Un gendarme au cœur de la coopération entre la France et les pays nordiques

  • Par le chef d'escadron Sophie Bernard
  • Publié le 21 septembre 2023
Le colonel Erwan Hénault en vareuse devant des immeubles sur un balcon.
Le colonel Erwan Hénault, Attaché de sécurité intérieure (ASI) à Stockholm.
© Ambassade de France en Suède

Le colonel Erwan Hénault a pris sa fonction d’Attaché de sécurité intérieure (ASI) à Stockholm, le 1er septembre dernier, à la suite de la création d’un Service de sécurité intérieure (SSI) au sein de l’ambassade de France en Suède. Un poste stratégique, d’autant que sa compétence s’étend au Danemark, à la Finlande et à la Norvège. À peine installé, l’officier évoque son parcours et les enjeux stratégiques que revêtent ses nouvelles missions.

Comment cette nouvelle affectation vient s’inscrire dans votre parcours professionnel ?

À première vue, j’ai un profil très généraliste, sans tropisme particulier pour l’international. J’ai commencé ma carrière à la tête d’un peloton de l’escadron de gendarmerie mobile de Pontivy (56). J’ai poursuivi en prenant le commandement de l’escadron départemental de sécurité routière des Côtes-d’Armor, avant d’élargir mes compétences à la sécurité publique générale, en tant que commandant de la compagnie de La Roche-sur-Yon (85). Après avoir intégré l’école de guerre en 2012, j’ai pu toucher du doigt notre action au-delà des frontières en rejoignant le commandement de la gendarmerie prévôtale, en tant que chef du bureau « planification emploi renseignement ». À l’issue, j’ai occupé des fonctions de R.H. et d’appui opérationnel en région Bretagne. À la même période, j’ai aussi eu l’opportunité de partir à Gao, au Mali, en tant que chef de détachement. Enfin, j’ai commandé le groupement de la Loire durant trois ans, avec sous mes ordres près de 600 militaires, couvrant 90 % de ce vaste territoire.

Un parcours déjà riche et un changement plus radical encore cet été, puisque vous avez quitté la Loire pour rejoindre la Scandinavie. Comment avez-vous abordé ce nouveau challenge ?

Après cette expérience à la tête d’un groupement, j’avais envie de changer complètement de domaine. J’ai listé différentes fonctions au sein de l’Institution, dont celle d’Attaché de sécurité intérieure (ASI), afin de repartir à l’étranger et de me confronter à d’autres réalités. Après avoir été reçu en entretien, mon profil a été retenu. J’avais déjà les Certificats militaires de langues (CML) 2 et 3 en anglais, mais j’ai dû encore me perfectionner dans la langue de Shakespeare. J’ai notamment assisté à un stage de prise de parole en public et à un autre de vocabulaire opérationnel, au Centre national de formation aux langues et à l’international de la gendarmerie (CNFLIG). À mon arrivée, j’ai également demandé à prendre des cours de suédois, afin de créer plus facilement un lien de confiance avec mes futurs interlocuteurs, bien qu’ils soient tous bilingues en anglais. Enfin, au-delà des considérations logistiques, comme le fait de louer une maison et de nous équiper moi et ma famille, j’ai beaucoup échangé avec d’autres ASI, notamment avec mon camarade, le colonel Cyril Cuvillier, qui est également parti d’une page blanche dans les pays baltes.

En parlant de page blanche, pourquoi la France a-t-elle fait le choix de créer ce SSI ?

La France avait déjà des SSI installés dans les pays avec lesquels elle possédait davantage de liens historiques. Très liés les uns aux autres, les pays nordiques sont plus tournés vers les pays anglo-saxons. Pour autant, nous avons plusieurs problématiques communes de sécurité déjà identifiées par le directeur général de la gendarmerie nationale lors de sa venue à Copenhague et à Stockholm, en juin 2023. D’abord, concernant la lutte contre la cybercriminalité, la France apparaît comme un partenaire sérieux et fiable. Nous nous sommes par ailleurs illustrés lors de l’affaire Encrochat, en permettant le démantèlement par la police suédoise de branches entières de réseaux criminels installés dans le pays et l’arrestation de plusieurs centaines de suspects. De même, s’agissant de l’ordre public, ces pays n’ont pas d’unités dédiées en la matière et sont preneurs de notre expertise, notamment après les émeutes qui ont récemment eu lieu en Suède. Ils observent également chez eux, depuis plusieurs années, une montée en puissance de la criminalité organisée, provoquant des règlements de compte et des fusillades. Sans préjudice aux relations opérationnelles déjà existantes au travers d’Interpol et d’Europol en particulier, la création de ce SSI favorisera encore davantage la coopération entre nos services d’enquête et permettra de démultiplier nos actions. En parallèle, le modèle scandinave, en matière de protection de l’environnement ou encore de contact avec la population et de police de proximité adapté aux grands espaces, s’avère très inspirant pour la France.

À la lumière de ces différents enjeux, en quoi vont consister vos missions concrètement ?

Avant tout, il s’agit de conseiller les ambassadeurs pour toutes les questions relevant des compétences du ministère de l’Intérieur, particulièrement en termes de sécurité. C’est également à moi que revient la tâche délicate d’animer et de coordonner la coopération entre ces quatre pays et la France. À cette fin, j’ai déjà prévu d’aller à la rencontre de mes différents interlocuteurs, afin de tisser des liens de confiance et de bâtir un réseau solide.À travers ces déplacements et ces échanges, qui devront déboucher assez vite sur un renforcement effectif de nos coopérations, je souhaite aussi en apprendre davantage sur leur culture, qui s’avère très différente de la nôtre, davantage tournée vers la qualité de vie et le compromis pour des relations pacifiées. Leurs politiques sociales sont d’ailleurs régulièrement citées en exemple et peuvent être une source d’inspiration dans nos modes de fonctionnement. Je devrais également servir de passerelle dans le cadre des événements sportifs internationaux organisés cette année dans notre pays, mais aussi pour les entreprises françaises dans le domaine de la sécurité intérieure. Enfin, je compte encore renforcer cette coopération en organisant des visites de délégations en France et en leur proposant des formations dans des domaines spécifiques.

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