PSPG : une sélection atomique (partie I)
- Par Pablo Agnan
- Publié le 31 mars 2021
Rejoindre une unité de contre-terrorisme protégeant les centrales nucléaires n’est pas donné à tout le monde. Pendant deux jours, Gendinfo a pu suivre 19 candidats aux PSPG, les pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie, durant un stage de sélection particulièrement éprouvant. Marche de nuit, formation au tir et situations de stress, découvrez le premier volet de la sélection impitoyable de ces futurs gendarmes d’élite qui protègent les cœurs nucléaires de la France.
À quelques mètres à peine des épaisses fumées blanches dégagées par les quatre tours de refroidissement de la centrale nucléaire de Cattenom, située tout au nord de la Moselle (57), une vingtaine d’hommes en treillis, vêtus de chasubles orange, s’apprêtent à effectuer la course qui décidera de leur avenir. Plusieurs points communs réunissent ces 19 militaires : ils ont en moyenne 23 ans, sont tous gendarmes et candidats aux tests de sélection des PSPG, les pelotons spécialisés de protection de la gendarmerie.
Ces unités d’intervention, au nombre de 22 en France, sont le premier échelon de réponse de la chaîne du contre-terrorisme nucléaire de l’État. Répartis entre des centrales et autres installations nucléaires, ils sont chargés de protéger ces sites hautement sensibles et stratégiques*. Et pour intégrer ces unités spécifiques, il faut bien évidemment passer par une sélection atomique.
L’horloge indique 8 heures. Parqués devant un Irisbus, les 19 militaires sont au garde-à-vous. Ils vont, pendant deux jours, devoir donner le meilleur d’eux-mêmes. C’est ce que le capitaine Valentin, commandant adjoint du PSPG de Chooz, dans les Ardennes (08), leur fait comprendre. Et si l’information est mal passée, la première épreuve va donner le ton de ces prochaines 36 heures : une chevauchée de huit kilomètres avec onze kilos sur le dos.
« Aujourd’hui, il vaut mieux être candidat qu’instructeur »
Après un petit 1 500 mètres à réaliser en moins de neuf minutes, certains candidats montrent déjà quelques signes de souffrance. Mais pas le temps de se reposer. Cette petite mise en bouche a eu au moins le mérite de réchauffer les corps. Car autour du lac du Mirgenbach, bordé par plusieurs ouvrages de la mythique ligne Maginot, l’hiver est glacial : le thermomètre descend sous la barre des zéro degré et une légère bruine glaciale vient désagréablement fouetter le visage. Certains moniteurs jalouseraient presque les aspirants : « Aujourd’hui, il vaut mieux être candidat qu’instructeur », plaisante même l’un d’eux.
Au final, la promotion du 19 janvier 2021 s’en sort plutôt bien. Le premier franchit la ligne en seulement 39 minutes et 14 secondes. Il bat ainsi le record établi la semaine précédente par un autre candidat. Quant au dernier, il termine sa course sur les rotules, mais satisfait ; il a réussi à boucler le parcours en moins d’une heure. Un soulagement, car dans le cas contraire, ses chances d’intégrer un PSPG auraient été très fortement réduites.
Mais pour les postulants, toujours pas le temps de souffler. Il faut tout de suite enchaîner avec la deuxième épreuve. Après l’endurance, ils vont devoir montrer leurs muscles. Les tests n’ont débuté que depuis deux petites heures et déjà, certains candidats vont révéler leurs limites.
Pourtant, sur le papier, la séance « d'endurance musculaire », ainsi que la nomment les gendarmes, s’avère accessible. En pratique aussi, puisque les militaires sont réunis dans un garage, à l’abri de la pluie et du vent. Mais la course a déjà affecté certains organismes.
Il est demandé aux candidats de réaliser leur maximum, sans jamais passer sous la barre des dix tractions, 35 pompes et deux minutes de gainage. Alors que certains peinent à atteindre cet objectif, d’autres se surpassent et réussissent même l’exploit de battre leur record personnel. En revanche, pour tous, la pause déjeuner arrive à point nommé.
Un entretien d’embauche à 10 mètres de haut
Les conditions météorologiques de l’après-midi sont aussi capricieuses que dans la matinée, si ce n’est plus. Des rafales de 30 km/h transforment la bruine légère en un crachin piquant et glacé. Une difficulté supplémentaire, notamment pour l’épreuve, joliment baptisée, « d’aisance en hauteur ».
Il s’agit en réalité d’un entretien d’embauche classique, où les candidats doivent répondre aux questions posées par leurs potentiels futurs employeurs. Sauf que, petite particularité, les postulants ne sont pas assis sur une chaise face à un bureau mais debout sur une planche, placée à dix mètres au-dessus du vide.
« Le but de cette épreuve, c’est de détecter une forme d’appréhension du candidat vis-à-vis de la hauteur, décrypte le capitaine Valentin. S’il en a, ce n’est pas un problème, tant qu’il sait la gérer. Car une fois en unité, ils vont évoluer dans un environnement industriel gigantesque, sur plusieurs étages, à plusieurs dizaines de mètres de hauteur. »
Si les candidats sont assurés par un instructeur et un moniteur en franchissement opérationnel, le vent et la planche humide ne sont, quant à eux, pas là pour leur faciliter la vie. Les précepteurs ont d'ailleurs une attention toute particulière pour les aspirants les moins à l’aise, étonnamment peu nombreux aujourd’hui. Une décontraction à mettre, peut-être, sur le compte des affres liées à une autre affliction.
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