« Je suis originaire de Bagnères », précise d’entrée le maréchal des logis-chef (MDC) Julien. Et c’est sur les terres de sa jeunesse qu’il est aujourd’hui gendarme, père de famille, mais aussi rugbyman. Ce sport est entré dans sa vie alors qu’il avait 14 ans, gravissant peu à peu les échelons jusqu’à intégrer la catégorie Reichel au Stado Tarbes-Pyrénées Rugby. Il aurait aimé « passer pro », mais à la suite d’une blessure, il revoit ses projets, entrant rapidement en école de gendarme adjoint volontaire fin 2009. Trois ans plus tard, admis comme sous-officier, il choisit l’escadron de gendarmerie mobile d’Ussel, avant d’être muté à celui de Tarbes au bout de 5 ans. Pendant toutes ces années, il continue de jouer. « Je revenais jouer au club de Bagnères lors de mes permissions, ou en cumulant des repos. Quand je suis devenu sous-officier, il y a 10 ans, j’ai intégré l’équipe de France gendarmerie, où j’évolue au poste de deuxième ligne. J’ai vraiment pu profiter du rugby militaire et même jouer avec le XV de la Défense », explique le militaire, aujourd’hui capitaine de l’équipe de France gendarmerie.

Marié à une gendarme et père de deux jeunes enfants, le MDC Julien est en poste à la brigade de Bagnères-de-Bigorre depuis 2020. Pour concilier les trois aspects de sa vie, il s’entraîne avec les Espoirs du club de Bagnères, après y avoir joué quelques années dans l’équipe de Fédérale 1. « J’essaie de faire un entraînement et un match par semaine dans mon club. Il faut garder un certain rythme, parce que les stages avec le XV gendarmerie sont assez soutenus [NDLR : en 2023, le XV a réalisé cinq stages]. Il faut arriver à bien jouer en dehors pour ne pas se blesser et maintenir le niveau », précise le gradé.

Le capitaine, un relais entre le staff et les joueurs

Comme dans toutes les autres équipes de ce sport, le capitaine, nommé il y a deux ans, assure le lien entre la direction de l’équipe et les joueurs. Il s’assure aussi de la bonne intégration des nouveaux rugbymen dans le creuset du XV gendarmerie. « Quand on a des nouveaux joueurs, je les accompagne dans la compréhension des tactiques, en touche, en mêlée… Je vais prendre un peu plus de temps avec eux pour leur expliquer, leur redétailler les choses avant ou après les entraînements, pour les préparer au mieux », ajoute le sportif, avec un accent qui fleure le sud-ouest.

D’un tempérament calme, il est entouré de deux autres joueurs expérimentés qui le soutiennent dans son capitanat et prennent son relais pour motiver les troupes et montrer l’exemple. « Je suis loin d’être seul, et c’est une fierté d’être capitaine, affirme-t-il.On le devient par choix du staff. Ils m’ont fait confiance, en tant qu’ancien de l’équipe qui a vu passer beaucoup de monde.J’avais déjà un peu le second rôle parmi les leaders de jeu avec le précédent capitaine, donc je continue sur cette lancée. »

Le rugby et la gendarmerie liés par des valeurs communes

Cohésion, sens de l’effort, respect de l’autre… la liste des valeurs que le MDC Julien retrouve à la fois dans son métier et autour du ballon ovale est non-exhaustive. « En gendarmerie, on n’est jamais seul sur une intervention, on assure la sécurité de l’autre. C’est la même chose sur le terrain », explique notre capitaine. Il en va de même pour l’entraînement en dehors des stages. Tout comme le gendarme continue à se qualifier tout au long de sa carrière, à se former, le rugbyman doit s’entraîner de son côté toute l’année pour être performant dans l’équipe. « On doit être consciencieux, réviser les techniques qu’on nous apprend. Une fois en stage, on n’a plus qu’à les mettre en place et on n’a pas besoin de repasser par les apprentissages initiaux. Ainsi, chacun apporte quelque chose à l’équipe », insiste-t-il.

Mais ce XV va encore plus loin, mettant à profit sa double identité envers les clubs qui le reçoivent : « Quand on fait un stage de rugby, en milieu de semaine on prend en charge l’école de rugby du club qui nous accueille. On met en place des petits ateliers, comme la mêlée (colonne d’assaut), les pénalités (stand de tir), l’arbitrage (police route), et on fait des rapprochements avec la gendarmerie. Tout le monde doit jouer le jeu pour que ça fonctionne ! Ça permet aux enfants de 5 à 12 ans de voir la gendarmerie autrement. Ils savent qu’on est gendarmes, mais là, ils nous voient en crampons. On leur fait passer des petits messages comme ça. On partage le goûter, on leur donne des petits goodies… C’est toujours un super moment ! »

Le mot du capitaine : on recrute !

« Tous les militaires de la gendarmerie sont les bienvenus, ne manque pas de déclarer le MDC Julien. On a un noyau dur et une quinzaine de nouveaux joueurs à chaque rassemblement qui sont testés et évalués par le staff. »

L’objectif de l’équipe : le titre de championne de France militaire 2024, après l’avoir été en 2018 et 2019 ! Le capitaine pourra alors prendre sa retraite et laisser la main sur une belle victoire. « Tant que je peux apporter quelque chose à l’équipe je reste, mais je vais laisser la place aux jeunes. Je veux finir sur une bonne note avec l’équipe de France gendarmerie, car c’est quand même dix ans de ma vie, dix ans d’investissement et de passion. On a de sacrés joueurs qui sont arrivés, on a une belle équipe, vraiment sympa, un beau mixe entre jeunes et anciens. Notre staff, avec Jean-Luc, a également fait un énorme travail pour nous trouver des sponsors, des stages et des rencontres intéressantes.Un vrai bonheur de profiter de cela en tant que gendarme ! J’ai fait des choses que des rugbymen professionnels ne feront jamais : une tournée en Afrique du Sud, une opposition contre le XV de France… » Ces mots sont dits avec ferveur et on sent que c’est une part importante de sa vie qu’il nous livre ici. Alors pour notre XV, souhaitons la victoire en 2024 !

Grand Chelem pour l’adjudant-chef Jean-Luc, intendant du XV de France

Recruté en 2020 par la Fédération française de rugby, et détaché...

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