place au cours des prochains jours pour tenir le terrain et éviter que les opposants ne reviennent s’y installer.

Adressant son soutien et des vœux de rétablissement aux quatre militaires blessés, le général d’armée Christian Rodriguez, directeur général de la gendarmerie nationale, a tenu à féliciter l’ensemble des personnels mobilisés, et ce à tous les échelons, pour « la grande réactivité, le professionnalisme et l’engagement » de chacun lors de « cette opération remarquablement menée », soulignant particulièrement « le sang-froid et la parfaite maîtrise de la force légitime » des militaires déployés en première ligne.

Le ministre de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin, ainsi que le préfet du Tarn, Michel Vilbois, ont également adressé leurs remerciements aux quelque « 1 600 gendarmes, policiers et pompiers » mobilisés tout au long du week-end.

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