En kayak au fil de la Sorgue

  • Par Antoine Faure
  • Publié le 28 août 2020
© DICOM F. BALSAMO

Durant l’été, les gendarmes de la brigade territoriale autonome (BTA) de L’Isle-sur-Sorgue, dans le Vaucluse, renforcés par des réservistes et des gendarmes mobiles, patrouillent en canoë-kayak avec les policiers municipaux.

Le tumulte de la rivière se mêle aux rires des vacanciers et au chant des cigales, mezza voce aujourd’hui car la canicule est derrière nous. Les esquifs glissent sur les eaux transparentes. On en voit de toutes les couleurs. Des jaunes, des verts, des rouges, en fonction des loueurs. Et aussi des bleus, ceux de la police municipale de l’Isle-sur-Sorgue.

Les gendarmes et les policiers municipaux surveillent le passage des vacanciers en canoë.

Les gendarmes et les policiers municipaux surveillent le passage des vacanciers en canoë.

© DICOM F. BALSAMO

La décision de patrouiller en canoë-kayak sur la rivière a été prise en 2015 par la municipalité. « Au départ, c’est une demande des propriétaires des berges qui déploraient des accostages sauvages laissant de nombreux déchets, mais aussi des loueurs dont les embarcations essuyaient parfois des jets de cailloux », explique le brigadier-chef Frédéric Laffont, responsable de la patrouille kayak de la police municipale. Un garde-pêche de la Fédération de pêche, et parfois un agent de l’Office national de la biodiversité, participent à ces descentes. La gendarmerie nationale y était occasionnellement associée.

1200 personnes par jour

Depuis cet été, la gendarmerie est désormais présente lors de toutes les patrouilles, à raison de deux diurnes et deux nocturnes par semaine. Les kayakistes sont le plus souvent cinq : deux policiers municipaux, deux gendarmes de la brigade de L’Isle-sur-Sorgue et un garde pêche.

Aujourd’hui, ce sont trois gendarmes qui vont effectuer la descente, dont deux de l’Escadron de gendarmerie mobile 25/1 de Maisons-Alfort. « Les réservistes et les gendarmes mobiles du DSI (Détachement de surveillance et d'intervention) sont souvent mis à contribution, explique Steven, gendarme à la brigade territoriale autonome de L’Isle-sur-Sorgue, qui les accompagne. Ce sont des renforts très importants pendant la période estivale qui nous permettent de faire davantage de contrôles. »

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Il faut dire que, l’été, la descente de la Sorgue en canoë est une attraction touristique majeure :  1200 personnes par jour en moyenne et plus de 850 embarcations ! C’est particulièrement vrai cette année où, en raison de la crise sanitaire, de nombreux vacanciers qui partaient habituellement à l’étranger sont restés sur le territoire national. Autre élément à prendre en considération : la fermeture des piscines. Les rares plans d’eau du Vaucluse attirent les foules et la Sorgue, notamment au niveau du partage des eaux, où la rivière se sépare en deux bras, créant un bassin naturel, ne fait pas exception.

« Le problème c’est que les gens oublient parfois que la Sorgue est dangereuse, regrette Frédéric Laffont qui connaît la rivière comme sa poche de bermuda. Il y a des trous, des courants, sans compter les risques d’hydrocution avec une eau à 13° toute l’année. Et moins il y a d’eau, plus la rivière est rapide, comme c’est le cas en ce moment avec la sécheresse. »

Prévention...

La source de la Sorgue, l’une des exsurgences les plus importantes et les plus étudiées au monde, se trouve dans le village de Fontaine de Vaucluse. Elle résulte de l’émergence d’un immense réseau souterrain, provenant de l’infiltration des eaux de pluie et de la fonte des neiges sur les monts du Vaucluse, notamment le Ventoux. C’est là que commence la descente en canoë-kayak qui dure environ quatre heures. « Pour nous c’est un excellent moyen d’être présent là où les gens sont en nombre, et de pouvoir contrôler des endroits inaccessibles en voiture », explique Steven en pagayant.


Les nombreux kayaks pris en location ne posent pas réellement de problèmes, car les prestataires contrôlent eux mêmes les règles de sécurité, notamment le port du gilet de sauvetage. Ce sont plutôt  les berges qu’il faut avoir l’œil. Les gendarmes et les policiers municipaux s’arrêtent régulièrement afin de faire de la prévention sur les risques liés aux barbecues et à la problématique des déchets qui empoisonnent le cours d’eau et sa faune.

Certains poissons meurent parfois empoisonnés, probablement par les huiles solaires qui se diluent dans l'eau.

Certains poissons meurent parfois empoisonnés, probablement par les huiles solaires qui se diluent dans l'eau.

© DICOM F. BALSAMO

D’autres comportements font également l’objet d’une attention particulière, comme l’usage de stupéfiants et les nuisances sonores. Il faut enfin vérifier qu’il n’y pas d’embarcation gonflable, car leur utilisation est prohibée sur la rivière.

La descente se déroule sans incident notable, mais rien n’échappe à la patrouille. Là, ce sont des jeunes qui se jettent à l’eau dans une zone interdite à la baignade. Un peu plus en aval, d’autres sont invités à se déplacer car ils s’étaient installés sur un terrain privé.

...Et répression

Des effluves aisément reconnaissables parviennent alors jusqu’aux gendarmes. L’intervention sur la berge confirme le ressenti olfactif. Trois jeunes sont entrain de consommer du cannabis. Bien que visiblement contrariés, ils se montrent coopératifs. Contrôle d’identité, fouille des sacs et saisie des produits : 1 gramme de résine de cannabis et 4,5 grammes d’herbe. Les contrevenants devront se présenter le lendemain à la brigade et doivent aussitôt évacuer les lieux.

Saisie de stupéfiants sur les berges par les gendarmes de la brigade de L'Isle-sur-Sorgue.

Saisie de stupéfiants sur les berges par les gendarmes de la brigade de L'Isle-sur-Sorgue.

© DICOM F. BALSAMO

Insensible à toute cette agitation, la rivière poursuit son cours paisiblement jusqu’à L’Isle-sur-Sorgue, où elle se démultiplie en une multitude de canaux qui vont parcourir la ville, lui valant son surnom de « Venise Comtadine ». La navigation cesse et les pêcheurs à la mouche prennent le relais. 

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