Mission Harpie : entretien avec la capitaine Violette Chomienne, commandant l’EGM 13/5 de Sathonay-Camp

  • Par le capitaine Tristan Maysounave
  • Publié le 29 janvier 2024
La capitaine Chomienne devant la caserne de gendarmerie de Sathonay-Camp.
© GEND/GR/ADC.BOURDEAU

Du 29 janvier au 5 juin 2024, l’Escadron de gendarmerie mobile (EGM) 13/5 de Sathonay-Camp (Rhône) sera projeté en Guyane, dans le cadre de la mission Harpie de lutte contre l’orpaillage illégal. À quelques jours du départ, sa cheffe, la capitaine Violette Chomienne, évoque cette mission atypique et sa préparation qui l’est tout autant. Elle aborde également son parcours professionnel.

À tout juste 30 ans, la capitaine Violette Chomienne commande l’EGM 13/5 de Sathonay-Camp depuis juillet 2022. Du 15 au 19 janvier 2024, les militaires de l’unité ont suivi une semaine de préparation à la mission Harpie. Elle s’est conclue par un Parcours d’activité nautique (PAN) au camp militaire de La Valbonne (département de l’Ain).

 

Pouvez-vous nous présenter l’exercice effectué ce matin ?

Il s’agissait d’un exercice d’aisance aquatique visant à entraîner les militaires de l’unité à progresser dans l’eau, y compris avec leur équipement. C’est une situation à laquelle ils pourront être confrontés en Guyane, dans la mesure où ce territoire se caractérise par ses nombreux fleuves et rivières, à l’image du Maroni.

 

Quel a été l’état d’esprit de vos militaires au cours de la préparation ?

Ils ont fait preuve d’un très bel état d’esprit. Ils se sont tous impliqués dans cette préparation. Je pense qu’ils sont conscients que c’est une mission spécifique qui exige rusticité et résilience. Ils ont pris cet entraînement au sérieux pour être le plus prêt possible en vue de la mission.

 

Comment avez-vous organisé cette semaine ?

Le Commandement de la gendarmerie de la Guyane française (COMGENDGF) nous transmet des directives sur le contenu à aborder ainsi qu’un programme-type. On les adapte en fonction de nos contraintes, en tentant de se rapprocher de la réalité que nous aurons à affronter sur place.

 

Dans quelle mesure ce déplacement en Guyane diffère de ceux effectués jusqu’alors par votre escadron ?

« La mission Harpie est totalement atypique. Habituellement, lors de nos déplacements en outre mer, nous avons la tâche d’assurer des missions de DSI. En Guyane, nous allons nous retrouver en forêt, en mission interarmées de lutte contre l’orpaillage. Le type de mission, l’environnement auquel nous serons confrontés et les moyens d’action que nous utiliserons seront difficiles.

 

Comment rassurez-vous vos militaires à l’approche de cette mission ?

Certains d’entre-eux peuvent ressentir de l’appréhension face à l’inconnu. On va se retrouver en plein milieu de la forêt amazonienne, ce qui génère forcément de l’inquiétude face à un environnement qui paraît relativement hostile. Le partage d’expérience est fondamental, c’est pourquoi, dès le début de la préparation, j’ai fait recenser ceux qui avaient déjà effectué cette mission au cours de leur carrière, afin qu’ils conseillent leurs camarades et qu’ils soient leurs mentors. Des temps de parole leur sont laissés.

 

Avez-vous vous-même des appréhensions particulières ?

Il ne serait pas sain de ne pas avoir d’appréhensions. On a forcément des interrogations. Il y a toujours des imprévus sur une mission, mais je n’en ai pas plus que pour une autre mission.

 

Pourquoi avoir choisi de servir en gendarmerie ?

Je souhaitais me rendre utile à mon pays. Je ne suis pas issue d’une famille de militaires ou de gendarmes, donc ce n’est pas forcément une idée qui m’est venue naturellement, mais en échangeant avec des officiers de gendarmerie au cours de mon cursus, je me suis rendu compte que c’est un métier qui pouvait vraiment me plaire. Titulaire du master affaires publiques de Sciences Po Paris, j’ai intégré l’École des officiers de la gendarmerie nationale (EOGN) en 2017, après avoir réussi le concours d’entrée, et depuis je ne regrette pas d’avoir fait ce choix.

 

Pourquoi avoir rejoint la gendarmerie mobile ?

J’ai choisi la gendarmerie mobile parce que j’avais envie d’être au cœur de l’action. J’aime les déplacements et vivre au quotidien avec mes hommes. C’est l’expérience que j’ai connue à l’issue de ma formation initiale alors que je commandais le peloton d’intervention de Belley (département de l’Ain). J’ai vécu trois très belles années et j’avais envie de continuer dans cette subdivision d’arme, c’est pourquoi j’ai fait le choix de monter d’un cran en commandant un EGM. Les déplacements en outre mer constituent des missions passionnantes, mais en métropole on découvre également plein de choses, on va à des endroits où on ne serait jamais allé, on vit des missions passionnantes et variées. Il n’y a pas de routine.

 

Comment motivez-vous vos militaires au quotidien ?

J’essaie de leur exposer le sens de la mission, de leur expliquer qu’ils vont vivre une expérience qu’ils ne vivront peut être plus jamais dans leur vie, et qu’ils n’auraient pas pu vivre sans la gendarmerie mobile. Concernant la mission Harpie, au-delà de l’aventure humaine, j’essaie de leur faire comprendre qu’elle est essentielle à la protection des populations. En luttant contre l’orpaillage illégal, on lutte contre des bandes armées, des criminels, des gens qui détruisent l’environnement et polluent l’eau potable des habitants.

 

Quel conseil pourriez-vous donner à celui ou celle qui aspirerait à commander une unité de gendarmerie ?

Je l’inviterais à rester soi-même et à adapter son commandement à la personne qu’il ou qu’elle est.

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